Le dernier sondage IFOP / Fiducial pour I Télé et Sud Radio est clair : dans tous les cas de figure, François Hollande se voit terrassé dès le premier tour par le FN et l’UMP.
Ainsi, en cas de candidature Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen serait à 29%, Nicolas Sarkozy à 26% et François Hollande à 14% ; et, avec l’hypothèse Alain Juppé, ce dernier obtiendrait 28 %, et la présidente du FN 30 %, soit loin devant les 13 % du candidat PS. Plus intéressant encore, sans François Bayrou, le maire de Bordeaux obtiendrait 32 % des voix (à égalité avec Le Pen).
Interrogé sur ce sondage, Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, montre qu’il y a « Un vote de gauche de déception qui irait chez Alain Juppé (…) Un électeur de François Hollande sur cinq se reporterait sur lui ». Un comble pour l’ancien Premier ministre qui avait bloqué le pays en 1995 à cause de son thatchérisme !
Alain Juppé, l’enfant idéologique de Jacques Delors
L’ADN politique d’Alain Juppé, c’est la « Deuxième gauche », c’est le socialisme rocardien, c’est la social-démocratie qui n’a que le fédéralisme européen pour horizon.
Pour Jacques Chirac, Alain Juppé est « Le meilleur d’entre nous ». Ce « nous » renvoyait très certainement à ce RPR d’après Maastricht, déconfit, partagé entre les véritables gaullistes et l’UDF fédéraliste : Chirac, qui s’est depuis affirmé comme radical-socialiste entre 2002 et 2007, ne pouvait rendre meilleur hommage à son protégé qui, lui aussi, a tout oublié de l’histoire de la Droite.
L’ADN politique d’Alain Juppé, c’est la « Deuxième gauche », c’est le socialisme rocardien, c’est la social-démocratie qui n’a que le fédéralisme européen pour horizon. Tout comme François Hollande et Manuel Valls, Juppé vante les mérites de l’euro, se réfère à l’Allemagne et à sa casse sociale, n’a rien contre le multiculturalisme et continuera d’appliquer les directives européennes une fois élu.
C’est bien pour cela, parce qu’il est prisonnier du même corset idéologique, qu’il se couchera devant le MEDEF et obéira à toutes les revendications sociétales des associations subventionnées, qu’Alain Juppé semble être un larbin de Bruxelles comparable à n’importe quel cacique de Solferino, la « sagesse » en plus. Il se revendique du gaullisme, alors que sa seule volonté est de dissoudre l’Etat dans l’Union européenne, pour prolonger l’œuvre de destruction entamée par ses prédécesseurs. Le chauve n’est pas chauvin.
Marine Le Pen : fausse dynamique, vraie recomposition politique ?
Il est désormais acquis pour tout le monde que François Hollande est nul, alors par effet de contraste, n’importe qui paraît compétent et, surtout, n’importe qui a l’air de gauche face à lui et Emmanuel Macron. Cette parfaite collusion idéologique entre le PS et l’UMP accrédite de plus en plus le slogan « UMPS » que Marine Le Pen et Florian Philippot dégainent à l’envi sur les plateaux de télévision, et pousse à l’émergence du Front National comme seule force politique d’opposition, faute de mieux.
Les derniers résultats électoraux et les derniers sondages favorables au FN démontrent certes une indéniable percée dans l’opinion mais surtout une volonté de recomposer le paysage politique français. En effet, le Front national grandit en se nourrissant des cadavres de la gauche et de la droite (la souveraineté, le protectionnisme, le concept de nation, l’éducation et l’assimilation républicaine), il est en cela bien plus un baromètre qu’un véritable parti qui fédère autour d’un socle d’idées bien défini.
Le score du FN n’est pas une « montée de l’extrême-droite » mais plutôt une volonté de plus en plus prégnante dans la société de recomposer le paysage politique français pour qu’un véritable clivage idéologique renaisse, entre les mondialistes et les « patriotes-colbertistes », orphelins de la fusion que Jean-Pierre Chevènement et Philippe Séguin n’ont pas su faire après la tragédie de Maastricht.
Alain Juppé, candidat de « l’UMPS » jusqu’à la caricature, n’est qu’un leurre. Et, avec la défaite prévisible de Nicolas Sarkozy sans Patrick Buisson, rien n’est encore acquis pour 2017.