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Jean-François Chemain (le bien nommé), publie Ces Idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde, aux éditions Artège. Une analyse qui – par-delà les clichés immémoriaux accolés à la religion chrétienne – nous éclaire sur les apports décisifs de l’Eglise tout au long des siècles.

Huit années que je suis baptisé, huit années que je me demande encore comment un Juif de Palestine, né dans une étable puis suivi par douze compagnons, torturé puis mis à mort de la plus abjecte des façons, a pu révolutionné le monde aussi profondément. Huit années que je m’interroge encore sur deux millénaires de doutes, de schismes, de guerres, d’insultes, de persécutions, d’erreurs parfois, de compromissions souvent, de tentatives d’effacement, de calomnies ; bref, sur ces deux millénaires d’une histoire pour le moins chaotique qui n’en demeure pas moins grandiose et surtout animée d’une force spirituelle qui dépasse l’entendement.

Alors, je lis.

Pour comprendre comment le christianisme a pu se répandre aussi rapidement au sein de l’empire romain pourtant viscéralement attaché au paganisme. Pour comprendre comment ces communautés de témoins prêts à tout perdre pour témoigner de ce qu’ils ont vu, ont pu devenir universelles. Pour comprendre ce qui parfois ne peut pas l’être. « Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens », comme l’écrit saint Paul.

Le livre de Jean-François Chemain fait partie des ouvrages que j’affectionne, car il permet de mettre en perspective l’histoire du christianisme à rebours non seulement des stéréotypes véhiculés depuis les Lumières (l’exemple de l’invention de la croyance de la terre plate au moyen-âge en constitue l’illustration la plus éloquente), jusqu’au relativisme mortifère de notre époque.

Science, politique, progrès : les liaisons dangereuses

Si rien n’a été parfait en deux mille ans d’histoire – et Chemain indique avec honnêteté les écueils contre lesquels le christianisme a pu se heurter – il n’en demeure pas moins qu’il est à l’origine de notre civilisation, et que les idéaux de progrès, de liberté, de science n’ont pas été bâti contre l’Eglise mais que c’est bien nos fondations chrétiennes qui ont permis cette émergence unique au monde.

Un passage marquant du livre concerne les propos d’un membre de l’Académie chinoise des sciences sociales, qui confie : « L’une des questions sur lesquelles on nous a demandé de nous pencher était ce qui explique le succès, en fait la prééminence, de l’Occident dans le monde entier. Nous avons étudié tout ce que nous pouvions des points de vue historique, politique, économique et culturel (…) Nous nous sommes rendu compte que le coeur de votre culture, c’est votre religion : le christianisme. C’est pour cette raison que l’Occident est si puissant ». La légende noire de la chrétienté, véhiculée aujourd’hui par les médias, les manuels scolaires et le discours politique, se trouve mise à mal.

Jean-François Chemain égraine ainsi tout ce que nous devons à nos racines chrétiennes. L’unique reproche qui peut être adressé au livre, est justement de parler (jusqu’au titre) de christianisme, alors qu’il s’agit bien tout au long des pages des Catholiques et de l’Eglise, n’ayons pas peur des mots. Ces Idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde sont un précieux bréviaire pour penser notre histoire avec justesse et honnêteté, contre le communautarisme relativiste d’aujourd’hui, le laïcisme forcené et autre wokisme, qui sont, eux, le véritable obscurantisme.

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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