Ode à Hessel (et à ceux qui se cachent derrière lui)
Au sommet du Panthéon, un pas sous le firmament
Dieusoldé et Maliface guident le peuple
Les larmes fraîches coulent à flots
Chaque vestale est ceinte de fleurs
Une pétale par exploit du héros disparu
Il y a assez de sanglots en rivières
Pour couler sous le pont du cœur au lèvres
Troubadours et blogueurs engagés
Journalistes et représentants de la patrie
Exaltent le nom du brave, un Juste
Tombé au champ de Mars, qu’Héra le console!
Dieusoldé prend la parole le premier
Regard sombre voix de Vogelweide
Palästinalied! Palästinaherz! Palästinaführer!
Je n’ai aucun souvenir de jour plus triste
Depuis mon exclusion des plateaux télévisés
Toi Stéphane tu as brisé mes chaînes d’esclave
J’étais Hyde tu étais Jekyll
Les chaînes t’écoutaient, elles me contractaient
Mais chaque soir était doux de te savoir
Poète clamant Apollinaire et Pouchkine
En notre idéal commun: grâce te sois rendue!
Aussitôt monte le cœur des enfants gentils
Chatons et chiots orphelins
Veaux et agneaux trop vite sevrés
Nous avons besoin de stars!
Stars à aduler, stars à célébrer!
Comment vieillir sans adorer? Ni Dieu ni Père
Tu étais notre Grand-Père
Vainqueur honoris causa de la Star Academy!
Nous avons besoin de prier
Aux larmes citoyens, aux larmes citoyens!
Nous avons besoin de pleurer.
Vient le tour de Maliface, face à la foule
Tout heureux de rehausser le tabouret
Et aussitôt d’y déclamer, fier tribunicien:
Les ennemis de nos ennemis étaient nos amis!
Tous ces intellectuels faussaires prompts
À cracher mes courbettes d’Alger ou de Doha
Ils ont usurpé leurs titres, moi l’incompris
Jamais ne manque d’honorer la Pythie
Car enfin! Pascal dit et ainsi fut:
Nul islamiste ne prendra le pouvoir au Sud
Car révolutions démocratiques elles sont
Et islamistes je ne vois poindre à l’horizon
Toi même Stéphane en protestais
Hamas et Conseil National de la Résistance
Frères en morale! Et nous sommes ici leurs fils.
Aussitôt le cœur des enfants gentils
Rejetons du Marais, rejetons de Canal
Unis aux rejetons d’outre-périphérique Nord
Jourdain fétide il serpente autour de Paris
Nous sommes ici tes fils! Palästinalied!
Amour est notre Dieu et tu étais son Prophète!
Aimer, aimer est notre seule pensée
Car toute autre pensée serait dangereuse
Préserve-nous du Mal comme nous aimerons
Par delà les frontières, mais surtout Gaza
Le reste du monde attendra car
Amour est notre Dieu et tu étais son Prophète!
À ce moment le Ciel s’entrouvre: on y voit Hessel
Entre deux nuages sculptés d’or et d’argent
Hypnose collective, hystérie magnifique, jouissance!
Deux cornes d’abondance, une queue fourchue
Un ange réintégré parmi les anges
Une vie passée au placard du Quai d’Orsay
Comment? Nul pour reconnaître sa valeur?
Triste rescapé des camps de la mort
Grand résistant de bureau et aide de camp
D’un Cassin cime plus haute au bas de laquelle
Il dût mijoter ombre sous les ombres.
Soudain Maliface l’iris dilaté saisit Dieusoldé
Une étreinte théogénète s’ensuit, cuisse à cuisse
Cris et râles se mêlent sous le sourire de Stéphane
Israël! Israël! Israël mourra!
Te souviens-tu mon Grand-Père de ce chant
Qu’avec nous un mois de janvier tu entonnas?
L’occupation allemande si dure pour les œuvres d’art!
Te souviens-tu mon Grand-Père de ces propos emplis de pitié
Pitié dont nul Juif jamais tu ne fis bénéficier?
Te souviens-tu mon Grand-Père de ces autres sanglots étranglés
Tamouls, Papous, Tibétains, Mingréliens, Sahraouis
Dont tu disais: leur temps viendra, mais après.
Et de chaque frottement théogénète un bébé naquit
Du ciel Stéphane en pleurait de joie
Les enfants gentils joignaient leurs mains
Pour chaque larme tombée y recueillir
Vite! Saisir chaque bébé et les bénir!
Car chaque larme a ce pouvoir
D’innocenter l’antisémite qui d’antisionisme se drape
Caché dans la foule comme jadis
Ulysse sous les moutons de Polyphème
Et chaque enfant gentil avala un bébé
Comme on avale une ostie
Apothéose orgiaque pour une masse
Orpheline de Dieu mais guidée: enfin!
De son sein s’élève une suave mélopée
Ô Grand Indigné sois-tu loué
Palästinalied! Je me souviens à tout jamais
Ni Dieu ni Père tu étais notre Grand-Père
Israël Mourra, Palestine Vivra!
Le Mal et le Bien à tout jamais séparés
Dieusoldé et Maliface pour nous guider
Ô Grand Indigné sois-tu loué!
Hourrah! Hourrah! Hourrah!