Votre aventurier préféré rentre au bercail. Cela lui permet de réfléchir sur la finalité du voyage.
Semaine du 25 au 29 août
Lundi
Après une journée sans encombre, je commande un taxi pour me rentre à l’aéroport. Je retrouve Henry, l’homme au cure-dent, qui connaît tous les recoins de Nairobi.
La pluie battante ayant fait son œuvre, nous sommes pris au piège par des embouteillages monstres. Qu’à cela ne tienne, Henry, n’écoutant que son courage, décide de prendre des chemins de traverse. Après un créneau bruyant, nous nous retrouvons sur le terre-plein, défiant le léviathan motorisé. Des deux côtés, les automobilistes nous observent, partagés entre le mépris et la convoitise.
Nous arrivons à l’aéroport à temps. La France me tend les bras. Ce sera un vol de nuit, sans sommeil.
Mardi
Après un vol Kenya Airways aux turbulences prononcées, me voici dans un bus qui parcours le tarmac. Je suis rentré pour un instant à Paris. Rémi trouve que cette femme n’a pas changé. C’est plutôt rassurant.
Le mois d’août, à l’écoute des badauds, a été un vrai traumatisme météorologique. Je n’en ai cure.
J’arrive à la gare, sur ce bon vieux RER B, pour qui le retard est devenu un art de vivre. Un Télé 7 jours gît sur un strapontin qui n’a pas eu le courage de se relever. La couverture titre : « Hanouna, l’excité du PAF ». Ça y est, le retour en France est entériné.
Mercredi
Après quelques courses, je décide de prendre une bière au comptoir dans un bar parisien. Un serveur avec une ceinture et des bretelles me demande ce que je veux boire. Médusé par cet accoutrement, je me suis tu.
A côté de moi, ça commente le tirage au sort de la ligue des champions : Ajax Barça, PSG. Le Michel commentait le tirage au sort comme si sa vie en dépendait.
Je profite d’ailleurs de mon escapade parisienne pour me refaire une garde-robe. Nul besoin d’évoquer le fossé stylistique qui sépare le Kenya de la capitale. Je termine ma journée par une grande marche dans les principales artères de la ville.
Jeudi
Je retrouve un vieux livre que j’ai beaucoup cherché, croyant l’avoir égaré à jamais.
Tel un gâteaux au chocolat, je me jette dessus comme un mort de faim.
Sous l’aile protectrice de l’Etat, d’Abram de Swaan
Vendredi
Le soir venu, je revois les collègues. Nous discutons à l’envi de ce que signifie l’amitié au sein d’un groupe d’hommes.
Un de mes compagnons d’infortune éclate de rire lorsque je lui montre une photo d’un lion se délectant d’un zèbre que j’avais pu voir au Kenya.
Lorsque je lui demande la raison cette gaîté soudaine, il me répond que mon âme voyageuse reste pour lui un mystère. Après un passage remarqué au pays de l’Oncle Sam, me voilà en Afrique. Le monde ne semble être pour moi qu’un vaste terrain de jeu. Le caractère immuable et au final assez répétitif de ces occurrences fait de moi un « globetrotter ». Il fallait qu’un tiers mette en forme cette matière discordante pour que je prenne conscience de cette félicité, de cette diversité d’horizon. Car rien n’est délibéré.
Ainsi, rien n’est vain dans ce monde et partout, on a toujours quelque chose à retirer de ces grandes promenades. Par un examen plus attentif, l’usage pratique des voyages réside en moi comme un fondement originel, une partie de moi. Je ne serai pas moi si je n’allais pas voir le monde.
Après ces retrouvailles, je rentre chez moi, en RER.