Dixième choix, recruté par défaut, incapable de gérer, les caractères du vestiaire parisien ; que n’a-t-on entendu sur la capacité de Laurent Blanc à entraîner le PSG … A la veille de PSG / Bastia, Julien de Rubempré décrypte les premiers mois du cévenol sur le banc parisien.
Il est vrai que la signature de Blanc au PSG avait laissé un grand nombre de commentateurs et de supporteurs perplexes. Alors qu’Ancelotti préparait ses valises pour Madrid, que les rumeurs sur le départ de Leonardo allaient bon train, que Capello, Villas Boas ou Mourinho étaient annoncés dans la capitale, l’arrivée du Président a déconcerté voire déçu. Sa première conférence de presse, à côté d’un Nasser balbutiant ses premiers mots français, fut catastrophique : hésitant, peu concerné, sans enthousiasme, prononçant un discours plat au possible. Les premiers matchs amicaux et les premiers matchs officiel (contre Bordeaux lors du Trophée des Champions puis contre Montpellier), jetèrent encore un peu plus de discrédit sur Laurent Blanc : il ne faisait qu’aligner le même 4/4/2 qu’Ancelotti et semblait dépassé par les événements.
Révoluton tactique au PSG
Seulement voilà : Edinson Cavani est arrivé au PSG, Thiago Motta n’est plus blessé et Pastore ne peut plus jouer milieu gauche. Alors Blanc a tranché : le PSG jouera à trois milieux de terrain avec Matuidi et Verratti en gratteurs de ballons capables de se projeter vers l’avant et Motta en vigie devant la défense. Laurent Blanc a d’ailleurs parfaitement compris la dimension marxiste de Thiago Motta, joueur essentiel pour un collectif, catalyseur de passes et redistributeur de ballons à parts égales entre les latéraux et l’axe quand un bon appel est proposé. Le milieu est ainsi barricadé et se trouve être un des meilleurs d’Europe pour presser haut et déployer une science technique rarement vue au Parc.
Mais il n’y a pas que le milieu de terrain. La presse a vite oublié que Laurent Blanc était un des meilleurs centraux au monde et qu’il a par conséquent quelques notions pour bien faire défendre une équipe. Les deux arrières (Silva / Alex ou Alex/ Marquinhos) jouent plus haut et prennent une autre dimension cette saison. Blanc veut la possession, donc mieux vaut repartir de derrière que balancer le cuir à l’aveugle sur Ibra comme ce fut trop souvent le cas la saison passée.
De la bonne gestion des stars
C’était donc la principale gageure de Laurent Blanc : gérer les stars, ne pas froisser les caractères. Ne pas frustrer les uns, ne pas vexer les autres. Mais là aussi, le Président a surpris. Pastore et Lucas (plus de 80 millions d’euros à eux deux), sur le banc. Christophe Jallet en tribunes (depuis le temps qu’il y envoyait ses centres, ce n’est que récompense). Cavani ailier droit. Menez écarté du groupe pour son geste d’humeur contre Benfica, alors qu’ils ont le même agent.
C’est d’ailleurs le cas de Jérémy Menez qui est révélateur. Les véritables stars comme Ibrahimovic, SIlva ou Cavani savent se gérer de manière autonome. Elles ne sont pas des caricatures d’enfant gâté complètement assisté. Menez est l’incarnation de la génération de son pays : individualiste, inapte à faire face à la concurrence, niant toute forme d’autorité. Sorte d’anarchiste version Téléfoot, dont la compilation des gestes fait le bonheur des clips Youtube mais dont le palmarès ne dépassera jamais celui de Tony Vairelles.
Blanc a donc inquiété puis il a décidé. En patron. Les résultats parlent pour lui.
Prochain bilan à la trêve hivernale.
Julien de Rubempré