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Si, ne serait-ce que du point du vue étymologique, l’étude de la Bible concerne avant tout le texte (« ta biblia » en grec ancien: tous les livres), la géographie constitue également un pan incontournable pour appréhender les études chrétiennes.

D’un point de vue historique, les évangiles nous renseignent sur le message de Jésus mais aussi sur l’espace qu’il traverse. De Galilée jusqu’à Jérusalem en passant par Capharnaüm, il s’agit de déplacements qui s’ancrent dans une topographie encore plus vaste qui plonge ses racines tant dans l’histoire du peuple juif que dans celle de la Terre Sainte. Dans son Atlas des pays bibliques (éditions Desclée de Brouwer), Jean Emériau expose avec talent et pédagogie la géographie de la Bible.

Les études bibliques sont aussi et surtout une attention toute particulière portée au contexte politique, diplomatique et militaire de la région, elle-même comprise dans un vaste réseau d’influences, de conquêtes et de dominations. Jean Emeriau présente ainsi, cartes et extraits de textes fondamentaux à l’appui (Flavius Josèphe, Lucain, Tacite …), les zones décisives de l’histoire biblique : Babylone, Rome, Athènes, la Macédoine, mais aussi les voyages pauliniens, puis les espaces islamisés qui bientôt viendront entrer en confrontation avec les régions juives et chrétiennes. Il est d’ailleurs toujours utile de rappeler, sources à l’appui, la prédominance juive sur ces territoires.

La Bible et le mouvement

Comme il le note dans le chapitre consacré aux cartes des voyages pauliniens : « Paul est un homme de son temps : il s’inscrit dans la longue lignée de voyageurs, de penseurs ou de voyageurs, grecs ou romains. (…) Citoyen romain, il vit dans ce vaste empire dont il utilise les routes maritimes et terrestres ». De l’exode jusqu’aux périples des apôtres, l’histoire biblique est affaire de déplacements.

L’ensemble des cartes présentes au sein de cet ouvrage confirme cette belle idée d’une histoire à la fois textuelle et géographique qui est mouvante et ne se laisse pas enfermer dans un territoire précis. Ce livre permet aussi de mieux comprendre comment Rome est devenue l’épicentre du christianisme, même si la révélation s’est accomplie en Terre Sainte.

La mobilité représente donc l’essence même du christianisme. C’est l’origine même de l’envoi en mission pour tendre à l’universel. La Bible ne montre pas des pèlerins qui se mettent en route pour recevoir un enseignement auprès d’un sage figé sous un arbre, mais l’exact inverse. Le message est reçu puis transmis, quitte à emprunter les chemins de traverse pour aller à l’autre bout du globe. La foi chrétienne voyage. Jean Emériau fait bien de rapporter cette citation : « Où que j’aille dans l’empire, dira plus tard le prêtre Orose, même si je ne connais personne, je suis tranquille : je suis romain parmi les romains, chrétien parmi les chrétiens, homme parmi les hommes. (…) Je suis partout chez moi ! ».

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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