Partagez sur "Lettre ouverte à Bernard-Henri Lévy : David contre Goliath… Chemise ouverte"
Si je m’exprime aujourd’hui, c’est en ma qualité de jeune citoyen, futur élément de ce tout qu’est la Nation Française. Et ce citoyen se lève, dans son désarroi, pour dénoncer ce qui est selon lui un gâchis de l’intelligence. Il ne sera point écouté certes, mais les cris résonnent parfois dans les montagnes de l’histoire. Et l’espoir est ici permis.
Cher Monsieur,
J’ai été très surpris par votre intervention à la télévision ukrainienne le 7 Août 2014 (à voir ici).
Aussi je me permets, très « modestement » (à votre image sans doute) de vous écrire la présente lettre ouverte, celle d’un étudiant de dix-neuf ans quelque peu interloqué par vos propos.
Vous commencez donc cette interview par une phrase choc comme vous savez si bien les formuler : « La révolution est finie mais pas la guerre ». Mais de quelle guerre parlez vous ? La guerre civile entre pro-Kiev et séparatistes ou celle qui aurait lieu entre l’Ukraine et un pays tiers ?
Vous apportez vous-même la réponse à votre propos : « L’Ukraine est victime d’une agression brutale ». Je ne puis croire de vous, tout brillant « nouveau philosophe » que vous êtes, issu de la prestigieuse École Normale Supérieure, que vous puissiez pratiquer à mauvais escient le pléonasme : Une agression est toujours brutale. J’ajoute à cela qu’étant à la télévision ukrainienne, il n’était pas nécessaire de pratiquer la langue populaire, en commettant des fautes de liaison qu’un homme de votre si haute stature ne ferait habituellement pas : Vous diriez, en France, (toujours très modestement) : « très Humblement », et « non Zumblement ». Lorsqu’on prétend être quelqu’un d’exceptionnel, il faut être irréprochable aux yeux de tous.
BHL ou le Narcisse démocratique
Vous voilà de plus l’apôtre d’un européisme lénifiant où l’Ukrainien devrait renier sa culture slave au profit d’une culture occidentale mythifiée, à laquelle de moins en moins de citoyens d’Europe croient.
Avec votre verbiage trop convenu pour être crédible, me sautent aux yeux d’immenses erreurs au sein du fatras émanant de votre bouche: la première étant votre prétention à parler au nom des peuples européens. Non, je ne pense pas fondamentalement que la majorité des peuples européens ait admiré ce qu’il s’est passé sur Maidan. Je n’ose penser que deux guerres mondiales n’aient pu éradiquer l’admiration que pouvait autrefois susciter la violence. En revanche, il est vrai que les peuples européens ont aujourd’hui une certaine admiration pour ceux qui ont le courage de dire leurs opinions. Qui ont le courage de parler, tant l’omerta se fait aujourd’hui ressentir.
Ainsi, vous vous prétendez « modestement représentatif de l’opinion publique européenne » (tous ces termes sont extraits de la liturgie de votre culte du Moi). Le Normalien que vous êtes aurait-il oublié les écrits de Bourdieu au sujet de l’opinion publique ? N’avez vous donc pas retenu votre leçon ? Auriez vous oublié que tous les avis ne se valent pas quand on ne maîtrise pas tous les tenants d’un sujet ? Je n’ose le penser.
De surcroît, quand on gesticule, s’agite et fait l’arlequin, à votre image, dans un milieu médiatique où le discours ne semble aller que dans un sens, (quand on ne fait plus de l’information en somme) je me demande sincèrement si vous ne manipulez pas l’opinion à votre propre compte.
Ainsi peut-on dire tout et n’importe quoi au Français moyen vissé sur son fauteuil à regarder le JT de TF1, sirotant sa bière en canette devant son téléviseur. Téléviseur qui diffuse par ailleurs une image haute définition de votre dernier brushing ou de votre dernière pose photo si naturelle. Mais prenez garde, car la télévision capte parfois des images de l’homme, du vrai: en mémoire cette scène si bien mise en exergue par le regretté Pierre Desproges, insistant sur votre premier « entartage ». Entartage où vous déclariez laconiquement à votre entarteur : « Lève-toi ou je t’écrase la gueule avec mon talon » (Insistons sur la poésie de la formule). Et Pierre Desproges d’ajouter: « Oui on voit de ces ‘Nouveaux Philosophes’, coiffés à la Gonzague Saint-Bris, le vrai visage et c’est bien ».
Fort de votre forfait, vous vous vautrez quelques années plus tard dans le discours de l’homme libre antifasciste. Vous voilà de plus l’apôtre d’un européisme lénifiant où l’Ukrainien devrait renier sa culture slave au profit d’une culture occidentale mythifiée, à laquelle de moins en moins de citoyens d’Europe croient. Quel dommage que vous fîtes cette erreur quand on connaît la qualité de vos précédents engagements.. Le plus marquant reste sans doute celui de la Libye, où, dans un élan de courage incroyable, vous avez combattu Kadhafi de vos propres mains et instauré une très honorable foutoir-cratie.
Le djihad et l’islam radical s’installent dans ce pays. Peut-être ne leur avez vous pas enseigné suffisamment la philosophie ? Auriez vous omis de terminer votre combat ?
BHL : La logorrhée d’un piètre historien et d’un médiocre géographe
On ne saurait assimiler le fascisme au nazisme, tant ces deux idéologies prennent leurs racines dans les histoires nationales de leurs pays de naissance.
Comment, un diplômé de l’ENS (oui j’insiste sur ce point), peut-il faire des erreurs, que dis-je, des fautes historiques aussi lamentables que celles que vous avez commises dans votre allocution ?
