L’autre se couche, lui il relance. Il contre-attaque. Deux cartes. « Si corruption il y a, je rends l’argent ». 403 millions d’euros. Tapis. Bluffe-t-il ? A-t-il le jeu ? Une sacrée paire en tout cas ! Alors voilà, j’ai voulu amener plus de justice sur les terrains de football et dans les manifs, plus de rêve dans les salles de cinéma, plus de mordant au télé-crochet… Mais rien ne vaut la carrière « radicale » de cet homme. C’est décidé, je plaque tout pour devenir… Bernard Tapie.
Président de club de foot, député, ministre, acteur, chanteur, animateur télé, patron de presse, propriétaire de yachts, d’hôtels particuliers et gérant d’une fortune de plusieurs millions d’euros, il a même une marionnette aux Guignols… Je suis je suis je suis… Gardé à vue, jugé, condamné, emprisonné, fauché, réinséré, remboursé… Je suis je suis je suis… Le champion toutes catégories, Bernard Tapie. Bernard. Il gagne 9 points et fait les 4 à la suite sur n’importe quel sujet, n’importe quel personnage, n’importe quelle époque, n’importe quelle vie.
Je résume : j’achète et revends des sociétés en difficulté, je dirige une équipe de vélo à l’eau claire puis l’Olympique de Marseille à l’eau de source. Sous ma présidence, je fais venir Papin, Waddle, Boksic, Abedi Pelé… Je gagne le championnat et je deviens la première équipe française à remporter une coupe d’Europe de foot. Dans la foulée, j’ai même le droit de revivre l’Avare de Molière avec l’épisode de la cassette VA-OM. Je deviens homme politique, je fais créer le Ministère de la ville pour moi. Mitterrand me kiffe grave. Le FN me voue une haine sans nom. Je joue pour Lelouch, je chante avec Doc Gyneco, j’anime sur RMC, je foule les planches des théâtres parisiens, j’interprète le Commissaire Valence pour TF1… Ma fiche wikipedia est quatre fois plus longue que celle du nouveau pape.
Alors voilà, je veux devenir cet Asterix politique, ce Rocky de la chanson, ce Picsou des affaires, ce Spirou des médias… Je veux être cet homme, fils d’un ajusteur-fraiseur et d’une aide soignante, qui a commencé par vendre des télévisions. Je veux devenir ce Bernard des Bois qui a volé le Château de Bokassa, et qui pourrait aujourd’hui voler toutes les propriétés d’Omar Bongo. Que Justice soit faite !
DSK et Cahuzac n’ont qu’à prendre des cours
Quitte a faire scandale, autant qu’il soit le plus retentissant possible. L’affaire VA-OM a fait plus de bruit médiatique que la guerre du Golfe. Son arrivée à la prison de la Santé fut diffusée en direct au journal télévisé. Bernard, c’est dix mois de taule ferme, quartier de haute sécurité, sans remise de peine. C’est la mise en faillite totale, la descente en Ligue 2, la descente aux tréfonds de l’enfer… sans même une interview enregistrée sur BFM Télé, préparée par les ténors de la communication !
Voilà que Bernard, celui qui déteste son Nanard, revient en grâce. Adidas remboursé, il peut remettre les baskets et revenir aux affaires. En restructurant La Provence, il rebâtit un empire.
« Pourquoi acheter un journal quand on peut acheter des journalistes » aimait-il dire. C’est désormais chose faite. Avec Mazerolle, il va pouvoir naviguer sur les eaux méditerranéennes. Bien au chaud. Sous le soleil. Voilà 403 millions… Je vous les rends si l’arbitrage ne vous semble pas correct.
Je suis devenu Bernard Tapie et j’en ai deux énormes !
