Partagez sur "La très héroïque semaine de Thomas Guénolé sur RMC – Vol. 4"
Selon l’adage populaire, toutes les bonnes choses doivent avoir une fin : sauf les chroniques de Thomas Guénolé.
Ce ne devait qu’être un article pour revenir sur les interventions de Thomas Guénolé sur une semaine et tenter de lui répondre du mieux que nous pouvions, et puis c’est devenu une rencontre hebdomadaire avec nos si chers lecteurs, avides d’un éclairage sur les oracles de 7h21 du chauve le plus divin depuis Fabien Barthez. En trois semaines, ce dernier a résolu le problème du logement, du chômage, de la pauvreté, de la catastrophe écologique, s’est engagé contre le nucléaire, a sauvé le Népal et s’est même offert le luxe d’ébranler le mammouth européen. Qui dit mieux ? Lui-même. Thomas Guénolé est une gradation.
Lundi : Thomas se bat contre l’impôt
« même le clochard paie la TVA mais un foyer sur deux ne paie pas l’impôt sur le revenu »
Évoquer un sujet économique dès potron-minet, voilà un pari risqué pour notre starlette de l’Agora. Il choisit en effet d’aborder le thème de l’impôt sur le revenu, « même le clochard paie la TVA mais un foyer sur deux ne paie pas l’impôt sur le revenu » embraie-t-il, ne laissant pas même le temps à un Jean-Jacques Bourdin admiratif de finir son lancement. Thomas sort ensuite sa vieille calculatrice Texas Instrument qui dormait dans son cartable au milieu de ses anciens classeurs parfaitement tenus et déjà transférés dans les archives de la Bibliothèque Nationale de France pour égrener les différents chiffres. Et ensuite, ça balance : « La CSA, c’est un impôt sur le revenu, ça devait disparaître, comme la vignette ». Tremblez, conseillers de Bercy ! Thomas Guénolé pointe, démonstration à l’appui, l’iniquité de notre système pour enfin apporter sa solution : « l’impôt unique et universel sur le revenu, on mélange tout ». Les plus pauvres y seraient assujettis, « mais une portion symbolique, avec une vingtaine de tranches » avant d’avouer l’inspirateur de cette idée géniale : François Hollande. Un autre génial dégarni nous direz-vous. Sauf que ce dernier n’a pas tenu sa promesse électorale et Thomas ne peut s’empêcher de titiller notre Président à ce sujet. Parler d’impôt, c’est bien. Seulement, en recrutant tous les professeurs, surveillants et en offrant un revenu universel pour tous ainsi que Thomas des Bois le souhaitait il y a deux semaines, restera-t-il seulement assez d’argent dans les poches des Français pour financer ces somptueuses dépenses ?
Mardi : Thomas et la France all inclusive
Il est vrai que depuis la disparition de Mère Teresa, le monde manquait d’une figure bienveillante, accueillante et proche des plus démunis. Et c’est la France, à travers Thomas Guénolé, qui incarne ce don de soi pour autrui. Universellement. C’est pourquoi notre Saint Thomas 2015 (qui lui, ne voit que ce qu’il croit), propose en ce mardi matin d’offrir un logement à tous les sans-papiers, car cela reviendrait moins cher que l’hébergement d’urgence, car « ça nous coûte une blinde », précise-t-il d’ailleurs. S’ensuit un dialogue assez savoureux avec le maestro Jean-Jacques « Avec Thomas Guénolé il y a toujours une solution. – Et oui, ça reviendrait moins cher de construire des logements. – Non ? – Si ». Maisons préfabriquées, logement container, maisons collectives et partagées, en voilà du concret. Il ne manque plus qu’un moule à gaufres dans chaque habitat pour tous les pauvres du monde qui veulent venir en France et ce sera la fin de l’indigence. Seulement, ainsi que certains esprits chagrins pourraient lui rétorquer, l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile n’est pas qu’une question budgétaire. Il y a déjà des pauvres en France, qui croulent sous les crédits pour payer leur propre logement.
Il existe de surcroît une forme de « repli identitaire » (voir sa fabuleuse analyse sur « les différentes strates du vote FN) qui provoque chez un grand nombre de Français – forcément égoïstes, avares et xénophobes – un refus de voir débarquer des centaines de milliers de gens qui ne partagent pas avec eux la même culture ni le même héritage. Alors payer des impôts pour leur garantir un pavillon et une Renault Espace, il y a un pas qu’un grand nombre de citoyens n’oseraient franchir, n’en déplaise à notre idéaliste matinal.
Mercredi : Thomas des Bois rapatrie les capitaux
La tragédie, c’est la fin des frontières qui dérégule les flux humains comme financiers. C’est pourtant du concret.
