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A cause des vacances de notre héros matinal, nous avons été moins intelligents cet été. Moins gentils aussi. Moins ambitieux, moins tolérants, moins grands. Nous n’étions plus rien, plongés dans les ténèbres de la Réaction. Qu’on se le dise : Thomas Guénolé est de retour dans le poste de radio, et c’est le QI national moyen qui est le grand gagnant. C’est du concret !

Il sentait encore bon l’Aftershave, Thomas, en cette fin d’été, en entrant pour la première fois de la saison dans le studio de Jean-Jacques Bourdin.  Pas un seul coup de soleil sur son crâne, impeccable. Un bouc à faire pâlir toutes les chèvres dignes de ce nom. Le champion de la Pensée, le catcheur des Idées, le lutteur de la Philosophie remet son titre en jeu et déboule derrière le micro pour en découdre avec ses mécontemporains.

Jeudi : Thomas reprend son cartable

Rien de nouveau sous le soleil de Guénoland

« Jack is back ! », s’amuse le facétieux Thomas Guénolé au moment de prendre l’antenne, avant de redevenir sérieux et de revenir sur l’occupation médiatique estivale 2015 : les migrants. Tout le monde confond tout ! Alors forcément, nous attendions que Thomas arrête de faire bronzette sur sa serviette imprimée avec le visage d’Eva Joly pour y voir plus clair.  Il opère tout d’abord la subtile distinction entre « les réfugiés et les miséreux », avant de dénoncer la « tambouille médiatique », de laquelle bien sûr il sait se tenir à l’écart, drapé qu’il est dans sa majesté intellectuelle. « On ne parle pas des 400 000 sans-papiers qu’on a déjà en France ! », enrage-t-il avant d’apport LA solution : tous les régulariser. Rien de nouveau sous le soleil de Guénoland : il s’agit du retour déjà constaté à maintes reprises de la France all inclusive, où toutes les ressources péniblement collectées sur le dos du travailleurs français doivent être mises à disposition de la terre entière. « Ce n’est que 0,6 % de la population », tempère-t-il, mais quid de l’appel d’air que cela pourrait créer ? Si l’on déplaçait la focale, nous pourrions dire que 400 000 sans-papiers, c’est 100 000 de plus par exemple que le nombre d’habitants de la ville de Nantes, une des plus grandes de France. Tout est une question de perspective donc. « Un sans-papier avec un travail ? Régularisons ! », le patronat se frotte déjà les mains, et le décalcomanie de Pierre Gattaz sur le beau cartable neuf de Thomas était déjà un indice. Au summum de l’analyse politique, Bourdin lui rétorque « Vous êtes un gauchiste non ? » et Thomas de se justifier en invoquant Pasqua et Sarkozy et de conclure sur du Michel Rocard.

Vendredi : Thomas et la philosophie du Gentil

De la France all inclusive à l’Europe free access, il n’y a qu’un pas.

Irak, Afghanistan, Syrie … Bourdin égraine les conflits mondiaux qui entrainent des déplacements de population, auxquels il faudrait rajouter la fonte des glaciers qui posent des soucis d’habitats aux ours polaires et également le rétrécissement de l’Amazonie qui chasse les Indiens de leur terre natale. Pourquoi ne pas eux aussi les accueillir à Paris ? Un dream catcher pour chaque parisien offert pour l’accueil d’un indien, voilà qui aurait de l’allure. Bref : l’heure est grave. La planète Terre est en pétard, et heureusement que Thomas Guénolé est là pour nous prodiguer sa philosophie du Gentil qui entre deux coups de canon et le sifflement d’un missile, fait du bien aux cœurs. Et ce dernier de citer Xavier Bertrand qui trouve enfin grâce à ses yeux en ouvrant un camp européen de réfugiés géré par l’ONU, un camp dans chaque pays et l’installation d’un blocus maritime européen sur les côtes des pays de départ ; et enfin une idée d’Olivier Duhamel : l’examen des demandes d’asile directement dans les ambassades. Même plus besoin de savoir naviguer sur un radeau ! De la France all inclusive à l’Europe free access, il n’y a qu’un pas. Le Divin Chauve conclut enfin sur les inégalités économiques qui provoquent les crises migratoires, avec un Nord riche qui attire un Sud pauvre. Seulement, Marx l’avait déjà prédit en son temps en expliquant que l’immigration sera le bras armé du capitalisme. L’Europe free access (il est même possible d’imaginer des formules à disposition dans les ambassades : séjour + croisière ou séjour simple et arrivée en randonnée ?) c’est l’aboutissement le plus tragique de l’ultralibéralisme et il est dommage de constater que deux siècles après l’intuition marxiste, il existe encore une gauche qui légitime ces enrichissements sur le dos des plus pauvres. La philosophie du Gentil sert donc le Méchant.

