L’auteur de la Divine comédie est éclairé d’un jour nouveau grâce à Emmanuel Godo, qui publie Ton Âme est un chemin, aux éditions Artège. Une lecture incontournable pour saisir l’essence du Florentin, et initier une quête spirituelle féconde.
A qui s’adresse le narrateur, au fil de l’ouvrage ? Emmanuel Godo à sa fille ? Au lecteur directement ? Nous ne saurions le dire précisément, tant les biais sont nombreux pour entrer pleinement dans ce livre, certes exigeant, mais ô combien nécessaire. Le savant mélange entre érudition, poésie et spontanéité au fil du dialogue permet une approche non pas simplifiée mais détournée d’un des plus grands monuments de la littérature mondiale, dont les flancs pour le moins escarpés peuvent souvent décourager, de même que l’altitude à laquelle le poète emmène parfois le lecteur.
Après Maurice Barrès, l’auteur gravit une marche encore plus haute pour s’immerger dans la Divine Comédie de Dante. Le livre est divisé de la même façon (« Enfer », « Purgatoire », « Paradis »), et s’organise autour d’un jeu de questions et de réponses en lisant le grand poème de Dante : « Chaque soir, à la même heure, elle venait. Nous prenions un chant, pas plus. Nous le lisions en silence. Puis nous en parlions. C’est ainsi, que jour après jour, nous eûmes le sentiment de remettre nos pas dans ceux de Dante et de Virgile. Nous ne lisions plus : nous étions en voyage ».
Lire Dante pour le combat spirituel
J’ai personnellement lu un chapitre de ce livre avant de relire le passage concerné dans la Divine comédie, afin de mêler ma propre réflexion à celle que j’étais en train de suivre entre le narrateur et son interlocutrice.
De poème prodigieux et éminemment religieux, j’ai pu envisager de passer à un stade de lecture plus personnel. Converser avec « mon » Dante pour en faire non pas un directeur de conscience – il ne l’a jamais prétendu – mais un ami qui du fond des âges me transmet quelques clefs pour aborder le grand chaos de la modernité, et quelques armes pour emprunter le chemin de la vie spirituelle : « C’est une manière de dire au contemporains : la bataille intérieure, celle qu’on livre pour le salut de notre âme, est encore plus difficile que la guerre au sens physique. Il faut un courage pour l’affronter, d’autres vertus – d’autres ressources spirituelles et morales – et pourtant elle est vitale : c’est là qu’on réussit ou que l’on manque son existence. » Une lecture précieuse donc, qui redonne l’espoir au moment d’entrer ici, dans l’oeuvre sans commune mesure de Dante.