Une minorité entière est exterminée en Irak, sous les yeux ébahis d’une humanité qui a pris tardivement conscience de l’exceptionnelle gravité de la situation.
Enfin, le sort épouvantable des chrétiens d’Orient massacrés par les djihadistes interpelle le monde occidental. Ce génocide – cette fois, le mot n’est pas trop fort -, il l’a trop longtemps occulté. La faute aux affrontements entre l’armée nationale ukrainienne et les séparatistes pro-russes, au crash dramatique du vol MH17 qui en a directement découlé, et bien sûr au conflit israélo-palestinien, objets d’un monopole médiatique lui aussi révoltant.
Enfin, la communauté internationale réagit. Enfin, Barack Obama (et la France avec lui), le même qui soutient les rebelles syriens, selon une logique qui n’est pas sans rappeler l’aide fournie aux islamistes en Afghanistan à la fin des années 1970, apporte un soutien armé et humanitaire aux Kurdes.
Ces derniers ont été littéralement broyés par les monstres de l’EIIL, lesquels bénéficient de l’appui d’anciens militaires de Saddam Hussein et ont instauré un califat lobotomisé dont on ignore les limites.
En pleine déliquescence, l’Irak paie-t-elle les conséquences de l’invasion de George W. Bush ? Sans doute, bien que l’essence des crimes qui sont perpétrés dans le nord du pays soit certainement beaucoup plus complexe.
L’heure n’est de toute façon pas à la recherche des responsables. Elle est à la traque sans relâche de ces fous d’Allah si longtemps sous-estimés, de ces terroristes que, pour paraphraser Vladimir Poutine, il faut « buter jusque dans les chiottes ». A l’éradication de ces barbares qui ne jurent que par leur interprétation de l’islam et parquent puis exécutent tout ce qui ne leur ressemble pas.
Le capharnaüm en Syrie continue
Le pape François a condamné. D’abord assez mollement, puis sévèrement. Les représentants des musulmans de France aussi s’insurgent désormais. Tous savent cependant que les jours des chrétiens et des Kurdes qui sont encore en vie sont certainement comptés. Que la menace islamiste, la sauvagerie, le chaos se propagent à vitesse grand V dans une région déjà embrasée.
Ce sang appelle le sang et l’artillerie lourde s’impose. D’autant que les djihadistes, qui contrôlent déjà en très grande partie l’est et une partie du nord de la Syrie, viennent de prendre huit localités de la province d’Alep en moins de 24 heures… aux rebelles islamistes.
De quoi ajouter au capharnaüm dans ce pays meurtri que Bachar el-Assad contrôle toujours.
« Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, était alliée aux rebelles aussi bien contre l’EIIL que contre les troupes du président Bachar al-Assad. Mais ces dernières semaines, Al-Nosra a commencé à combattre les rebelles, rendant encore plus complexe le conflit syrien », décrypte France 24. Et de poursuivre : « EIIL s’est attiré les foudres des rebelles syriens par ses violences contre les civils et les combattants rivaux et ses velléités hégémoniques, ce qui a déclenché une guerre sanglante entre les deux bords. »
Un éclairage bienvenu au regard de la méconnaissance du quidam occidental des volcaniques dossiers irakien et syrien, plus que jamais intrinsèquement liés, pour le pire. La communauté internationale paraît elle aussi mal informée et débordée, parce qu’elle a sous-estimé la puissance de mal, l’organisation et le pouvoir de nuisance extrême d’EIIL. Une vraie arme de destruction massive dont elle peut couper les têtes. Sous réserve qu’elle s’en donne enfin les moyens. Aux noms de la chrétienté et de la paix, c’est une obligation morale, une nécessité absolue.
Guillaume Duhamel