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Jean-Christian Petitfils publie une époustouflante biographie du Vert-Galant aux éditions Perrin. A travers ce livre, l’historien dresse le portrait d’un roi loin du cliché l’associant à l’opportunisme ou à la légèreté. Le souverain y apparaît comme l’homme d’un certain équilibre, peut-être une des dernières figures fédératrices de France.

Pour comprendre le XVIe siècle (voire le XVIIe), il faut très certainement remonter à Catherine de Médicis. Jean-Christian Petitfils note à ce propos : « Si Catherine de Médicis avait une qualité royale héritée de sa culture florentine, c’était bien son goût prononcé pour les arts, le faste, le décorum, les fêtes. De son expérience politique elle avait compris que la monarchie ne pouvait subsister en France, face aux Grands, à la puissance des corps sociaux et désormais aux divisions religieuses, que si elle s’exprimait à travers une liturgie du spectacle et une théâtralisation du pouvoir ». A travers ces lignes, l’essence de la monarchie française apparaît sous son jour le plus éclatant : la France, vieux pays de guerre civile et de divisions entre différentes puissances, est uni – presque artificiellement – par l’Etat et la figure du roi.

Petitfils le remarque très bien, en évoquant les guerres de religion : « C’était le pouvoir de l’Etat, la conception de la monarchie traditionnelle qui étaient en jeu, menacés de subversion par un groupe d’aventuriers et de fiers-à-bras ». Les conflits sont restitués avec précision, de même que les massacres et autres exécutions sous couvert de haine recuite. L’accession au trône de Henri IV symbolise ce besoin « français » d’unification, surtout après les troubles fratricides entre catholiques et réformés. Critiqué, voire vitupéré en raison de ses changements de foi successifs, il n’en a pas moins été un monarque aimé par ses sujets, y compris a posteriori : lire et relire, à cet égard, le chapitre sur « le mythe henricien ».

Après la lecture de cet ouvrage – déjà incontournable – nous ressentons combien Henri IV correspondait à un moment de l’Histoire. Il a été une figure d’harmonie et d’apaisement après un accès de « fièvre hexagonale » pour reprendre les termes de Michel Winock, même si les passions suscitées par le Vert-Galant ont aussi précipité son assassinat. Lire cette biographie, c’est aussi savourer la plume de Jean-Christian Petitfils ainsi que sa rigueur et son sens du détail sans commune mesure. C’est plonger dans une époque de divisions et de guerre civile larvée qui n’est pas sans faire écho, mutatis mutandis, à la nôtre.


Henri IV, Jean-Christian Petitfils, éditions Perrin, 843 p.

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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