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Ce dimanche 7 mai 2017, Emmanuel Macron a donc été élu avec 66% des voix face à Marine Le Pen, mettant ainsi à mal la présidente frontiste désireuse de faire vaciller l’ancien banquier. Des oppositions au jeune Président se font déjà entendre. Le grand saut nihiliste ne semble pas réjouir tous les Français.

Durant cet entre-deux-tours de cette campagne présidentielle, nous avons fait le choix de ne publier aucun article. Parce qu’aucun argument n’était audible. Parce qu’un parfum d’irrationnel flottait dans les journaux comme dans les réseaux sociaux. Nous étions en train de revivre la « quinzaine antifasciste » décrite par Philippe Muray en 2002 : « Le Pen donne à ces demi-soldes de l’Histoire l’impression de vivre puisqu’ils sont vigilants et en état d’alerte. Le Pen est le metteur en scène de leur désœuvrement. Et le justificateur de leurs malfaisances. Et le sanctificateur de leurs persécutions. Il leur permet d’aller de l’avant. Et de tétaniser autour d’eux les réticences éventuelles ». Les demi-soldes ont donc repris du service et ont permis à quelques anciennes gloires intellectuelles de parfaire leur vernis moral à bon compte. 

« Nous avons été sommés de choisir. Adieu Albert Camus ».

Nous n’avons pas pris position durant cette quinzaine parce que ces deux candidats ont illustré ce que nous dénonçons depuis maintenant quatre ans : l’émergence de deux pensées caricaturales en dehors desquelles il n’est plus possible de penser avec mesure. Nous avons été sommés de choisir. Adieu Albert Camus. Le triste débat d’entre-deux-tours a par conséquent été le point d’orgue de cette pathétique élection présidentielle, entre deux ébauches de pensée qui se confrontent et ne produisent que du bruit. 

Le rassemblement (forcément festif) devant le Louvre a caricaturé jusqu’à l’outrance cette génération Macron, dansante et chantante mais ignorante de la paupérisation de la ruralité comme de la grogne des ouvriers. Son discours devant la Pyramide, digne d’une reconstitution du Futuroscope, concentrait tous les poncifs de la post-modernité. Déjà élu. Déjà ringard. 

Un sophiste à l’Elysée 

Emmanuel Macron s’est avant tout affirmé comme le candidat du non-être. Ni de droite, ni de gauche. Niant l’existence d’une culture française. Rêvant d’une « nation de start up ». La vacuité de ses discours n’a reflété que son vide programmatique. Il a été le véritable hologramme de cette campagne : l’ancien protégé de François Hollande s’est transmué en agitateur médiatique d’accord avec chacun de ses interlocuteurs. Michel Onfray a d’ailleurs tout résumé en affirmant que ce candidat avait été promu comme un paquet de lessive. 

« Le vide remplacera le rien ».

Les électeurs mécontents sont nombreux. Les chiffres de l’abstention sont suffisamment éloquents et, à en croire les sondages, une partie des votants pour le candidat d’En Marche ! ne l’ont pas fait de gaieté de coeur. Après Hollande élu en 2012 surtout pour faire battre Sarkozy, Macron se trouve à son tour dans la posture du Président par défaut. « Vous êtes haï » lui a d’ores et déjà écrit François Ruffin

Un double nihilisme a donc été à l’oeuvre en 2017. Celui d’un candidat américanisé à l’extrême d’une part, et celui des électeurs d’autre part. En voulant se débarrasser des partis traditionnels, ils ont fini par élire l’incarnation même du système libéral et libertaire. Macron succédera à Hollande. Le vide remplacera le rien. Et tant pis pour la France. 

Liens

Muray, souvenir d’une quinzaine antifasciste (Causeur)

Le Pen / Macron : voter ou ne pas voter, telle est la question

Une défaite de Michéa à Zemmour

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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