Lundi : Thomas face à l’empire du Soleil Levant

La bulle spéculative a donc explosé en Chine, car personne n’a sur brider la folle course aux actions et des taux

Si notre génie national aime la spéculation philosophique, il a encore du mal avec celle qui concerne l’économie. S’ensuit une chronique qui n’a rien à envier à vos premiers cours de SES sur les caisses de dépôts et les banques d’affaires qu’il faut séparer, pour « éviter les krachs sur l’économie réelle ». Thomas s’attaque ensuite à la politique économique de la Chine, n’hésitant donc pas à provoquer un tremblement de terre intellectuel en pleine zone sismique. La bulle spéculative a donc explosé en Chine, car personne n’a sur brider la folle course aux actions et des taux. Heureusement que notre Bruce Lee de l’Intelligence était là en ce lundi matin pour leur secouer les bretelles du kimono et les alerter. « Le moteur de la demande chinoise vient de casser », métaphorise-t-il pour mieux rendre simple ce qui est infiniment plus complexe. « L’économie des sous-traitants de la Chine, bam, elle est cassée (…) on va de nouveau se taper une crise », conclut-il, amer, face à ce nouveau désordre mondial qu’il aura à gérer du haut de son Olympe du concret.

Mardi : Thomas, l’éducateur national

« Il décape Thomas Guénolé ! »

Patatras dans l’Éducation nationale : une grève est déjà prévue dès le jour de la rentrée, après trois mois de vacances et à presque un mois des prochaines. Thomas Guénolé déroule sur la réforme mais il ne serait pas notre Oracle matinal s’il n’avait pas sur chaque évènement, chaque sujet, chaque fait, un nouveau système révolutionnaire à proposer, tout droit sorti de sa métaphysique des Gentils qu’il adapte à chaque chronique. C’est pourquoi il faudrait une « cogestion » avec un État qui produit les programmes scolaires, les résultats, les moyens avec les chefs d’établissement et les professeurs. « Ils se débrouillent ! », clame-t-il avant d’imposer la rémunération fixée sur les résultats aux examens. Sachant que les notes du bac sont déjà gonflées au possible, il sera tout à fait envisageable d’obtenir des 25/20 dans les écoles de Guénoland dans un horizon très proche. « Il décape Thomas Guénolé ! », s’enthousiasme Jean-Jacques Bourdin. Les esprits moqueurs diraient même qu’il décoiffe, tant son verbe haut dérange, agace, agite les consciences matinales. Mais ce qu’il faut noter, c’est que l’Éducation nationale est déjà corsetée par les syndicats d’enseignants qui imposent le désapprentissage permanent et des fariboles comme l’autonomie des élèves face au savoir. Ce qu’il faudrait, c’est une reprise en mains pure et simple du système éducatif et imposer davantage de temps de travail aux professeurs au sein des établissements, et lutter contre ce qu’il se passe certes avant le baccalauréat, mais surtout après, en encadrant drastiquement ces écoles privées qui sélectionnent par l’argent. Certainement une prochaine mission du plus décapant des cerveaux français.

Mercredi : de Corbier à Guénolé, les Gentils sont immortels

Les Français disent-ils non à l’immigration car ils pensent que l’Autre est inférieur ? Rien de plus faux.

