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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis devinrent le symbole politique du monde libre. Aujourd’hui il porte l’étendard culturel d’un monde égalitaire incarné entre autres, par le droit des femmes. Analyse. 

L’année 2017 fut celle de la Femme. Les nombreux hashtags nés sur Twitter ont permis la libération de la parole, et la dénonciation des offenses faites au « sexe faible ». Les bourreaux du XXe siècle ont laissé leur place aux Weinstein de tous horizons, et les actrices américaines se rebellent contre une société masculine qui demeure misogyne, machiste, sexiste. 

« Les acteurs qui ont participé à la libéralisation des moeurs dans les années 60 sont rappelés à l’ordre. »

Durant les années 60, la contre culture américaine et les mouvements contestataires nés dans les campus sont relayés à l’époque par des cinéastes et des acteurs encore inconnus du grand public. Cette même culture est devenue la culture dominante de ces dernières années. Un après-midi de chien est désormais un objet cultuel et Sydney Lumet, son réalisateur, a toute sa place au Panthéon cinématographique tant il défendait avant tout le monde la cause d’une minorité sociale (pauvre) et sexuelle (transsexuelle). Mais les règles du jeu ont quelque peu changé. Si l’on promeut toujours la liberté du corps et de l’esprit dans les films américains, on fustige à présent leurs conséquences dans la réalité. Et les acteurs qui ont participé à la libéralisation des moeurs dans les années 60 sont rappelés à l’ordre.

Donald Trump dans le viseur

Désormais, les femmes exhortent les hommes à se comporter différemment. Ces nouvelles Olympe de Gouges insufflent au courant féministe un second élan, resté de nombreuses années dans les cartons. L’univers du cinéma américain n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Déjà en 2016, le hashtag #OscarsSoWhite repris par une large frange de la population dénonçait le nombre de nominés blancs aux Oscar durant l’ère Obama. Weinstein existait déjà, et avec lui ses méthodes douteuses, mais la révolte attendait son heure, et connaitra son apogée peu après l’élection de Trump. Les slogans #Metoo, #Balancetonporc, et les portraits à charge dont fait l’objet le producteur américain sont autant de flèches lancées contre le nouveau président qui par leurs propos misogynes, leurs origines et leurs positions sociales se ressemblent grandement. A travers ces attaques, c’est Trump qui est visé.

« L’élan puritain issu des mouvements féministes n’est qu’un paravent médiatique. »

Cependant, il ne faut pas s’y tromper. L’élan puritain issu des mouvements féministes n’est qu’un paravent médiatique. Il sert de canevas idéologique au nouvel impérialisme américain visant à marquer tous les intellectuels de ses théories et à préparer l’éventuelle candidature d’Oprah Winfrey.

Quand auparavant le cinéma américain usait du soft power pour faire l’apologie de la liberté ou sanctifiait son Histoire en glorifiant l’archétype du Cowboy, il l’utilise aujourd’hui pour diffuser un message tout aussi binaire mais plus réfléchi. Désormais l’on parle d’intersectionnalité, de victim blaming, de mansplaming pour expliquer les maux dont souffrent les sociétés occidentales et les hashtags s’érigent en modèles à suivre, repris aux quatre coins du Monde sous sa forme originale ou traduite en français, à l’initiative de Sandra Muller, française installée aux Etats-Unis.

Le hashtag #metoo n’est pas né de témoignages de femmes issues des milieux populaires, mais d’actrices américaines s’enorgueillissant de figurer au rang de symboles visant à libérer la parole de leurs congénères dans toutes les strates de la société. Pour autant, cette nouvelle révolte des élites ne vise pas à agréger en leur sein une condition féminine mondiale, mais à marquer de leur sceau leur contre-pouvoir médiatique, et prennent ainsi leur revanche sur Donald Trump et ses électeurs originaires des classes les plus pauvres, les fameux « Rednecks ».

République et communautarisme

Les intellectuels de l’hexagone, quant à eux, sacralisent pour la plupart cette libération de la parole, quand il s’agit au fond, d’une critique féroce et légitime de la société américaine qui connait depuis toujours des violences sociales et ethniques. Le système communautaire anglo-saxon a ouvert une brèche dans la République française, autrefois une et indivisible. Elle permet aux penseurs de la diversité de diviser les citoyens, et de promulguer une France multiple et fragmentée. Partout l’on se gargarise d’un combat qui ne vise qu’à calquer des nouveaux principes moraux issus d’un modèle communautaire sur une nation Française qui ne le reconnaît pas. 

Après nous avoir rendu dépendant à l’ « American Way of Life » , le pays de l’Oncle Sam nous invite à l’ « American Way of Thinking« 

Désormais, après le soft power américain, qui avait vu les bouteilles de Coca Cola et les Levi’s débarquer dans une Europe dévastée par la guerre, c’est aujourd’hui un autre pouvoir qui prend corps en Europe et en France. Un modèle de pensée. Après nous avoir rendu dépendant à l’ « American Way of Life » , le pays de l’Oncle Sam nous invite à l’ « American Way of Thinking » .

Et lorsque des voix dissonantes prennent la parole afin de critiquer cette américanisation des moeurs au nom d’une société qui n’est pas la leur, Hollywood leur rappelle qu’elle n’est plus la leur.

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Andrés Rib

Ancien de la Sorbonne. Professeur de Lettres. Aime le Balto, et la Philo.

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