Christophe Bérurier est prof. Comme chaque dimanche, il nous raconte sa semaine passée dans son établissement en ZEP.
Lundi
Rappel de la conjugaison du présent de l’indicatif avec toutes mes classes, soit une cinquième, une quatrième et deux troisièmes. À chaque fois, y compris en troisième, un bon tiers des élèves ne maîtrisent pas les règles de ce temps de la conjugaison française. À la récréation, j’essaie de faire des photocopies. Une collègue utilise déjà la machine.
« J’espère que tu n’es pas pressé, me dit-elle en me montrant le nombre de copies en cours.
— 400 copies, c’est une blague ? Ai-je osé.
— Non c’est pour le foyer, répond-elle.
— Mais … l’année dernière, combien d’élèves s’y sont inscrit, rappelle-moi ?
— Une bonne quinzaine ! »
En acquiesçant, j’ai repris le chemin de ma salle de classe, sans photocopies.
Mardi
Formation sur l’apprentissage du français aux élèves arrivant de l’étranger. Cette formation est imposée. Je n’ai pas d’élèves arrivant de l’étranger. A 9h30, nous sommes trois professeurs. A 11h45, le compte est bon : trente deux professeurs. Il est indiqué 9h sur la convocation.
J’ai demandé si nous pouvions utiliser la machine à café de l’établissement. On m’a répondu qu’on ne savait pas si nous avions le droit, mais que cette année les toilettes avaient été ouvertes spécialement pour nous.
Une voisine me demande alors si l’homme qui intervient connaît tous les autres car il les tutoie. Je lui réponds par la négative et lui précise que c’est la mode.
Une jeune collègue prend la parole pour expliquer qu’elle est professeur principale d’une classe d’élèves ne parlant pas français. Elle précise qu’elle est « contractuelle admissible ». Elle n’a donc pas encore son concours et enseigne le français à des enfants non francophones.
Mercredi
C’est le cross du collège. J’ai remarqué qu’il serait positif pour les élèves de voir leurs enseignants participer eux aussi à la course. On n’a pas su me répondre.
Jeudi
Journée de contrôle. Les élèves sont très étonnés lorsque je leur demande de travailler en silence.
Un collègue entre dans la salle des professeurs à l’heure du repas. Il est énervé et explique que c’est inadmissible, le portail électrique est encore cassé.
Vendredi
Un élève de troisième entre en classe avec un mot collé dans le dos. Il ne s’est rendu compte de rien. Je suis étonné de voir le caractère intemporel de cette mauvaise blague.
En arrivant ce matin, je vois qu’une de mes élèves attend avec sa maman pour un rendez-vous avec l’assistante sociale. Plus tard dans la journée, je demanderai la raison de la présence maternelle. L’élève me répond qu’il y a des problèmes à la maison : j’apprendrai quelques instants plus tard que la famille tente d’éviter l’expulsion de leur logement.
Christophe Bérurier