Partagez sur "Chroniques Kényanes ou l’Odyssée d’un Noir en Afrique – Vol. 22"
Semaine sainte pour Rémi.
Semaine du 24 au 28 novembre
Lundi
Nous nous rendons à un rendez-vous de travail chez un client potentiel. On appelle cela du « business development », se présenter de manière formelle pour déclarer notre compétence et notre volonté de travailler avec le client donné. Un exercice que j’apprécie : on serre des mains, on met les gens à l’aise. Sourire obligatoire. Dans cette configuration, je joue le rôle du mec sympa et cultivé qui discute de tout et de rien. La discussion pendant le déjeuner tourne autour des manières de gagner de l’argent au Kenya. Je fais la remarque que les « riches » Kényans investissent dans l’immobilier, d’après ce que j’ai pu observer.
Mardi
Nous avons besoin de livrer un document important dans le centre-ville. Un collègue appelle ainsi notre coursier, qui est aussi prêtre. Mais celui-ci semble injoignable, et la limite de dépôt du dit document approche dangereusement ; que faire ? Lorsqu’il arrive enfin, je déclare qu’il est « notre sauveur », au sens figuré, bien évidemment. Il semble affecté par cette déclaration, « on ne prononce pas le nom du Seigneur en vain », me répond-il.
Mercredi
Un soir au bar avec des collègues, des jeunes filles sont apprêtées et des hommes leur payent des verres. Comme à notre habitude, nous conjecturons sur la nature de la relation entre ces individus. Est-ce une relation tarifée classique, ou une simple affaire de gentleman voulant offrir un verre à des jeunes femmes, somme toute très jolies ?
Lorsque nous voyons du balcon les trois personnes rentrer dans un taxi, nous avons chacun nos conclusions.
Jeudi
Barbecue d’expatriés. On sent l’esprit d’aventure de ces gens, la volonté d’explorer les cultures dans le confort d’un gros 4×4. Le Français n’échappe pas à cette description. Ainsi, on aime « expérimenter », partir à l’aventure, mais surtout rentrer dans son appartement luxueux tout confort avec un loyer équivalent à 30 fois le salaire moyen (10 000 shillings mensuels). Ça parle safari, femmes de ménage, chauffeurs et grosses voitures. On est dans l’art abstrait lorsqu’il s’agit d’avoir de l’empathie pour le Kenya, les Kényans. On vit dans le pays, sans en faire partie, même de la plus anecdotique des manières.
Mal à l’aise, je m’en vais après quelques bières, je n’ai rien à faire ici.
Vendredi
Rien à signaler. J’ai mangé du poisson.