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C’est une semaine particulière qui vient de s’écouler pour Christophe Berurier : trois jours de formation durant cette semaine, avant les vacances.

Lundi

Formation dans le cadre d’un partenariat entre collège et cinéma. Objectif simple : emmener les élèves voir des films qu’ils ne verraient pas autrement.

Cette première journée me fait découvrir un plaisir simple. La distance domicile-travail, habituellement de quarante cinq minutes en voiture ou d’une heure dix en RER et bus, se réduit à dix minutes de bicyclette. En quatre ans d’enseignement, j’ai exercé dans huit établissements différents dans un rayon de cent kilomètres. Il est donc compliqué de s’installer à proximité du lieu de travail.

Les formations ont l’habitude de commencer en retard et d’être ennuyeuses. En arrivant vingt minutes après l’heure de convocation, je reste en avance d’une bonne demi heure sur le début effectif de la journée. Mes collègues trouvent cela normal. Après tout, pour une fois qu’il n’y a pas de sonnerie.

Mardi

Exceptionnellement, nous avons été prévenus hier : la journée débutera à l’heure. Avant d’entrer dans la salle, à l’heure annoncée, je m’entretiens avec une vieille connaissance. Il m’explique qu’il suit cette formation tous les ans depuis plusieurs années ; que c’est la bonne semaine, qu’on est crevés, et que les gosses aussi, alors c’est mieux comme ça.

Je reconnais dans la salle plusieurs personnes avec qui je passais le CAPES il y a quelques années. Nous nous ignorons avec respect. Après tout, je connais déjà leur quotidien et eux le mien. Je n’ai pas envie d’entendre qu’eux aussi ont des élèves parfois difficiles et que les parents ne se rendent pas compte…

Un collègue me demande si je souhaite déjeuner avec lui et d’autres enseignants. Je lui réponds par la négative en lui expliquant que je n’ai pas l’esprit de corporation et que je préfère manger seul. Il semble mal prendre la chose.

Jeudi

Dernier jour de formation. Les intervenants se succèdent et se ressemblent. Six personnes ont pris la parole durant ces trois jours ; et je n’ai pas le sentiment d’avoir développé ma pédagogie. Étrangement, la formation fait partie des missions de l’enseignant. Pendant de très longs moments, on nous a répété que cette formation n’était pas acquise et qu’il fallait la défendre. J’ai pensé que sur ces trois jours, un jour et demi aurait suffi. 

Certaines formations ont pour but d’aérer l’esprit des enseignants. D’autres veulent les rendre plus compétents. Celle-ci se situe dans un brouillard entre les deux.

Vendredi

Avant les congés de la Toussaint, je retrouve mes classes pour la journée. Et je suis heureux de retrouver l’emploi pour lequel je suis payé. Une élève de cinquième a encore remarqué qu’il n’y avait pas d’images dans leur livre.

La journée se passe dans un joyeux bazar généralisé. En visionnant un extrait de Dictateur de Charlie Chaplin, quelques élèves ont ri. En quittant les salles plusieurs élèves diront cette réplique qui après tout excuse bien des choses : « Monsieur, c’est parce que c’est les vacances. »

*

Post Scriptum : Christophe Berurier est l’heureux papa d’une petite fille, il n’y aura donc pas de journal durant deux semaines à la rentrée pour cause de congé paternité. À dans un mois.

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Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

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