share on:

Cette semaine, Rémi se fait draguer par un lézard et une Kényane. Il ne sait plus où donner de la tête.

Semaine du 4 au 8 août

Lundi

On a enfin trouvé un appart pour un collègue. Le propriétaire nous envoie son obligé. L’homme à tout faire de la bande. Un jeune garçon plein d’entrain, physiquement, entre Arnold et Willy, la gouaille d’Arnold en plus. Un vrai moulin à paroles, et lorsqu’il me demande quelle équipe de foot je supporte, il ne me laisse même pas le temps de répondre. « PSG ! » (prononcé Pi-S-Gi), éructe-t-il avec enthousiasme. Je lui propose Lyon. Car il faut de tout pour un faire un monde.

La Ligue 1 revient en France, et le Kényan est dans les starting-block. Merci le Qatar.

Mardi

Journée de travail sans encombre. Le soir venu, lorsque je rentre chez moi, j’allume la lumière et repère un lézard sur le mur de mon salon. La femme de ménage avait laissé une fenêtre ouverte. Il n’en fallait pas plus pour le reptile, blanc, presque translucide. Il reste immobile, croyant que je n’allais pas le remarquer. Peine perdu, je me mets en tête de le « remettre en liberté ». Une chasse au lézard s’engage, mais le bougre est vif, et ne me laisse pas le choix. Muni d’une marmite et d’une passoire, je fini par le capturer. J’ouvre la fenêtre et le balance dans la nature, il plane légèrement avant de retomber dans un massif de feuilles. Les bruissements minuscules m’indiquent qu’il est à présent dans son élément.

Je l’ai appelé Victor. Il est reparti en exil.

Mercredi

Aujourd’hui, je reçois enfin mon permis de travail. Le Graal pour tout étranger voulant travailler au Kenya. Il faut savoir que tout se passe avec un intermédiaire. C’est ce dernier qui fera toutes les démarches pour nous. Et nous ne sommes pas déçu. Christopher, une sorte de mélange entre De Niro et Isiah Whitlock Jr. (avis aux amateurs de The Wire). Un charisme grandiose. Quand il vous adresse la parole, vous écoutez, et lorsqu’il vous dit quelque chose, vous le faites.

Bref, quand la durée moyenne pour l’obtention du permis tourne autour de 6 mois, il n’aura fallu à Christopher que 10 jours pour parvenir à ses fins. De mon côté, le bureau d’immigration kényan ne m’a jamais vu.

Par conséquent, grâce au travail de Christopher, j’ai obtenu un document administratif primordial sans passer à l’immigration. Dingue.

Jeudi

Je déjeune dans un bar fréquenté par des Indiens. Ça discute Kabaddi. Ce patronyme exotique aiguise ma curiosité. Qu’est-ce que le Kabaddi ? Un plat ? Une fête religieuse ? Une ville ? Eh bien non. Un sport assez bizarre, une sorte de chat indien, où les poursuivants se tiennent la main pour attraper le concurrent adverse, tout en criant « kabaddi, kabaddi » Mais avec un peu de rugby en même temps.

En fait, les Indiens en question attendent la diffusion d’un match de « Kabaddi » qui va passer à la télévision.

Vendredi

Journée fournitures de bureau. J’ai trouvé un fournisseur sympa et pratiquant des prix qui le sont tout autant. Nous nous rendons dans leurs entrepôts. Des blocs-notes, post-it, stylos, critériums en pagaille : une sorte de caverne d’Ali Baba pour tout collégien, même si la rentrée scolaire n’est pas pour tout de suite.

J’ai droit aussi à un tour dans Nairobi dans la camionnette du livreur.

Dans le véhicule, une jeune femme, travaillant pour la société de fournitures, avec des cheveux trop bien coiffés pour être vrais, me fait du gringue. Avec la subtilité d’un éléphant, sans pour autant en posséder les proportions. C’est joli, en soi. L’exotisme de mes origines, ajouté à mon accent français qui ne se cache plus, font le reste.

Le Kényan boit beaucoup, la Kényane n’apprécie pas. Ainsi, elle recherche en priorité des étrangers pour concrétiser une histoire viable. Les Kényanes préfèrent ainsi s’enticher d’Européens, car selon elles, les Kényans ne pensent qu’à boire. Le matin, ou le soir, ça picole dans les chaumières.

Durant notre fugace discussion, je découvre aussi que les Kényanes s’attendent à ce que le courtisan paye absolument tout, du ticket de bus aux cadeaux hebdomadaires pour « entretenir » la flamme. Si elle semble disparaître en France, grâce à des femmes de plus en plus capables de faire sans hommes, la vénalité a encore de beaux jours devant elle au Kenya.

Rémi Loriov

mm

Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

Laisser un message