Partagez sur "Pour les vacances : vive la littérature locale !"
Comme chaque été, lire Marc Lévy sur la plage ne doit pas être une fatalité. A chaque période estivale, Le Nouveau Cénacle aime conseiller les lectrices et les lecteurs pour emmener les meilleurs ouvrages dans leurs valises.
Mais cette année, il ne sera pas question d’égrainer les différents titres ou auteurs mais plutôt d’indiquer comment il est encore possible de concilier culture et tourisme. Pour faire face à cette globalisation qui lisse, nivelle par le bas et tend à supprimer toutes les spécificités de chaque contrée pour en faire le même complexe hôtelier au nombre de transats près, il est encore possible de se réapproprier un paysage, une terre ou une ville par la littérature.
Cette frontière qui sépare les peuples n’est pas qu’une simple limite géographique, en ce qu’elle distingue aussi des langues, des pensées. Des beautés. Comme en agriculture ou en gastronomie, l’unique salut provient du localisme, et ce dernier peut être littéraire. Il ne s’agit pas de se plonger dans les autobiographies à comptes d’auteur de chaque personne de chaque village visité (quoique !), mais d’arpenter un lieu de vacances en se l’appropriant par les œuvres qu’il a pu inspirer.
Lecture et territoire : une quête proustienne
En confiant d’ailleurs à Antoine Compagnon le soin d’évoquer Proust dans Les Lieux de mémoire (III), Pierre Nora ne s’y était pas trompé : littérature, mémoire et terres ne font qu’un … et mille à la fois.
Emmener La Recherche du temps perdu à Cabourg, les Promenades dans Rome de Stendhal en Italie ou Manhattan Transfer de John Pasos à New York ou tout simplement Pierre Reverdy à Solesmes sont des expériences littéraires à proprement parler. La mélodie des phrases deviennent alors de véritables exhausteurs de goûts qui permettent de savourer un endroit à travers le délicat prisme des mots.
Lier la lecture et la découverte d’un territoire s’apparente à une recherche proustienne. En confiant d’ailleurs à Antoine Compagnon le soin d’évoquer Proust dans Les Lieux de mémoire (III), Pierre Nora ne s’y était pas trompé : littérature, mémoire et terres ne font qu’un … et mille à la fois.
« Lire local » permet d’appréhender un espace par le biais d’autres sensations, d’autres impressions, rejoignant la fameuse citation « La nature imite l’art » d’Oscar Wilde. Lire Homère en Grèce. Apprécier une brume matinale en songeant à Turner. Sortir du cadre touristique pour embrasser la jouissance esthétique. Certains prônent le décalage entre le lieu de vacances et le contexte du livre lu (un roman russe sous les tropiques par exemple), et ils auront certainement raison aussi …
Bonnes lectures sous le soleil !