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La visite de François Hollande chez Lucette n’en finit plus de défrayer la chronique. Cette rencontre orchestrée chez cette sympathique infirmière à la retraite qui a finalement révélé que l’Élysée avait tout préparé fait sourire à droite et grincer à gauche.

Un buzz réussi, c’est celui qui commence sur BFM TV, se poursuit sur le blog de Jean-Marc Morandini et finit analysé par Bruno Roger-Petit : le « Lucette Gate » se situe bien dans cette veine de la grande geste hollandienne et son terrible cortège sur lequel figurent Jérôme Cahuzac, Leonarda et Julie Gayet.

De l’hypocrisie des détracteurs

Il faut, depuis plusieurs mois, que le Président Hollande « renoue un contact avec le peuple », comme s’il avait déjà été noué un jour. Alors les brillants génies de son équipe de communication ont sûrement fait une réunion en buvant plein de cafés, faisant des schémas sur un joli paperboard pour convenir qu’il fallait une image du Monarque au milieu des gens, et que cela allait suffire pour penser que le reste de la population se sente en phase avec lui.

« Tiens, et si je passais voire cette chère Lucette?« 

C’est pourquoi les farouches détracteurs de Hollande tombent finalement dans le ridicule, car qui a pu penser une seule seconde que notre bon François s’est subitement dit, « Tiens, et si je passais voir cette chère Lucette? ». Bien sûr que c’était prévu, à la minute près. C’était calibré, et fort heureusement ! Il fallait offrir une belle image, et après tout c’est compréhensible.

Et chaque journaliste et chaque politique le sait pertinemment, parce que cela est la nouvelle marotte d’un pouvoir politique qui cherche à se rapprocher des citoyens par tous les moyens (bains de foule, confrontation avec des panels, visites des usines), alors qu’ils n’en ont jamais été aussi loin.C’est là tout le paradoxe d’une époque où chaque tentative de rapprochement ne fait qu’éloigner le politique d’un peuple, qui n’est plus dupe.

L’amour et le mépris

Cette manie de se photographier avec des commerçants sur les marchés ou même cette visite chez Lucette (qui n’a même plus le droit de prétendre à être appelée avec son nom de famille ?), illustre un gouffre abyssal entre les élus et les électeurs. Combler par l’image une fracture idéologique aussi béante relève sinon de la mauvaise foi, du moins de la naïveté.

C’est une attitude méprisante, hautaine, presque vexante. Je suis en haut, et je viens vous voir en bas.

En se mettant en scène chez le poissonnier ou à Rungis (le lieu phare pour faire peuple), nous avons la pénible impression que le politique daigne s’y déplacer. Chez les gueux. « Regardez comme je suis bon, je viens vivre votre quotidien que je ne connais pas ». C’est une attitude méprisante, hautaine, presque vexante. Je suis en haut, et je viens vous voir en bas.

Sans idée, la communication n’est rien. Et lorsque cette dernière symbolise un tel mépris – même involontaire – des gens, cela finit toujours par créer un effet boomerang que dix passages chez Jean-Jacques Bourdin ne sauraient empêcher.

Et si le secret était de proposer simplement des idées, de se taire et de laisser les gens réfléchir en conscience ? Et si la meilleure stratégie comm’ était l’absence de stratégie comm’ ? Alors par pitié, désertez les étalages des poissonniers, les zincs des cafés et les usines avec votre horde de caméras et de micros.

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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