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Les éditions Perrin publient Ecrits historiques de combat, un volume qui reprend trois ouvrages majeurs signés Jean Sévillia : Historiquement correct, Moralement correct et Le Terrorisme intellectuel. Véritable pourfendeur de la repentance comme de la déconstruction du roman national, Sévillia régale tant par sa verve que par sa passion pour l’histoire de France.

« Qu’est-ce que l’Histoire ? Un clou auquel j’attache mon roman », déclarait malicieusement Alexandre Dumas pour décrire sa littérature. Qu’est-ce que l’Histoire aujourd’hui ? Un clou auquel les professionnels de la falsification et autres grands pontes du politiquement correct attachent leurs victimes qui ont le tort de mal penser, serions-nous tentés de répondre. Parce qu’en effet, même si l’Histoire a toujours été un enjeu politique (surtout lors de la IIIe République), elle est aujourd’hui devenue le vecteur d’une certaine idéologie dominante qui imprègne la sphère médiatique et l’Education nationale.

« C’est à ces apôtres de l’ouverture aux Autres, pourtant toujours prompts à traîner le moindre réfractaire devant les tribunaux ou à sonner l’hallali cathodique, que Jean Sévillia répond avec ces trois essais ». 

La récente curée autour de Nicolas Sarkozy, coupable d’avoir évoqué « nos ancêtres les Gaulois », est une illustration parfaite de cette dépossession historique à laquelle se livrent ces Inquisiteurs d’un genre nouveau qui interdisent, musellent, et jettent à la vindicte jusqu’à ce que le bouc émissaire abjure.

Il ne s’agit plus de glorifier nos valeureux ancêtres pour souder tout un peuple autour de récits communs, mais plutôt, sous les coups de boutoir du multiculturalisme triomphant et de l’individualisme forcené, de ployer sous le joug de la bien-pensance. C’est à ces apôtres de l’ouverture aux Autres, pourtant toujours prompts à traîner le moindre réfractaire devant les tribunaux ou à sonner l’hallali cathodique, que Jean Sévillia répond avec ces trois essais. 

Enquête et incorrection

« L’idéologie en place modifie les paradigmes politiques, sociaux, culturels, anthropologiques, religieux et historiques, changement qui suscite des oppositions. Mais les opposants doivent être éliminés ou réduits en silence. Pour ce faire, on leur colle une étiquette destinée à leur ôter tout droit à la parole : réactionnaire, fasciste, homophobe », résume-t-il dans son introduction (p. 14). Les anciens staliniens, spécialistes ès procès et condamnations morales, connaissent à merveille ce système d’exclusion moralisateur. 

Le Terrorisme intellectuel (initialement paru en 2000), analyse ce mécanisme à travers un demi-siècle d’excommunication. Les rares intellectuels à avoir douté des vertus humanistes d’un Staline ou d’un Mao ont été cloués au pilori, alors que ces grandes figures du genre humain étaient célébrées sur toutes les unes de la presse bon teint … D’Historiquement correct (2003), nous retiendrons ces savoureuses remises en cause des idées reçues sur des thèmes polémiques (les croisades, l’Inquisition, l’esclavage, la résistance) qui, chapitre après chapitre, dénoncent les impostures à partir de nombreuses sources tout à fait éclairantes. Enfin, Moralement correct (2007) revient sur notre changement de société, ses mutations sociologiques, le règne de l’individu-roi, hédoniste et rétif à l’autorité, citoyen du monde par principe dans un monde en proie aux crises successives. 

« Il est faux de dire que celui qui ne croit pas en Dieu ne croit en rien, parce qu’il commence à croire en tout », disait Chesterton.

« Dans l’histoire du terrorisme intellectuel, l’émergence du fait médiatique constitue le tournant majeur. Désormais, l’influence du discours dominant est décuplée. Sous de Gaulle, « la télévision française, c’était l’Etat dans la salle à manger », rapporte Alain Peyrefitte. Naguère, la pensée de Sartre touchait ceux qui le lisaient, et eux seuls. Aujourd’hui, la télévision française, c’est Sartre dans la salle à manger », conclut Jean Sévillia (Le Terrorisme intellectuel, p. 369). Les journalistes, qui votent à 80% pour la même idéologie, se font ainsi l’écho d’un prêt-à-penser qui, s’il ne résiste pas à une analyse poussée des faits, a le mérite d’une certaine cohérence avec un pays rongé par le doute et les anxiolytiques.

L’oeuvre de Sévillia est salutaire. Elle remet littéralement l’église au centre du village avec audace et un certain panache. « Il est faux de dire que celui qui ne croit pas en Dieu ne croit en rien, parce qu’il commence à croire en tout », disait Chesterton. Et si la sécularisation de notre société était une cause de ce tragique relativisme permanent ?

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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