Le candidat fondateur du mouvement En Marche ! fascine. C’est un fait. Ses meetings sont plutôt réussis, même si nous attendons toujours l’ébauche d’un programme. Mais comme nous allons le voir, magie de la communication oblige : là n’est pas le plus important pour Macron.
Pour les uns, il est le candidat du renouveau, de la jeunesse. En dehors des partis. Pour les autres, c’est le représentant de l’oligarchie. Le rejeton de Rothschild et de Hollande. L’apôtre du capitalisme uberisé. Et tout le monde a raison. Macron est un symptôme plus qu’un symbole : sorte de Jacques Cheminade du MEDEF, il compense son manque de crédibilité par un sourire et un débit de parole qui laissent à penser que cette personne est habitée par une idée, un projet. Il parvient même à faire croire que le ralliement de Bayrou n’est pas le chant du cygne de sa campagne aussi creuse que ses tirades lues sur son prompteur 3D.
« La pensée politique d’Emmanuel Macron finira, tel Frédéric François, par son sourire cousu sur un coussin chez notre grand-tante, entouré de jolies paillettes ».
L’opinion, celle des sondages, qui n’est par conséquent absolument pas représentative de l’opinion réelle, ne voit qu’en lui le rebelle qui est passé par-dessus les barbelés de la Hollandie sans trop se trouer le pantalon, oubliant qu’il a été l’instigateur du programme économique du Président socialiste avec les résultats que nous connaissons depuis. Son passage à Bercy ne restera pas non plus dans les annales : la Macron-économie se sera hélas bornée à la libéralisation des autocars.
Ses multiples pasteurs envoûtés labourent le goudron du Quartier latin et du parvis de la Défense munis de leur affichette En Marche ! et forcent le respect, comme au final nous ressentons de la tendresse pour ces fans de chanteurs oubliés. La pensée politique d’Emmanuel Macron finira, tel Frédéric François, par son sourire cousu sur un coussin chez notre grand-tante, entouré de jolies paillettes entre deux licornes.
Nabilla Macron
Nicolas Sarkozy a été le candidat des journaux télévisés. Il a su, le premier, organiser ses déplacements et aiguiser ses artifices de communication pour être présent dans ceux de 13 heures et ceux de 20 heures. Il faisait l’évènement. En 2012, nous avons eu les candidats des chaînes d’information : le but était de trouver un déplacement thématique par jour pour truster l’antenne et créer un feuilleton qui s’achèvera en débat du soir arbitré par Audrey Pulvar. En 2017, Macron inaugure un nouvel ersatz de création médiatique : le candidat téléréalité.
« C’est l’effet Nabilla. Du bruit médiatique. Grossier. Tapageur ».
Nous avons dépassé le stade de la « peoplisation ». Nous en sommes au stade de la Nabillation de la politique française, qui dépasse le cadre de l’exhibition de la vie privée. Macron a compris que pour exister sur les réseaux sociaux et dans les médias, il fallait dire des choses. Et tant pis si c’est creux, vide, insensé. Il faut en dire. Tout le temps. Logique du buzz pour tenir l’antenne, faire parler et obtenir les suffrages à la fin de la semaine. La guerre d’Algérie ? Un crime contre l’humanité. Et tant pis si la colonisation mérite un débat nuancé : le tout est d’avoir dit une énormité pour être affiché dans le fil info de BFM TV. C’est l’effet Nabilla. Du bruit médiatique. Grossier. Tapageur. Son altercation à distance avec Christiane Taubira sur le mariage homosexuel ne sera que la rencontre impromptue du vide avec le néant.
Nous sommes encore au-delà de la société du spectacle analysée par Guy Debord. Emmanuel Macron est une hydre médiatico-politique dont la prétendue popularité ne repose que sur du vide, de la communication et des excès langagiers. A quand son passage dans le confessionnal ? De là à l’imaginer dans la piscine avec Brigitte, il y a tout de même un pas que nous ne franchirons pas.
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