Ils sont morts en martyrs, les armes à la main, leurs tripes à l’air. Ils auront défendu leurs idéaux indéfendables jusqu’au bout d’une courte vie de haine, de sectarismes, de rancœurs, d’extrémismes et de frustrations.
C’est acquis, c’est certain : il s’en trouvera des milliers, dans les rangs d’Al-Qaïda, dans ceux de Daesh et dans nos frontières, membres d’organisations avérés ou tristes sympathisants solitaires, pour les célébrer. Des champions de l’islamisme, qu’il faut à tout prix distinguer de l’islam, qui seront déifiés et qui susciteront des vocations, considérant qu’il en existait déjà, avant le massacre de Charlie Hebdo, entraînés, lobotomisés et prêts eux aussi à tirer dans le tas au nom d’Allah.
La France est en souffrance, la France a peur
Elle a poussé un « ouf » de soulagement une fois ces deux frères exécutés, car un procès n’aurait servi à rien tant leurs motivations sont déjà connues, tant ils n’auront rien à nous dire et parce que c’est ainsi qu’ils finiront. Ils le savaient et voulaient mourir en héros, suivant leur définition bien à eux du terme.
Nos concitoyens savent cependant aussi que d’autres attentats d’envergure seront perpétrés sur son territoire. La confirmation ce matin des services secrets britanniques est tout sauf une surprise. Il faut s’y préparer.
Prendre conscience, sans pour autant verser dans le catastrophisme, une tentation néanmoins légitime, que le pays est pour partie « noyauté », que le Raid et le GIGN ne peuvent pas tout empêcher, surtout pas contenir la rage d’une partie de la jeunesse qui n’entend rien à la France, n’adhère pas à ses valeurs ni ne respecte son histoire.
Admettre que l’islamisme est présent dans nos frontières; depuis et pour longtemps. Admettre aussi que l’islam a engendré un monstre, pour des raisons profondes, d’ordre géopolitique et même civilisationnel, dont il est indécent de parler, politiquement correct, angélisme et censure obligent.
Charlie Hebdo : Les leçons à tirer
Reconnaître que cette sanglante épopée n’aurait peut-être pas eu lieu avec une justice plus intraitable, plus dissuasive, et des pouvoirs publics moins timorés et davantage connectés aux réalités de terrain. Des pouvoirs publics qui innocentent d’emblée la religion musulmane, cette autre immaculée conception, et qui ont, entre autres exemples, eu tort d’affaiblir Bachar el-Assad, inconscients que ses opposants étaient pour nombre d’entre eux des fous d’Allah. L’erreur de Kadhafi s’est reproduite et n’a toujours pas été comprise…
L’incroyable périple des frères Kouachi appelle un regain de fermeté et une unité nationale (sans le FN) qui ne dureront cependant pas. Bientôt, les illusions, la bienpensance, les antiennes intégrationnistes, les couplets sur la démocratie, sur les joies du vivre ensemble et la malhonnêteté intellectuelle reprendront leurs droits, dans un contexte de méfiance exacerbée et de violence latente qui ne présage rien de bon pour qui que ce soit.
On nous rappellera enfin, à moins que les événements ne s’en chargent à nouveau, ce triste rappel que l’Etat ne peut pas tout et que tous les djihadistes connus des services de police ne peuvent être « filochés » – et a fortiori incarcérés, expulsés ou déchus de leur nationalité. Il y a des apprentis, il y a des avertis. Ils sont nombreux, sans doute plus que ce que peut croire le quidam horrifié, mais qui se voile encore la face. Qui se voilera toujours la face.