Boualem Sansal, l’écrivain franco-algérien, a été arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à Alger. Une situation inacceptable qui devrait mobiliser bien au-delà des querelles idéologiques. Parce que pour se quereller, encore faut-il être libres.
Peu importe l’audience d’un blog, d’une revue, d’un journal, d’une chaîne de télévision. Quand un écrivain est emprisonné pour des motifs idéologiques, il faut le dénoncer pour dix, cent, mille lecteurs. Il faut l’écrire : nous soutenons Boualem Sansal sans aucune réserve. L’Histoire juge le reste. Il y a effectivement un gouffre entre l’Occident atomisé qui se souvient vaguement de son enracinement grec, latin et chrétien et un Orient sûr de son islamisme et de l’aveuglement que celui-ci induit. Les bonnes âmes frappées de cécité devant Mao, Pol Pot et Ho Chi Minh regardent la même tête de Méduse (verte, cette fois) et souffrent de la même pathologie à l’heure de dénoncer la mise aux arrêts d’un écrivain. Nous le répétons : nous soutenons Boualem Sansal.
Comme l’a montré Hannah Arendt, la totalitarisme repose avant tout sur l’idéologie, la terreur, et la constitution d’un ennemi objectif. Pour le gouvernement algérien, la France est une rente victimaire qui leur permet d’alimenter leur haine viscérale des Français et plus généralement des Occidentaux. Sansal incarne le bouc émissaire girardien offert en pâture à la foule abrutie par des décennies d’obscurantisme. Les mêmes qui détournaient le regard devant Soljenitsyne sont les mêmes qui affichent les mêmes pudeurs de gazelle devant Boualem Sansal. Du goulag à la casbah, il n’y avait qu’un pas.
Nous le disons et le redisons donc, pour un, pour dix, pour mille lecteurs : nous soutenons Boualem Sansal, sans autre légitimité que l’amour de la littérature et le sentiment de fraternité qui unit chaque lettré. Les désaccords peuvent et doivent exister, c’est une forme de matrice hégélienne pour que l’Histoire perdure, mais la liberté doit en être le fondement principal. Et osons le dire : surtout pour les écrivains.
Nous soutenons Boualem Sansal.