Au menu de ce mercredi matin : l’évasion fiscale. C’est le retour de notre Thomas des Bois, celui qui prend aux riches pour redonner aux pauvres, tel que nous l’avions entraperçu lundi. Dans la ligne de mire de notre génial archer : Amazon, Google, Starbucks, bref, les grandes multinationales qui s’installent en Irlande ou au Luxembourg, « ça aggrave les injustices (…) ça créé une course à l’impôt le plus bas dans les pays ». « Il faut une harmonisation fiscale européenne », suggère-t-il (Jean-Claude Juncker en aurait craché son expresso par le nez), avant de faire la liste des mesures à prendre : protéger les lanceurs d’alertes fiscaux (jusqu’à les indemniser, « les payer pour balancer », comme durant les heures les plus sombres ?), sanctionner les banques, transparence sur les paradis fiscaux. Étant donné que l’Union Européenne préconise « la concurrence libre et non faussée » et par conséquent la liberté des hommes et des capitaux, rien n’empêcherait ces grands groupes de quitter notre bon vieux pays pour s’installer dans un autre s’il devient trop pointilleux. Enfin, cette analyse aurait pu être encore plus lumineuse si un parallèle avait été effectué avec l’évangile du mardi : le drame des migrants est comparable à celui de l’argent perdu de l’évasion fiscale. La tragédie, c’est la fin des frontières qui dérégule les flux humains comme financiers. C’est pourtant du concret. Thomas des Bois devrait remettre une flèche dans son carquois.
Jeudi : Thomas se lève contre l’esclavage
Spartacus Guénolé à Doha, encore enduit d’huile d’olive, haranguant les travailleurs népalais pour qu’ils se rallient à sa juste cause, voilà qui aurait de l’allure.
La filiation grecque de Thomas Guénolé n’est plus à prouver du point de vue philosophique : nous avions déjà vu comment sa rhétorique se rapproche de la maïeutique socratique, en ce qu’il parvient à faire en sorte que l’auditeur accouche de ses propres idées. Mais cette comparaison ne s’arrête pas là car jeudi nous avons découvert une autre facette, un autre héros qui sommeille en lui : Spartacus Guénolé, assis devant son micro avec son bouclier rond et son casque de gladiateur prêt à en découdre contre la corruption au Qatar. En France, nous n’avons peut-être pas de pétrole, mais nous avons Thomas Guénolé et ses premiers coups de glaive sont pour le régime qatari, pas assez moderne à ses yeux. « Pardon mais, y’a un problème », s’excuse-t-il devant la litanie de peines trop sévères à ses yeux. Et il dégaine ensuite le javelot : « Les esclaves sont la majeure partie des travailleurs étrangers au Qatar ». Parce que Thomas Guénolé, s’il prône la France all inclusive, il est également l’apôtre des droits de l’homme partout dans le monde. Le relativisme culturel et politique, très peu pour lui. Spartacus Guénolé à Doha, encore enduit d’huile d’olive, haranguant les travailleurs népalais pour qu’ils se rallient à sa juste cause, voilà qui aurait de l’allure. Osera-t-il critiquer la station de radio qui l’emploie car, elle, se rendra au Qatar sans vergogne pour commenter les matchs ?
Vendredi : Thomas organise un referendum
Thomas des Bois n’est donc pas seulement celui qui veut prendre aux riches pour redonner aux nécessiteux, il est avant tout celui qui veut redonner la parole au peuple.
Taquin, Thomas Guénolé débute sa chronique en demandant à un Jean-Jacques Bourdin hilare s’il souhaite l’épouser, comme pour mieux signifier le mariage forcé entre la France et l’Union Européenne depuis le « Non » à la constitution en 2005 et l’adoption du Traité de Lisbonne en 2007 par le Parlement. « Respections le choix des Français ! », s’exclame-t-il, avant d’analyser les différents votes des Français : le non à l’euro, à Maastricht ou à l’Union Européenne, « une polyphonie corse », métaphorise-t-il pour pimenter quelque peu son propos. Solution : organiser un referendum avec vingt questions, et l’électeur aurait à cocher oui ou non pour chaque idée. Révolutionnaire ! Espace Schengen, PAC, gouvernement fédéral, armée fédérale, droit social européen, tout y passerait ! Il ne manquerait plus qu’une ligne pour davantage de frites à la cantine et la France vivrait enfin en paix. Thomas des Bois n’est donc pas seulement celui qui veut prendre aux riches pour redonner aux nécessiteux, il est avant tout celui qui veut redonner la parole au peuple. Une question nous taraude malgré tout : a-t-il prévu l’ampleur du « Non » s’il soumettait son idée d’offrir des logements aux migrants ?
Ainsi s’achève donc le quatrième récit des aventures héroïques de Thomas des Bois. A peine avons-nous tourné le bouton de notre poste de radio que celui-ci est déjà à l’autre bout du globe sur son destrier, toujours en quête d’une injustice à combattre ou d’un combat à mener pour faire triompher, définitivement, les forces lumineuses du Concret.