Partagez sur "« Le Bruit de la douche » : Et si DSK avait été élu ?"
Le Bruit de la douche, roman écrit pas David Desgouilles, est sorti cette semaine aux éditions Michalon. Et le Nouveau Cénacle a aimé.
Souvenons-nous de ce matin de 2011 lorsque, complètement ébahis, nous avons vu notre ancien Ministre des Finances entouré de deux policiers new-yorkais, embarqué comme le dernier des malfrats alors qu’il comptait annoncer son intention de se présenter aux primaires du PS afin de défier Nicolas Sarkozy en 2012. Les amis de longue date comme Pierre Moscovici durent renier le galeux et la droite pu se réjouir de voir sombrer le tout-puissant patron du FMI, pour une affaire de viol dans cette chambre du Sofitel.
Et si DSK avait gardé son peignoir …
Les dossiers commençaient à s’empiler sur DSK avant que ce dernier ait un accident de braguette.
David Desgouilles, auteur du blog Antidote sur Causeur, connait bien la politique et, en enfant de sa génération, il n’a plus beaucoup d’illusions sur les élites politiques de son pays. Parce que depuis les années 80, l’électeur moyen n’a certes pas tout compris des évolutions macroéconomiques consécutives à la mondialisation mais il sait au moins une chose : la gauche et la droite sont devenues plus ou moins la même entité, surtout depuis Maastricht, l’euro et plus récemment le Traité de Lisbonne.
La douche de DSK au Sofitel, pendant que Nafissatou Diallo finit sa tâche ménagère, est donc le point de départ de ce récit uchronique qui verra l’ancillaire quitter la pièce pour ne pas tomber sur l’occupant dévêtu. Strauss-Kahn se sèche, enfile son peignoir : il n’y a plus d’affaire du Sofitel, et Dominique repart sereinement en avion pour conquérir l’Elysée.
Avant ce scandale, les premières flèches avaient été lancées par la gauche comme par la droite : son train de vie, ses mœurs, voire l’affaire du Carlton de Lille que l’équipe de Sarkozy gardait précieusement sous le coude, son image d’élite mondialisée pour paraphraser Jean-Pierre Chevènement, bref, les dossiers commençaient à s’empiler sur DSK avant que ce dernier ait un accident de braguette. Et c’est précisément toutes ces critiques que nous retrouvons dans ce texte, que le malicieux Dominique finira par battre en brèche pour les mettre à son profit et deviendra même sous la plume de Desgouilles un apôtre des racines de la France.
… Et était devenu de gauche ?
Parce qu’à peine débarqué en France, DSK choisit Anne-Sophie Myotte, économiste reconnue et réputée pour son souverainisme, pour diriger sa campagne. Cette dernière, entre son aventure avec un conseiller proche de Buisson et ses convictions, parvient à mettre au pas les plus réfractaires comme Moscovici. Et c’est sur ce point que réside toute l’intelligence de cet ouvrage : comme Sarkozy a eu son Guaino, DSK choisit une conseillère totalement opposée à ses idées mondialistes pour rameuter large. Et l’opinion suit.
Il faut également saluer le travail effectué autour des personnages secondaires qui ont chacun leur importance qui confèrent à ce livre une certaine crédibilité littéraire.
Il est vrai que Strauss-Kahn sait mieux que quiconque les limites de la monnaie unique, et lui aurait certainement pu tenir tête à Angela Merkel sur la question de la croissance. Mais lire les échanges de DSK, nouveau fervent défenseur du souverainisme monétaire, avec la chancelière allemande, entre deux conversations fictives de Buisson avec Zemmour, il fallait y penser !
Il faut également saluer le travail effectué autour des personnages secondaires qui ont chacun leur importance (Buisson et Zemmour donc, mais aussi Jacques Sapir) qui confèrent à ce livre une certaine crédibilité littéraire, dans lequel le « Tout-Paris » politico-médiatique se croise, s’informe, se fait la bise, se trahit.
Mais chacun sait que DSK n’a pas été élu. Qu’il est encore moins devenu un socialiste, et surtout pas souverainiste. Que ce thème effraie les grands partis dits « de gouvernement » et qu’il s’agit, pour eux, d’une lubie réactionnaire.
Le Bruit de la douche est un premier roman réussi, écrit avec beaucoup de drôlerie et une finesse de jugement remarquable. A quand la suite des aventures d’Anne-Sophie Myotte ?