Christophe Dickès publie Pour l’Eglise, ce que le monde lui doit, aux éditions Perrin. A travers ce livre aussi enrichissant que passionnant, l’auteur analyse les apports majeurs de la religion catholique qui façonnent encore notre monde d’aujourd’hui.
L’affaire est entendue : grâce à Voltaire et aux Lumières, la Raison a triomphé sur la Religion et l’avènement de la liberté a permis d’en finir avec des siècles de superstition et d’asservissement. A en croire même la vulgate moderniste, la religion catholique maintenait le monde dans l’erreur, proclamait que la Terre était plate et persécutait les scientifiques face à l’évidence. Toute cette légende noire bâtie depuis le XIXe siècle a eu la vie longue, mais ne résiste pourtant pas aux faits : le livre de Christophe Dickès le montre avec maestria.
« L’homme moderne sans Dieu est cerné par le travail et les conceptions des hommes de Dieu », affirme-t-il d’ailleurs. De la conception du temps à la nécessité de la transmission, de la réflexion sur l’Etat jusqu’à l’attention et au soin des plus faibles, de l’essor de la science à la libération de la femme avant l’heure jusqu’à l’union des nations et les premières pensées sur l’Europe, l’historien montre que l’Eglise catholique a édifié la plupart des structures de notre société, et, osons le mot, a même été la source de bien des progrès décisifs dans l’histoire de l’humanité. Christophe Dickès montre que nous lui devons même la laïcité, et que cette dernière lui a été profitable : « Quand l’Etat se sépare de l’Eglise par les lois de 1905, la République lui redonne sa pleine liberté. Dit autrement, la séparation met fin à des siècles de gallicanisme, cette théorie qui voulait que, contre Rome, l’Etat organise lui-même la vie de l’Eglise ».
Loin des clichés éculés contre l’Eglise, l’auteur montre la grandeur de ses oeuvres et leur pleine actualité. Il suffit de penser à l’émoi mondial suscité par la réouverture de Notre-Dame et les visages des grands de ce monde qui, l’espace d’un instant, empreints de gravité, se sont tournés vers l’autel de la cathédrale pour quelques minutes de recueillement. Peut-être se disaient-ils que tout ce qui les unissait se trouvait parmi ces vitraux, ces reliques et ces pierres. C’est en tout cas ce que nous pouvons en conclure après la lecture de Pour L’Eglise, pour mesurer tout ce que le monde lui doit.