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Originaire de Lyon, où il a suivi des études d’ébénisterie, de sculpture et de marqueterie sur bois, Vincent de Mestral découvre la peinture en l’utilisant d’abord sur du mobilier qu’il appelle « son petit mobilier pop ».

Mais ensuite , « il sort vite du cadre » pour s’exprimer sur les murs et sur la toile.

« Au début, dit-il, je faisais du collage, je peignais au pinceau et après ce fut la bombe»

En fait c’est encore à Lyon que ce jeune trentenaire s’est fait d’abord remarquer dans la scène du street art lorsqu’il était membre d’un collectif dénommé Ready made France (un binôme avec Adrien Bertrand alias BOOK).

Ensuite, avant de s’installer à Paris, en 2015, il passe un an en Australie en lien avec une galerie française à Sydney.

Expérience plus que bénéfique pour lui, puisqu’elle va lui permettre de libérer toutes ses potentialités. Ainsi il ira même jusqu’à produire 25 toiles en l’espace d’un seul mois !

« J’étais dans un style pop art, cartoon, illustrateur avec des jeux un peu abstraits »

D’ailleurs on retrouve tous ces éléments marquants hérités de cette période dans ses oeuvres actuelles.

Une expression murale joyeuse et ludique
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Vincent de Mestral reste dans l’esprit des premiers artistes du graffiti qui n’ont cessé de toucher un large public.

Une vision libre, ludique et accessible avec une osmose évidente avec la nature présentée sous des formes colorées, enjolivées voire acidulées, comme par nostalgie pour les temps édéniques.

A cela s’ajoute la souplesse étonnante des formes qui se bousculent. Celles-ci constituent par vagues successives un ensemble architectural d’une rare intensité et d’une parfaite cohérence.

A l’évidence l’artiste travaille dans le tourbillon d’images issues de la BD, d’internet et des jeux vidéo.

Ces influences disparates fusionnent au sein de ses différentes réalisations murales, tout autant sophistiquées qu’elles nous rappellent souvent des formes exotiques.

On a l’impression que face à l’existence quotidienne, l’artiste ennoblit certains aspects apparemment banals de l’existence de tous les jours.

Une vision parfois teintée d’étrangeté

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Souvent l’artiste semble nous conduire sur les chemins de l’étrange.

Ici, dans cette oeuvre récente (voir ci-dessus), les objets paraissent suspendus, comme en situation de lévitation permanente. Le plus surprenant c’est aussi cette nappe à carreaux bleus qui ondule comme sous l’effet d’une secousse sismique .

Dans cet univers, tout apparaît étrangement séquencé, cloisonné grâce au rôle répartiteur exercé par les couleurs qui créent des zones, des champs de vision fort bien différenciés.

Cela crée des effets d’optique. Cette peinture vibre alors autant qu’une oeuvre op art mais en se distinguant de celle-ci par des références à des objets de la vie quotidienne.

Aussi l’artiste nous propose une lecture de son oeuvre qui s’avère bien surprenante. Au delà de l’aspect ludique, il fait surgir un monde surréel.

Les objets les plus insolites se côtoient (des nuages, un monticule de pierres, une chaise, une plante dans son pot…) et évoluent le plus librement dans l’espace.

Ces amalgames de matériaux, formes et références introduisent une manière familière de voir le monde, une vision égalitaire à la manière de Warhol.

Le banal qui borde les choses les plus insolites voire les plus poétiques.

Rien ne résiste, en réalité, à l’envi irrésistible de l’artiste de provoquer l’émoi, la surprise, voire à susciter un certain ravissement dans les situations les plus inhabituelles.

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Comme dans cette réalisation avec des planches de skate board, il va nous conduire dans un monde tout aussi étonnant.

Toujours, en fait, pour aboutir au même constat: le caractère ludique hérité de l’Op Art fait contrepoids à une méditation d’une autre nature.

C’est pourquoi aussi l’art de ce jeune peintre réside pour beaucoup dans sa capacité à surprendre et à émouvoir !

Les installations végétales

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Vincent de Mestral qui se définit volontiers comme un esprit fonceur, un artiste débordant d’idées et de projets, s’engage également depuis peu dans la modification de l’espace urbain.

C’est dans ce but qu’il a rejoint le collectif « Merci Raymond » qui a pour objectif de revitaliser la capitale, collaborant lui-même à la mise en place d’installations végétales.

Compte tenu notamment de sa formation initiale en ébénisterie et sculpture sur bois, il s’est particulièrement impliqué pour réaliser toutes les installations bois en partenariat avec un artiste paysagiste.
Il collabore notamment pour réaliser des jardins sur les toits parisiens.

Avec lui, l’art ne tourne plus le dos à la nature.

Dans cette oeuvre-sculpture qu’il vient de réaliser, les ajours laissent entrevoir (et vivre) l’élément végétal. L’artiste crée un espace pour la vie naturelle.

Ce pari qui paraissait insensé pour les tenants notamment de l’abstraction pure va devenir réalité grâce à des jeunes créateurs comme Vincent de Mestral.

Cet éco-artiste s’inscrit en fait dans un mouvement plus vaste. Il fait partie de cette génération actuelle qui remet en question cette résignation face à l’entropie et s’intéresse davantage aux effets de l’urbanisation, sur la qualité de la vie humaine et du monde naturel.

A l’image des artistes américains comme Alan Sonfist qui a oeuvré à reverdir un ancien terrain vague du quartier de Manhattan.

Si autrefois, l’homme devait se protéger contre la nature sauvage, c’est aujourd’hui la nature qu’il faut protéger contre l’humanité.

Christian Schmitt

www.espacetrevisse.com

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Christian Schmitt

Critique d'art. Auteur de "l'univers de J.L. Trévisse, artiste peintre" (ed. Lelivredart 2008) et de trois autres ouvrages sur les vitraux réalisés par des artistes contemporains aux ed. des Paraiges: Jean Cocteau (2012), Jacques Villon (2014) et Roger Bissière (2016). A retrouver sur : http://www.espacetrevisse.com

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