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Au cours de l’émission On n’est pas couché de ce 14 mars,Laurent Ruquier s’est exprimé sur Eric Zemmour et a regretté de lui avoir donné la parole.

« Je me suis rendu compte que j’ai participé à la banalisation de ces idées-là ». C’est par cette phrase, limpide, que Laurent Ruquier est passé au confessionnal pour avouer sa faute. En interviewant François de Closets venu présenter son dernier livre La France à quitte ou double, Ruquier a donc exprimé son plus profond regret concernant le polémiste cathodique qui a été son chroniqueur vedette pendant cinq années.

Passons sur l’incorrection du procédé, à savoir faire de l’audience grâce à la gouaille d’un homme et la complémentarité du duo avec Eric Naulleau, le manque de classe et surtout l’absence de courage pour proférer une telle formule face à un Zemmour absent du plateau et qui, de surcroît, a été reçu correctement il y a quelques mois.

Visiblement, lorsque Zemmour était au climax de la promotion du Suicide français, il était bon de lui dérouler le tapis rouge. Mais après les polémiques et sous les yeux de Cali, le temps était donc venu de battre sa coulpe publiquement pour mieux expier sa faute.

Je suis Charlie, mais pas trop quand même

Charlie et ses cohortes d’archanges de la liberté d’expression qui défilaient dans Paris et s’exposaient sur Instagram : nous n’avons décidément pas fini d’en reparler. En ce jour ensoleillé, François Hollande défilait avec le monde entier contre les Méchants, et à la radio comme à la télévision, il n’était plus question que de cet évènement post-historique qui sanctuarisait l’échange, le dialogue et la compréhension de l’Autre (même si les attentats ont fait volé en éclats ces vieilles lunes) ; bref, c’était la victoire posthume du Club Dorothée dans les boulevards de la capitale, avec des slogans d’une indigence rarement égalée.

Pas de Charlisme pour Zemmour.

Laurent Ruquier y est bien entendu allé à son JeSuisCharlisme lors du premier numéro d’On n’est pas couché après les attentats. Le droit de rire de tout, d’entendre tous les avis et de confronter l’ensemble des points de vue. Et patatras. Non. Pas de Charlisme pour Zemmour. L’incorrigible éditorialiste du Figaro s’est vu en une phrase démettre de ses qualités d’interlocuteur sinon crédible du moins autorisé à s’exprimer, sans la moindre explication intelligible.

A cet égard, la réaction de Léa Salamé était la bonne : pourquoi tout ramener systématiquement à Zemmour ? De telles paroles vont-elles brusquement ramener le Front National à 5 % dans les sondages ? Rien n’est moins sûr.

Les Charlie sont définitivement un monde à part. Lointain. Inaccessible.

Et tant pis si beaucoup de téléspectateurs s’acquittent – chèrement – de leur redevance audiovisuelle et ne se sentent ni représentés par de telles déclarations ni estimés, parce qu’ils ne sont pas le Bien, ne vont pas au concert de Cali et ne votent pas comme Laurent Ruquier.

S’il devient urgent pour la gauche de relire Montaigne, il est également impératif qu’elle relise Camus qui écrivait : «Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme ».

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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