Vous parlez d’un Esprit de Munich (1938) qui serait de retour aujourd’hui en Europe. Je dénonce cette hypocrisie : Dans la mesure où la France était directement mise en cause dans l’idéologie nazie, en rejet catégorique du Traité de Versailles, je ne vois pas en quoi la situation de l’Ukraine est comparable avec celle des Sudètes en 1938. Daladier, revenant de Munich, acclamé par la foule pour « avoir sauvé la paix », aurait alors dit : « les cons ». Peut-être faites vous finalement partie de cette catégorie de personnes qui sont encore convaincues que la finalité première de Munich était de préserver la paix, alors que c’était sans doute gagner du temps. Car à la fin, ce sont la France et la Grande-Bretagne qui ont déclaré la guerre à l’Allemagne, et non l’inverse.
Vous parlez de ces jeunes femmes et hommes morts en serrant, à Maidan, le drapeau de l’Europe. Quid de ceux serrant le drapeau de Svoboda ? Quid de cette discussion entre Mme Ashton et le Premier Ministre Letton concernant de possibles manipulations à Maidan (souvenez-vous, ces snipers pro-Maidan qui auraient tiré sur les manifestants pour alerter l’opinion internationale).
Vous dénoncez par ailleurs les Français et les Allemands qui par deux fois auraient oublié de mourir le drapeau unioniste serré dans les bras : mais qui êtes vous pour cracher sur le sang versé, qu’il soit allemand ou français? Qui êtes vous pour déshonorer le sacrifice de ces hommes et femmes, Français, Allemands, Français des Colonies, Malgré-Nous ?
BHL Historien, ou comment nier que le concept d’Union Européenne est un concept d’après-guerre, et que depuis : ni Allemands, ni Français ne se sont affrontés ; que nous avons eu quarante-cinq années de guerre froide et que nous n’avons jamais eu de défense européenne. L’anachronisme et le fait de faire fi du passé révèlent une certaine méconnaissance historique, ou plutôt une volonté de votre part d’occulter tout un pan de l’histoire. Vous voilà malfaisant.
Enfin l’Europe s’étend de l’Atlantique à l’Oural (définition classique de géographie). Vous êtes donc un médiocre historien ainsi qu’un piètre géographe. Ainsi, à vous entendre, le discours s’enfonce dans une simplification qui ne met qu’en exergue le simplisme de l’orateur.
Vous expliquez enfin que Vladimir Poutine est « un néo-fasciste ». Admettons. Nous attendons donc des preuves tangibles de l’anticommunisme de Monsieur Poutine et surtout de sa passion sans limite pour Mussolini. Car Monsieur « BHL », le fascisme, est d’abord italien et révolutionnaire, et toute son essence repose sur l’anticommunisme de ses adeptes. Quand on sait aujourd’hui que l’opposition russe la plus active est à droite de Russie Unie (parti du centre puisqu’il y a une opposition communiste encore forte). Désinformateur, vous voilà devenu un menteur.
Je vous invite ainsi à prendre connaissance des ouvrages de Pierre Milza à ce sujet. On ne saurait assimiler le fascisme au nazisme, tant ces deux idéologies prennent leurs racines dans les histoires nationales de leurs pays de naissance. Je vous accorderai cependant la complexité du phénomène. Mais assimiler un ancien membre du KGB et du PCUS à un fasciste relève d’une torsion de l’esprit dont les contraintes physiques défient les lois naturelles.
BHL, le fossoyeur de l’Union Européenne
Si bardé de diplômes que l’on soit, rien ne justifie le fait d’attiser les tensions et la haine entre les peuples. Rien.
Vous qui vous prétendez Européen, vous mettez à bas l’argument fondateur de l’Union Européenne. Vous bafouez ainsi Robert Schumann : « l’Europe, c’est la paix ». Belliqueux que vous êtes, vous souhaiteriez que l’Europe (et donc la France), fasse la guerre à Vladimir Poutine. La France qui seule supporte toutes les opérations extérieures au nom de l’Union Européenne. Pourquoi risquerions nous nos vies alors que la discussion porte bien plus souvent ses fruits ? Vous attendez de la France qu’elle fasse la guerre à la Russie, comme elle a fait la guerre à la Lybie de Kadhafi, comme elle aurait pu faire la guerre à la Syrie de Bachar.
Vous placez la morale au dessus de tout mais le monde que vous servez et fréquentez est amoral, dévoyé. Le col de chemise déboutonné jusqu’à votre immense nombril, vous vous pavanez aux côtés des Sarkozy, Valls et Hollande dans l’espoir d’être le nouveau Talleyrand. Sauf qu’entre BHL et Talleyrand, il y en a un qui avait de l’intelligence. Devinez lequel ?
Où étiez-vous quand Israël usait de moyens disproportionnés pour réduire au silence un Hamas preneur d’otages ? Nous attendions tous vos discours, mais où étiez-vous ? Sans doute en train de répéter votre pièce pour l’Opéra d’Odessa. La communication n’est décidément pas votre fort. On vous le pardonnerait si votre philosophie avait parfois du bon sens (et non du sens).
Ainsi je conclurai cette longue lettre (écrite avec passion) par un simple mot : Si bardé de diplômes que l’on soit, rien ne justifie le fait d’attiser les tensions et la haine entre les peuples. Rien.
Sans doute suis-je un imbécile aux pensées arriérées, ne suis-je pas encore rentré dans la lumière de votre prêche ni de votre bonne parole trop bien-pensante pour être crédible aux yeux de bon nombre de nos concitoyens.
Enfin, quand on m’a envoyé le lien vers votre allocution, me vint à l’esprit que cette vidéo allait être abominable.
Après l’avoir vue, j’ai regretté qu’elle ne le fut.
Maxime C.