share on:

Votre zigoto Rémi est de retour sur la terre d’ébène, un peu triste de partir, content de rentrer. La France est toujours dans son esprit.

Semaine du 6 au 12 septembre

Samedi

Dernier week-end à Paris. J’achète quelques paquets de Dragibus pour mon périple africain. Ces derniers m’ont terriblement manqué les quatre premiers mois.

Les nouvelles de mon pays ne sont pas bonnes. J’atterrissais, le gouvernement démissionnait. Je repars et Valérie veut se venger. Tout cela me rend triste, et je pars le cœur lourd. Ce n’est même pas de la haine, juste une sorte de mélancolie à l’endroit de la médiocrité éthique des gens de pouvoir.

Je fais un dernier détour par le Jardin du Luxembourg, m’assoie sur l’une de ces chaises longues en métal verdâtre, avec devant moi le Sénat, un lieu de pouvoir vide de tout pouvoir. Un comble.

Je pars, nostalgique d’un pays, mais surtout d’une époque que je n’ai pas connue.

Dimanche

Je fais ma valise. Celle-ci est pleine à craquer. Car j’ai beaucoup promis, et je dois maintenant m’exécuter. Un panachage de produits achetés en France tapissent mon paletot : du confit de canard, Nutella, produits de beauté, vêtements, etc. J’ai rempli ma mission. Je ferai des heureux.

Lundi

Il est à présent temps de partir. Très matinal, en bon Français, je décide de prendre le RER B pour me rendre à l’aéroport. Bizarrement, le trajet se passe sans encombre. Hallucinant.

Lorsque j’arrive à Charles de Gaulle, baigné par un soleil généreux, je croise une veille connaissance. L’ami d’un ami. Vous savez, le genre de personne que vous ne voyez pas souvent, mais lorsque vous lui adressez la parole, après plusieurs années, ça vous rend heureux. La certitude de passer un agréable moment. Ce dernier travaille au sein de la police de l’aéroport et me guide jusqu’à l’enregistrement, tout en discutant.

L’homme est le dernier Français avec lequel j’ai une véritable discussion avant de quitter le territoire. On aurait plus tombé plus mal.

Arrivé à l’enregistrement, la classique altercation sur le poids de mon bagage se fait jour. On me dit d’acheter une autre valise et de transvaser le reste. Je réponds par un éclat de rire, et j’attends. L’homme panique à la vision d’une pièce trop lourde, et appelle Kenya Airways. Il me dit qu’  « exceptionnellement », il la mettra en soute, mais que cela ne doit pas se reproduire. J’acquiesce. La valise, un peu surchargée, fait son chemin sur le tapis roulant avant de disparaître dans les méandres de la logistique aéroportuaire. Je me sens plus léger.

Le soir, vers 20h00, j’atterris à Nairobi, après un vol d’une très grande qualité : un 787 flambant neuf, aux deux tiers vides. On aurait pu faire une soirée dansante, avec tant de place disponible. Non, les gens ont préféré s’affaler comme des éléphants de mer sur des rangées de sièges inoccupées, pour des siestes royales d’une durée moyenne de quatre heures. Quant à moi, je revois la dernière mouture de Captain America, toujours efficace, et Speed, avec un Keanu Reeves juvénile, plein d’énergie.

Sorti de l’aéroport, c’est comme si je n’étais jamais parti. Après avoir récupéré ma valise, je hèle un taxi qui semble surpris. Je négocie le prix en un temps record. 20 minutes plus tard, je suis rentré chez moi. Le déballage effectué, je mets un petit coup d’After pour m’endormir.

Mardi

Journée de travail sans grand chambardement. J’ai une série de rencontres avec les compatriotes, pour leur donner leurs victuailles franchouillardes. Je suis récompensé par des invitations à déjeuner. Le troc à l’Africaine marche à plein.

Par ailleurs, je rencontre un certain nombre de connaissances par hasard. Le monde de l’expatriation française est petit.

Mercredi

Comme à mon habitude, le réveil s’accompagne toujours d’une salve d’info sur le net. J’apprends en France l’existence d’une maladie saugrenue par la bouche d’un politique, un classique : la phobie administrative.

Il est toujours salutaire de vivre dans un pays qui ne soucie pas trop de la France. Certes. Mais la tristesse de voir son pays, la France, devenir la risée du monde, avec un président victime de ses escapades, des ministres incompétents et clientélistes – une constante plutôt rassurante – aussi devenus depuis quelques années sans aura, incapables de susciter le respect lié à la fonction, est difficilement supportable.

Je me change les idées avec un rendez-vous client. La gouaille de l’homme kényan me divertit, la convivialité fait le reste. Au sortir de l’entrevue, je croise quelques phacochères.

Jeudi

Journée de travail.

Vendredi

Le soir, j’organise un dîner avec les Français disponibles. C’est l’occasion de raconter mon périple parisien. Je me rends compte que j’insiste surtout sur les inconvénients de cette vie : le fossé entre la cherté et la qualité de vie, le caractère parfois oppressant du métro, la rudesse de certains passants.

Un collègue provincial, extrêmement agréable au demeurant, me lance : « et Bordeaux alors ? ».

Je lui réponds que je réfléchirai à sa proposition.

Rémi Loriov

mm

Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

Laisser un message