Partagez sur "UMP – Cinq conseils à Nicolas Sarkozy pour (enfin) réussir son retour"
Comme nous l’avions prédit : Nicolas Sarkozy est revenu et Nicolas Sarkozy patine. Sans Buisson et presque sans Guaino, il avance sans boussole, se laissant déborder par sa gauche par Le Maire et Juppé et par sa droite par Marine Le Pen. Il a encore trois ans pour remonter la pente, mais avant cela, cinq défis majeurs l’attendent.
1) Un nouveau discours pour un Sarkozy nouveau
Jusqu’en 2012, au Trocadéro ou à la Concorde, il a usé voire abusé de son talent oratoire, récitant les discours de Guaino pour galvaniser les foules. Seulement, depuis son retour et dès son premier meeting à Lambersart, il n’a fait que reprendre ses thèses de 2012 (renégociation de Schengen, statut des fonctionnaires, assistanat), laissant croire que durant ses deux ans de « pause politique », il n’a pas évolué, sinon réfléchi, sur les grandes réformes à mener. S’il déçoit depuis sa rentrée, c’est parce qu’il se répète et notamment sur des sujets sur lesquels il a trahi (souveraineté de la France) ou menti (la baisse des chiffres de l’immigration). Les électeurs ne peuvent une nouvelle fois l’entendre égrainer des promesses qu’il n’a pas su tenir en cinq années d’exercice du pouvoir.
2) Reconquérir le coeur des travailleurs
S’il gagne aussi largement en 2007, c’est parce que Nicolas Sarkozy a su parler aux travailleurs, par ses références constantes à Jaurès pour le symbole, mais aussi par ses annonces sur le pouvoir d’achat (heures supplémentaires défiscalisées, promotion de l’effort). A la différence d’Hollande, même s’il s’agit plus ou moins de la même politique dictée par Bruxelles et le MEDEF, Nicolas Sarkozy ne spoliait pas les économies des Français. Pour cela, il va devoir mettre l’accent sur le social, les salaires, le protectionnisme bien compris et « cogner » sur la politique fiscale du gouvernement en avançant des propositions crédibles sur ce sujet.
3) Ne plus se positionner idéologiquement par rapport à ses adversaires
En 2007, il menait la danse, suscitait le débat. Les Français étaient d’accord ou pas, mais ses concurrents devaient réagir à ses propositions nouvelles. Lorsqu’il tergiverse sur le mariage pour tous (jusqu’à son annonce précipitée devant les partisans de Sens commun), il semble démuni, incapable de surprendre et d’amener quelque chose de nouveau. Le grand talent de Sarkozy, c’est la transgression ; or, depuis son retour, il ne surprend plus mais sembe contraint de flatter les militants UMP. En avançant des idées nouvelles qui briseraient un certain nombre de tabous, il obligera ses adversaires à jouer en contre et à se découvrir. Ces grands tabous peuvent être la monnaie unique, la révolution fiscale ou une profonde réforme constitutionnelle (suppression du Sénat, proportionnelle, fin du Premier ministre).
4) Cesser le grand écart Juppé / Le Pen
Ce n’est pas parce que Marine Le Pen et Alain Juppé (l’homme de toutes les gauches) sont en réussite dans les sondages, qu’il doit reprendre leurs idées – inconciliables – pour tenter une improbable synthèse. Le principal écueil de 2007 a été « l’ouverture à gauche » (avec Kouchner, Attali, Jouyet, Fadela Amara), validant l’hypothèse du sobriquet « UMPS » proféré à l’envi par le FN, qui a contredit son discours d’une droite qui s’assumait. Il ne peut plus vanter et vanter encore le modèle allemand et réclamer la fin de Schengen ; bref, il ne peut plus se soumettre à Angela Merkel et prôner des thèses souverainistes dans un même discours. Si son quinquennat a globalement déçu, c’est en partie à cause de cette improbable contradiction.
5) Vers un nouveau discours géopolitique
Parce qu’un homme d’Etat doit avoir une vision internationale, il se doit d’en proposer une, résolument novatrice et compatible avec les intérêts de la France. « Sarkozy the american » doit être oublié, tout comme le retour dans le commandement intégré de l’OTAN. La soumission aux Etats-Unis (qui a conduit indirectement au désastre libyen) est contre-productive. Le véritable allié naturel de l’Europe, la Russie, doit être réhabilité. Un retour à la politique étrangère gaullienne (qui ne reconnaît que les états et le dialogue de nation souveraine à nation souveraine en dépit de toute moraline BHLienne), sera la clef d’un retour de la France libre dans le vaste concert international.