Souvenez-vous de cette chanson de Dorothée : les millions de copains qui se tendent la main, de laquelle Thomas Guénolé a su tirer le meilleur pour se construire une vision du monde. Pas de pitié pour les croissants, mais beaucoup pour les naufragés du monde entier. Ce sera donc le thème de sa rentrée et sûrement de sa saison : étendre encore et encore la France all inclusive. Guénolé est donc le Corbier sans barbe ni cheveux, mais le même regard enfantin sur le monde, empreint de candeur et donc de Génie, qui en ce mercredi matin propose de s’inspirer du modèle allemand d’éducation à l’antiracisme (La Rédaction vous interdit formellement d’éclater de rire à l’issue de cette phrase, merci). Il en vient tout d’abord aux chiffres : les Allemands veulent des réfugiés (surtout les patrons allemands car les Roumains commencent à coûter cher), tandis que 8 français sur 10 disent non pour une simple et bonne raison : « Les Français sont racistes ». Constat implacable, d’une hauteur de vue rarement égalée dans l’Histoire des médias français. Ce même pays qui accueille (si l’on se fie aux statistiques de notre champion) 400 000 sans-papiers par an, serait donc raciste. Après trente ans donc d’antiracisme médiatique et politique, Thomas Guénolé sur son cheval blanc (racisme équestre !) vient dire à ses cons-patriotes au cerveau toujours pas suffisamment adapté au mondialisme et à son corolaire l’insécurité culturelle (expression que nous empruntons à Laurent Bouvet), qu’ils sont de vilains racistes. Entendons-nous déjà sur les définitions, c’est-à-dire la seule méthode intellectuelle justifiable : qu’est-ce que le racisme ? C’est établir une hiérarchie entre les différentes ethnies. Les Français disent-ils non à l’immigration car ils pensent que l’Autre est inférieur ? Rien de plus faux. Le travailleur pauvre confronté à un mélange des cultures sur le pas de sa porte, ne se reconnaît simplement plus dans son paysage qui ne lui est plus familier, parce qu’il allait sûrement à l’Église quand il était petit, qu’il allait ensuite à la charcuterie et qu’il vivait avec une bande de potes parmi lesquels la question des origines ne se posait pas. C’est justement avec l’avènement de l’antiracisme cher à notre Thomas Corbier que l’exaltation permanente des racines fantasmées a créé des divisions et des fissures au sein de notre beau pays. « Il faut, comme en Allemagne, des cours de compréhension des immigrés, assène-t-il, alors que Louis XIV et Napoléon ont déjà disparu des programmes scolaires. Seule solution donc : enseigner encore et toujours la repentance (colonialisme, déportation). Guénoland, pays des Gentils, est avant tout la contrée de la promotion constante du Méchant.

Jeudi : Thomas Guénolé est dans le pré

Jeudi matin, Guénolé parle des paysans. Mais l’auteur de ces lignes, sûrement un vilain méchant pas assez éduqué dans sa jeunesse, trop atterré, sinon dégoûté, par ce qu’il a entendu la veille sur le supposé racisme des Français, a décidé de faire grève et de laisser le digne héritier de Corbier parler seul dans son champ de patates intellectuel.

Vendredi : Guénolé contre Schengen

Sortons de Schengen, nous dit Thomas ! L’ami des Gentils ! Notre Corbier de la philo !

L’auteur de cette chronique, guéri de son rabougrissement moral, a passé 24 heures dans un camp de redressement intellectuel pour en ressortir Guénocompaptible, c’est-à-dire prompt à dénoncer sans relâche les exactions de son pays pendant 2000 ans, et à cracher au visage de son voisin qui ne comprend rien à la mondialisation. Qu’on ne l’y reprenne plus ! Après avoir hurlé à son voisin qu’il était nazi parce que ce dernier portait un maillot des Bleus (alors qu’on ne rappelle jamais assez les horreurs provoquées par les tacles d’Eric di Méco) et tondu sa voisine parce qu’elle venait d’épouser un originaire du Berry (donc forcément colonialiste et nostalgique du Maréchal), l’auteur, qui s’est même laissé pousser un joli bouc, a décidé de se remettre à écouter RMC au petit matin pour reprendre contact avec le génie de Super Thomas. Et là, horreur ! Il l’entend vitupérer contre Schengen. Sortons de Schengen, nous dit Thomas ! L’ami des Gentils ! Notre Corbier de la philo ! Fort  heureusement, il ne s’en prend uniquement aux travailleurs détachés et à la concurrence déloyale entre les salariés ; avant d’évoquer les contrôles migratoires, mais seulement dans une perspective d’immigration économique. Encore une lettre d’amour aux patrons européens qui, avec de tels propos, n’ont même plus de lobbying à faire pour faire passer leurs directives. Une grosse semaine s’achève pour notre Socrate de la machine à café, qui a su faire face à la misère du monde et à la crise économique. L’auteur de ces lignes retourne quant à lui enquêter sur son voisinage, une tondeuse à la main.

Julien de Rubempré

 

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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