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Après la destruction de la main jaune, œuvre d’art d’un rond-point de Châtellerault, Christophe Castaner a déclaré face à une Assemblée nationale encore sous le choc : « Quand on en vient à attaquer des œuvres d’art […] on oublie la liberté de création, et la liberté tout court. On l’a vu dans notre propre histoire. On a vu comment les talibans ont attaqué les bouddhas géants de Bamiyan en mars 2001. »

Un acte qui en effet bouleverse le pays entier et s’attaque à nos valeurs. Ils sont l’avant-garde de notre démocratie face à l’obscurantisme. Les ronds-points de France, malgré l’occupation des enragés en gilets jaunes, resteront la fierté de notre nation. Et malgré l’attentat contre ce carrefour giratoire de la Vienne, les Français ne baissent pas la tête et continuent à prendre leur voiture comme si de rien n’était. La vie doit continuer. Le terrorisme ne passera pas. Nos compatriotes continuent à y circuler avec fierté comme si le drame n’avait pas eu lieu. Dignes, ils continueront à en faire le tour pour défendre les valeurs de la république. Ces aménagements routiers qui permettent en périphérie de nos villes ici d’accéder à une station Total, là de se restaurer au Buffalo Grill, ou bien encore de déguster un Mac Donald avant d’aller faire ses courses chez Leclerc, maintiennent toujours ouvert le champ des possibles de nos destins.

Le drame culturel de Châtellerault

 Ces ronds-points sont les fiers symboles de la liberté héritée de nos ancêtres. Delacroix aujourd’hui prendrait probablement sa Liberté guidant le peuple au milieu de l’un d’eux et non pas dans une rue parisienne. Les nouveaux talibans jaunes peuvent bien occuper ces joyaux du génie civil français, les prendre en otages, les souiller et brûler leurs sculptures majestueuses, nous ne céderons pas. Ce sont des chefs-d’œuvre du patrimoine communal français, sans lesquels nos villes perdraient une part essentielle de leur identité. Le Moyen Âge superstitieux nous a légué ses cathédrales gothiques et ses obscurs châteaux, il est probable que nos descendants pourront admirer la supériorité de notre civilisation moderne dans ces ronds de bitume, écrins au génie d’artistes qui contribuent au sein de ces espaces à la supériorité de l’art français.

« On s’étonne d’ailleurs que Stéphane Bern, grand protecteur de notre patrimoine, n’ait pas encore pris position. »

Heureusement, notre ministre de l’Intérieur a pris la mesure du drame culturel qui s’est joué l’autre nuit à Châtellerault. Les bouddhas afghans malheureusement détruits au début des années 2000 avaient bouleversé la communauté internationale qui, nous l’espérons, réagira aussi avec la même vigueur aujourd’hui. Souhaitons que l’Unesco saura prendre la mesure de ce crime qu’a dénoncé avec autorité le premier flic de France. N’est-ce pas d’ailleurs le moment idéal pour enfin inscrire ces ronds-points au patrimoine mondial de notre planète, comme symboles de l’art de vivre français ? On s’étonne d’ailleurs que Stéphane Bern, grand protecteur de notre patrimoine, n’ait pas encore pris position. Les Châtelleraudais pleurent leur main jaune et la France les accompagne dans leur douleur. Cette destruction a fait tomber le voile sur l’extrémisme barbare des gilets jaunes, prêts à saccager cette superbe piéta routière pour faire entendre leur colère poujadiste. Nous ne céderons pas. Car je suis rond-point. Et la France entière, avec moi, est rond-point.

 

Benjamin Fayet

Benjamin Fayet

Historien de formation. Rédacteur en chef adjoint de PHILITT.

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