Partagez sur "Le capitalisme est devenu le pire des communismes"
Selon Marx, il fallait conduire le capitalisme jusqu’à son terme pour qu’advienne le communisme et donc le partage des richesses. Mais l’Histoire en a décidé autrement.
Le Mur de Berlin est tombé, entraînant dans sa chute les divers régimes soviétiques, alors même que la financiarisation de l’économie commençait à connaître son apogée. L’ultra-capitalisme a succédé au capitalisme, devenant le pire des communismes.
Capitalisme et communisme ont toujours marché main dans la main. Ils veulent l’effacement des nations soit pour que le monde devienne un marché unique, soit pour une révolution des travailleurs et un partage plus juste des richesses sur le globe. Ils perçoivent, l’un comme l’autre, l’être humain uniquement à travers le prisme économique : le marché peut libérer l’homme comme la « dictature du prolétariat » peut soustraire ce dernier aux griffes de l’aliénation. Mais le capitalisme a concrétisé le rêve communiste en mettant à mal les frontières nationales, les structures familiales ainsi que les civilisations. Le totalitarisme a désormais le masque du capital.
« L’élection d’Emmanuel Macron, qui rêve tout haut d’une « start up nation », n’est que le triste symbole de ce totalitarisme économique qui est l’inverse de la politique réelle ».
Dans un essai intitulé Traité de résistance pour le monde qui vient, Bertrand Vergely analyse finement ces différents bouleversements structurels qui touchent tant le genre sexuel, l’homo economicus et nos cultures. Il écrit en effet dès l’introduction : « La véritable politique est autre. Nullement politicienne, elle est antipolitique, être ainsi antipolitique consistant à rappeler à la Cité que la vie doit être d’abord la vie vraie, à savoir la vie pour la vérité et non un système militaire, gestionnaire et bureaucratique ». L’élection d’Emmanuel Macron, qui rêve tout haut d’une « start up nation », n’est que le triste symbole de ce totalitarisme économique qui est l’inverse de la politique réelle. « Après moi il n’y aura plus que des financiers et des comptables », déclarait François Mitterrand. Pire. Nous élisons des DRH.
Le testament de Vaclav Havel
Paraphrasant Muray, le philosophe ajoute dans son chapitre sur « L’empire du Bien » : « Quand la gauche s’est mise à rechercher le pouvoir, elle a cessé de parler de l’Homme fondamental, vertical et transcendant, en le remplaçant par l’Homme égalitaire, horizontal et immanent », avant d’affirmer : « Dans notre monde d’aujourd’hui cela donne l’individualisme pour tous, ce mixte étrange de libéralisme et de socialisme associant le client roi que l’on retrouve dans le libéralisme et de socialisme associant l’électeur roi que l’on trouve dans le socialisme ». Le bien commun s’est effacé devant le culte du particulier. Tout être constitue une cible marketing, et il suffirait de lui tenir un discours émancipateur pour le satisfaire.
« Avec la victoire mondiale de la consommation, plus rien ne distingue l’individualisme consumériste qui rêve de pouvoir tout consommer et le socialisme prométhéen qui rêve de faire triompher l’homme ».
L’auteur rappelle les cinq traits du « post-totalitarisme » – compris comme « la rencontre historique entre la dictature et la consommation » recensés par Vaclav Havel dans ses Essais politiques : la surveillance, l’amnésie, le cynisme, la manipulation mentale, le consumérisme. Il suffit d’ouvrir un journal pour trouver des exemples pour chacune de ces assertions. Chaque mot que nous employons est surveillé, jugé. Les programmes d’histoire sont rabotés année après année, tout comme les cours de langues anciennes. Le ricanement est permanent. Et le culte consumériste va bientôt faire irruption jusque dans la procréation avec la PMA et la GPA. Le marché a triomphé. Il surveille et fabrique des consommateurs dociles, comme le communisme n’a jamais osé le rêver. Les recherches sur le genre sont, à mots couverts, des moyens pour créer un « Homme nouveau ».
« Avec la victoire mondiale de la consommation, plus rien ne distingue l’individualisme consumériste qui rêve de pouvoir tout consommer et le socialisme prométhéen qui rêve de faire triompher l’homme », souffle Bertrand Vergely. Nos ennemis, comme l’Etat islamique, n’ont en revanche pas oublié qui nous sommes. S’ils nous attaquent pour nos « dépravations », ils nous nomment surtout « les adorateurs de la Croix ». Et si, la meilleure réponse à apporter aux totalitarismes (communiste, capitaliste ou islamiste), résidait davantage dans l’affirmation et la reconnaisance de ce que nous avons été ? L’enracinement est la plus belle des défenses pour tenir bon face aux bourrasques de la fin de l’Histoire.
Lien
Traité de résistance pour le monde qui vient, de Bertrad Vergely, aux éditions Le Passeur