A l’occasion de la diffusion de (l’excellent) Vaincre ou mourir de Vincent Mottez et Paul Mignot sur Canal +, nous ne saurons que trop conseiller la biographie qu’Anne Bernet consacre à Charette, aux éditions Perrin.
François Athanase Charette de la Contrie n’est certes pas le personnage le plus connu de l’histoire de France, et pour cause : emblème de la contre-révolution, symbole de la résistance vendéenne aux hordes républicaines, protecteur de son territoire au nom de Dieu et du Roi : il est l’exemple parfait d’un certain « wokisme » déjà à l’oeuvre au cours du XIXe siècle jusqu’à la IIIe République par les historiens du « roman national », afin de gommer des mémoires son héroïsme face aux génocidaires qui avançaient pourtant avec le masque du Progrès.
Trop terrien, trop catholique, trop aristocrate, trop Ancien Régime. Il s’agit pourtant d’un héros majeur de l’histoire de France, même si les thuriféraires de la Révolution n’ont eu de cesse de mettre sous cloche l’épineuse question vendéenne, jusqu’à ce que la polémique sur la portée génocidaire des évènements n’éclate que (trop) récemment.
Charette constitue également un excellent sujet d’étude historique, tant sur le plan du contexte, de sa psychologie, de son éducation. Comme le montre excellement Anne Bernet, rien ne prédestinait cet ancien officier de marine taciturne au commandement. Mais l’Histoire fait aussi les héros.
L’historienne montre avec une rare précision comment le sentiment du devoir finit par s’imposer à Charette, afin de prendre la tête d’un soulèvement qui du pays de Retz au Marais breton voit des milliers de Vendéens mener une guérilla contre les colonnes infernales venues les exterminer.
Anne Bernet ne cache pas sous le boisseau les exactions commises aussi par Charette et ses hommes, qui face à la cruauté de l’ennemi, ont parfois voulu répondre avec la même virulence. La lecture de cette biographie est nécessaire pour comprendre le basculement d’un monde vers un autre, dont le notre porte encore quelques stigmates.
A l’heure où des hurluberlus osent rendre hommage au sanguinaire Robespierre au mépris de toute morale et de toute humanité, le souvenir de Charette est aussi stimulant que porteur d’espoir pour résister aux forces de destruction qui, de tout temps, savent se draper dans les oripeaux du Bien et de la Vertu.
