Dans son nouveau livre C’est ça la France ! (éditions Flammarion) Frédéric Hermel propose son « Petit musée joyeux d’un peuple pas comme les autres ». Un texte particulièrement fin et inspirant à l’heure du « French bashing » et autre « cancel culture ».
Comme Usbek et Rica ont silloné la France pour consigner les particularités françaises, l’oeil de Frédéric Hermel se veut avant tout extérieur. Lui, l’exilé en Espagne, infatigable conteur des prouesses de Zidane sur le banc des Merengues, lui le correspondant à l’étranger qui vit chaque départ de France comme une déchirure, nous invite à poser un regard nouveau sur notre pays. Depuis trois décennies, il est de bon ton de se pincer le nez en évoquant l’Histoire de France ou de hausser les épaules devant le galeux qui s’adonnerait à une démonstration de chauvinisme. En plusieurs « mythologies » qui rappellent celles de Roland Barthes, l’exilé énumère avec sensibilité les différents traits qui, mis bout à bout, constituent le bonheur d’être français. Le pas de côté que l’auteur propose est un pur régal : simple, authentique, franchouillard.
Aller acheter sa baguette de pain, réciter un poème de Victor Hugo, ouvrir une bouteille de Pastis, aller voter. Autant de petits cérémonials du panthéon bleu blanc rouge trop souvent réduits à l’image du « beauf » que le mépris de classe d’une certaine élite a fini par imposer. Ce qui horrifie tant les décoloniaux et autres indigénistes, Hermel le célèbre. Un livre qui donne envie de se servir un verre de Bordeaux et de croquer dans une baguette tradition tout juste sortie du four. Fièrement.
C’est quoi la France ?
Nous ne serons pas tous unanimes sur le goût de la marinière ou l’admiration du Grand Meaulnes, mais qu’importe : être français c’est une manière unique au monde de parler, de se vêtir, d’aimer, de lire, de manger. De boire, bien sûr. De râler aussi, voire de s’engueuler à l’approche des élections. C’est aussi l’art de se réconcilier à table et de tout oublier.
En reposant le livre, les sentiments sont mêlés et oscillent entre le bonheur et la mélancolie. Ce que Hermel décrit est tantôt disparu (dans certaines banlieues par exemple), voire attaqué ou bientôt « cancelé » (le sapin de Noël à Bordeaux, les célébrations de l’Empereur et autres gloires militaires d’un temps révolu). Reste le bonheur d’appartenir à un peuple aussi digne et attaché à un art de vivre que le monde entier envie depuis plus d’un millénaire.
Il montre finalement la meilleure réponse possible aux ennemis de la France telle que nous l’aimons : loin des oukases extrémistes ou des rodomontades décoloniales, Hermel oppose la joie d’être français et les 1001 petits riens qui font ce bonheur. C’est un livre qui déborde de bienveillance, de sincérité, de sensibilité et qui respire le bonheur. Bref, un livre à l’image de son auteur.