Partagez sur "Cahier de l’Herne spécial Perec : Un hommage époustouflant à la hauteur de l’écrivain"
C’est à travers l’écoute attentive d’une émission France Culture spéciale Perec que j’ai pris connaissance de la publication des cahiers de l’Herne sur Georges Perec.
Quel travail ! Un livre magnifique, complet, qui donne envie de lire, relire Perec, mais aussi de comprendre l’auteur pour mieux appréhender son oeuvre. Ce cahier dirigé d’une main de maître par Claude Burgelin, Marylin Beck et Christelle Reggiani nous fait découvrir en 280 pages l’univers complexe, magique d’un écrivain qui n’est parfois pas reconnu à sa juste valeur.
« La connaissance de Georges Perec est essentielle à la compréhension de l’artiste ».
Un cahier introduit par un avant-propos d’une grande qualité, qui, en une page nous résume d’une manière synthétique pourquoi Perec fascine tant ses contemporains. Les trois auteurs sont unanimes, Perec est un « contemporain capital », « un auteur polymorphe », qui plonge le lecteur dans sa recherche vitale du double « je(u) ». Avec cet avant-propos, nous sommes plongés dans la pluralité de l’oeuvre perecquienne mais aussi dans les paradoxes, dans la complexité que dégage l’Homme. La connaissance de Georges Perec est essentielle à la compréhension de l’artiste. C’est sans doute pour cette raison que le cahier commence le premier chapitre en l’intitulant « Perec cherche Perec ».
Se perdre avec Perec
Entre inédits, écrits de jeunesse, ses récits critiques, des hommages, des éléments de compréhension, le cahier est d’une richesse incroyable. Perec est beau, intense, viral, Burgelin, Beck et Reggiani l’ont compris en rendant ce cahier essentiel à ceux qui aiment la littérature mais aussi, et surtout, à ceux qui aiment Georges Perec. Le cahier est parfaitement structuré tel un GPS dans les allées d’un labyrinthe, tout en nous laissant le plaisir de nous perdre si nous le désirons. Les anecdotes sont sublimes, l’histoire de l’homme à travers les écrits de ses jeunes années est incroyable.
« Il prend la langue française comme un laboratoire ».
Je disais au début de mon propos que Perec n’était pas forcément reconnu à sa juste valeur. C’est dans ce cahier que l’on se rend compte de la grandeur qualitative de son oeuvre. Perec n’a pas un style, il adapte son style à ce qu’il doit réaliser. Il prend la langue française comme un laboratoire tout en ayant un respect pour celle-ci, mais il exploite au maximum ce qu’il peut faire avec. Sa double histoire dans W, ses puzzles dans La Vie Mode d’Emploi ou encore son choix d’ôter le e dans La Disparition en sont des témoins majeurs et nous feraient presque regretter que son projet d’écrire un roman avec tous les mots du dictionnaire n’ait pu exister à cause de sa mort prématurée.
Liens :
La Compagnie des auteurs sur France Culture, à propos de Perec