Chaque auteur du Nouveau Cénacle répond à ce questionnaire sur 2016. Christophe Dickès sera le premier. A noter que cette année marque le lancement de sa web radio StoriaVoce.
Le mot qui selon toi résume 2016 ?
« Peuples » car ce mot n’a pas la dimension idéologique de « populisme », un mot valise révélateur d’une certaine paresse intellectuelle. Peuples donc… et je pense bien évidemment au Brexit et à l’élection de Trump. Moins à la surprise Fillon élu par un peuple de droite mobilisé. La démocratie offre à nouveau son lot de surprises et rappelle qu’elle suscite des clivages, parfois profonds. En France, nous l’avions oublié depuis le referendum sur l’Europe. Engoncées dans une vision verticale du politique, les élites ont découvert une horizontalité portée par le monde digital et qui rebat les cartes. L’ancien logiciel semble enrayé et la mise à jour va prendre du temps il me semble.
Celui qui va résumer 2017 ?
« Incarnation » avec un point d’interrogation : notre prochain président de la République va t’il enfin incarner la charge ? On ne mesure pas assez l’impact du quinquennat sur la charge présidentielle. L’immobilisme de la politique de Jacques Chirac n’a pas suffi. Il fallait encore qu’il pérennise le phénomène dans les institutions en choisissant le quinquennat. Notre prochain président doit être l’incarnation d’une force tranquille et d’une volonté sans faille. Certainement pas un produit médiatique. La dimension populaire sera ainsi déterminante. Une des clés des présidentielles il me semble sera d’ailleurs l’utilisation ou non du referendum.
Ton fait politique de l’année ?
Justement, la primaire à droite qui a enterré l’esprit de la Ve République. La candidature de Geoffroy Didier, finalement écartée, a dû faire marrer de Gaulle ou au contraire le faire pleurer.
Ta lecture préférée de l’année ?
Les chrétiens et la culture de Sébastien Morlet (Belles Lettres). Un livre sur la rencontre historique de la Foi et de la raison grecque.
Ton film de l’année ?
Arrival, bêtement traduit en français par Premier contact. Un film méditatif sur l’humanité, le langage, et la patience nécessaire afin d’entrer en communication avec une intelligence supérieure… On peut naturellement y voir un message religieux au sens propre (religare signifie relier). Un film de toute beauté.
La personnalité de l’année ?
Vladimir Poutine. Toujours lui. Toujours là. Que l’on soit pour ou contre lui, il incarne la stabilité et la force dans un monde instable. Son volteface sur la Turquie montre à lui seul qu’il est tout sauf idéologue.
Le mensonge de l’année ?
L’hystérie d’Emmanuel Macron en meeting à Paris. L’homme aurait dû avoir la même ardeur quand il était ministre.
Ta chanson de l’année tout en haut dans ta playlist ?
Catch the blues d’Eric Clapton en fumant une clope dans ma voiture (le problème c’est que j’ai arrêté en juin) ou Day break de Norah Jones, dont la musique a su mûrir. Un pote me dit que c’est de la musique d’ascenseur…
L’expo / festival de l’année ?
Hergé, quel publicitaire de génie !
Le fait médiatique de l’année ?
La tartelette aux fraises des illusions médiatiques, écrasée par le lourd parpaing de la réalité des urnes.
Le fait sportif de l’année ?
Le match Allemagne-France 0-2. Non pas en tant que pis-aller de notre défaite contre le Portugal, mais parce que j’ai commencé à regarder le foot en 1982.
Ton article préféré de l’année sur le Nouveau Cénacle ?
« Le Burkini face aux lumières, quand la religion s’empare de la loi », écrit par Andrés Rib. Cet article montre la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. On ne rappellera jamais assez que la laïcité est un concept dont les origines remontent au pape Gélase à la fin du Ve siècle. Ce qui, dans nos sociétés contemporaines, donne à mon sens un droit au christianisme. Opposer laïcité et christianisme n’a pas de sens. Opposer charia et laïcité en a un. Mais tout semble fait pour favoriser l’Islam en France. Je doute que cette contradiction soit résolue dans les années qui viennent.
Ta bonne résolution (littéraire bien sûr) ?
- Lire,
- Comprendre ce que j’ai lu,
- Retenir ce que j’ai compris…
- Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même : terminer mon livre sur l’héritage du pape Benoît XVI, à paraître chez Tallandier en septembre.