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Christophe Berrurier habite à proximité de la Cité de la Musique. Il a voulu voir l’exposition EuroPunk qui se tient, avant prolongation, jusqu’au 19 janvier 2014. Il n’a finalement visité que la boutique. Explications.

Les expositions présentées depuis plusieurs années à la Cité de la musique sont souvent très réussies. On y voit souvent des choses rares, et les scénographes sont parfois audacieux. L’exposition Gainsbourg en 2008 présentait notamment l’une des rares œuvres picturales de l’Homme à tête de chou ayant survécu à sa folie destructrice. L’exposition Brassens, en 2011, dirigée par le dessinateur Joan Sfar, présentait une scénographie passionnante et extrêmement ludique. Puis il y a eu celle consacrée à Django Reinhardt en 2012, pas exceptionnelle mais au moins, elle rendait hommage à un des grands inventeurs de la musique populaire française.

Ainsi donc, l’exposition Europunk ne s’annonçait pas mal. Seulement voilà, elle n’est que la reprise d’une exposition débutée à la Villa Médicis à Rome. Son commissaire, Eric de Chassey, directeur de l’Académie de France à Rome est un historien de l’art audacieux et talentueux. L’idée de reconnaître le mouvement punk comme un mouvement prenant une pleine part dans l’histoire de l’art est quelque chose que l’on ne peut qu’apprécier. N’en déplaise aux sclérosés du Grand Siècle, le punk, de même que le street art d’ici quelques années, trouveront leur place dans les manuels d’histoire de l’art et c’est réjouissant.

Arrivé dans l’allée qui mène à la Cité créée par l’architecte Christian de Portzamparc en 1995 (pour l’inauguration), je suis accueilli par des pochoirs grandeur nature des différents membres de grands groupes punks. Je reconnais les membres des Clash, des Sex Pistols, évidemment. D’emblée, je me dis qu’en s’enfonçant dans les sombres allées du parc de la Villette je pourrais peut-être trouver des êtres en chair et en os se revendiquant du mode de vie punk. Autant les exposer directement n’est-ce pas ?

La billetterie annonce la couleur, terrible, triste, décevante : tarif plein de l’exposition 9 €. Tarif réduit : 7, 20 €. Je réfléchis, je me tâte. Ce tarif me semble prohibitif. Si j’étais un punk bien dans mes clichés et dans mes Doc Martens, je préférerais me payer des clopes ou des canettes de bières à ce prix là. Et puis après tout, pour se chauffer il y a les gares.  Finalement je me dis que je n’ai pas envie de claquer le billet de dix euros que j’ai en poche pour voir une exposition. Le punk  est souvent rapproché de l’expression anglaise du Do It Yourself. Fais le toi-même. Alors je vais faire moi-même.

À l’ère d’Internet et des logiciels gratuits, le Do It Yourself c’est surtout une solution de facilité et  l’absence de possibilité de faire autrement.  Le vrai Do It Yourself  (DIY) adapté à notre époque serait plutôt un choix. Préférer faire avec ses moyens que de déléguer. Préférer enregistrer son disque et être libre plutôt que de signer un contrat avec une multinationale de la musique et devoir baisser le volume des guitares.

J’ai suivi cet ordre punk et je me suis fait moi-même mon exposition sur le punk. La boutique de la cité de la musique, regorge en ce moment de grands albums punk et de quelques nouveautés. J’ai bondi sur le deuxième CD de FRUSTRATION que vous trouverez édité grâce au très précieux label Born Bad. Écouter le deuxième album de FRUSTRATION, confortablement enserré dans mon casque ; voilà ce qu’est pour moi une exposition sur le punk.

Christophe Bérurier

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Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

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