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Il a été capable de pardonner. Il a réussi à réconcilier. Barack Obama a raison : il a fait plus que ce qu’on peut attendre d’un homme.

Les hommages pleuvent. Du monde entier. L’humanité reconnaissante a eu le temps de s’y préparer. La voici désormais qui s’incline unanimement après la perte d’un géant, incarnation du plus juste des combats : celui pour la liberté, dont il restera le visage. Elle oscille entre admiration, tristesse et soulagement. Parce qu’il était très âgé et très malade. Parce qu’il avait déjà bien assez souffert.

Nelson Mandela n’est donc plus. Un phare s’est éteint. Un pacifiste sidérant de hauteur. Un « redresseur » auquel, tout compte fait, aucun superlatif ne sied. Un homme prêt à sacrifier sa liberté quand, en 1985, le minuscule Pieter Botha, alors président d’une Afrique du Sud désespérante et très majoritairement désespérée, lui a proposé de la recouvrer en échange de son renoncement à la lutte armée.

Il fallait sans doute être un peu fou pour y croire et continuer de s’obstiner. Dénoncé par la CIA, jeté en prison, « Madiba » aurait eu tout le temps de mûrir sa vengeance. Il était cependant plus proche de Gandhi que du comte de Monte-Cristo, quand bien même, ses frères de peau croulant de vexations, il se rallia un temps à une forme modérée de terrorisme, comprenez sans faire de victimes humaines. Incarcéré vingt-sept années durant, il a nourri une ambition impensable, avec une opiniâtreté et un courage qui relèvent de ce qu’il peut y avoir de plus fort au plus profond de l’espèce humaine : unifier son pays et abolir ce foutu apartheid.

Nelson Mandela : La victoire de l’Homme

Le plus beau de l’Histoire est qu’il y est parvenu. Paria symbole de la discrimination raciale, combattant héroïque, il a accédé à la présidence en 1994, quatre années après sa libération, prélude à une reconquête dont on ne jurerait pas qu’elle ait eu un précédent. Revenu de nulle part, ou plutôt de l’Enfer, Nelson Mandela n’était donc pas homme à soutenir vendettas et autres expéditions punitives que d’aucuns auraient pourtant trouvées ô combien légitimes. Durant son seul mandat – il se retira cinq ans après son élection, conformément à son engagement -, à défaut de vaincre toute la violence et les inégalités, il épargna à son pays une guerre civile.

C’était un homme de paix dont on peut se dire, en ce jour tant redouté, qu’on n’en fera plus. Idéaliste disposé à mourir pour ses idées et pragmatique à la fois. Nelson Mandela était et restera l’Afrique du Sud. Il demeurera aussi la référence absolue pour quiconque est épris d’égalité, d’unité et sait absoudre.

L’œuvre accomplie est immense et demeurera intemporelle. Elle est un formidable message d’espoir. Elle symbolise le refus téméraire de la fatalité. La dignité et la grandeur face à la cruauté du puissant raciste. La victoire de la tolérance. La victoire d’un homme. La victoire de l’Homme.

Guillaume Duhamel

Guillaume Duhamel

Journaliste financier originellement spécialisé dans le sport et l'écologie. Féru de politique, de géopolitique, de balle jaune et de ballon rond. Info plutôt qu'intox et intérêt marqué pour l'investigation, bien qu'elle soit en voie de disparition.

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