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01 janvier 2014 : J’ai un aveu à te faire : je ne te souhaite aucun vœu parmi les suivants : santé, amour, joie, réussite, argent. Vraiment aucun ! Et ça vient du fond du cœur, je te le promets. Oui, chaque année, c’est la même rengaine, le même refrain, le même rituel : « bonne année, bonne santé ».

On peut l’entendre à toutes les sauces, avec tous les accents, on peut se le répéter en boucle ou s’abonner pendant un mois à cette petite phrase qui devient vite énervante… Ah ce bon collègue qui arrive dans le bureau déclamant son plus beau « Bonne année », obligeant notre visage de se plier légèrement dans un rictus poli : « merci, toi aussi ». Au suivant…

Oui, je ne te souhaite pas la santé. « Si on a la santé, on peut tout avoir ». « Pourvu que tu aies la santé ! » Si ça se trouve, demain je fais une grippe, une gastro, ou une angine. Je peux tout aussi bien être diagnostiqué d’un cancer ou d’une maladie incurable. Je peux choper une bonne mononucléose ou mieux encore me faire une rupture des ligaments du genou pendant un petit match de foot. Même le gardenal n’est plus à la mode pour aller à Pigalle et le Viagra est synonyme que quelque chose a bien réduit. Nelson Mandela a du entendre des tas de vœux lui souhaitant une bonne santé en janvier 2013. Michael Schumacher pouvait-il se douter qu’il passerait le réveillon entre la vie et la mort?  Je tiens ainsi à te remercier, cher ami qui me souhaite une bonne santé depuis 35 ans, pour ce bon vœu qui ne se réalisera pas, ou à peine.

Oui, je ne te souhaite pas beaucoup d’amour. « Avec l’amour, on peut tout faire ». « Je te souhaite de rencontrer la femme / l’homme de ta vie ». Bref, le début des emmerdes. Chaque année, on se sépare, on se déchire, on s’entretue à coups de procès ou de Prozac. L’amour donne des ailes certes mais tu n’es pas fait pour voler. Je tiens ainsi à te remercier, cher ami qui me souhaite beaucoup d’amour depuis 35 ans, pour ce bon vœu qui ne se réalisera pas, ou à peine.

Oui, je ne te souhaite pas de la joie. A quoi cela peut-il servir de se souhaiter de la joie si l’on sait qu’on va attraper un cancer et divorcer dans la même année ? (cf. ci-dessus) On sait tous très bien que la joie est éphémère et que nous passons la majorité de notre temps devant un écran à travailler, à gagner son beurre. Je n’ai jamais pris les transports en commun dans la joie et la bonne humeur. Je ne me suis jamais rendu à un examen ou à une réunion de travail avec entrain et… joie. Nous savons déjà que nous passerons de bons moments en vacances, en famille ou à la cantine avec son meilleur collègue… Alors à quoi bon se souhaiter de la joie puisque la vie est aussi bien faite de joie que de peine. Je tiens ainsi à te remercier, cher ami qui me souhaite beaucoup de joie depuis 35 ans, pour ce bon vœu qui ne se réalisera pas, ou à peine.

Oui, je ne te souhaite aucune réussite. « Beaucoup de réussite dans tes entreprises aussi bien professionnelles que personnelles ». C’est mignon, c’est déjà écrit, mais c’est à peine touchant. Impersonnel au possible. Je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas quoi t’écrire mais je te souhaite quand même quelque chose, histoire de dire. Si chacun devait réussir dans la vie… on le saurait depuis. Je tiens ainsi à te remercier, cher ami qui me souhaite beaucoup de réussite depuis 35 ans, pour ce bon vœu qui ne se réalisera pas, ou à peine.

Oui, je ne te souhaite pas d’argent. Tous les ans, on m’en souhaite beaucoup. Ah c’est gentil mais depuis que je suis en âge de gagner de l’argent, je n’en jamais vraiment eu. Salaire puis paiement du loyer, des charges, des factures, des impôts, du crédit, des assurances, de la bouffe, du deuxième crédit, des vêtements assortis aux quatre saisons, du maquillage et du parfum pour ces dames, de l’abonnement au Parc des Princes (ou à Canal +) et de la bière qui va avec pour ces messieurs… Oh j’attends bien les intérêts de mon Livret A : 2%. J’ai hâte. Et comme chaque année, au 01 janvier, je vais m’apercevoir que les prix ont augmenté. La baguette, le timbre, le ticket de métro, la cigarette… Plus je travaille, et moins je gagne. C’est la France d’aujourd’hui. Contribuons ensemble à payer les retraites de nos parents et le chômage de nos enfants. Je tiens ainsi à te remercier, cher ami qui me souhaite de l’argent depuis 35 ans, pour ce bon vœu qui ne se réalisera pas ou à peine.

Je ne tomberai pas aussi bas que de te souhaiter l’ivresse pour oublier tout ces vœux car je souhaite tout de même t’en confier un pour 2014 : je nous souhaite à tous, toi, moi, président Hollande compris : de la sagesse ! Car la sagesse nous aidera à comprendre que la santé s’entretient, l’amour se gagne, la joie se donne, la réussite se mérite et l’argent ne fait pas forcément le bonheur.

Bonne année à toi, bonne année à tous ! 

Fabrice Piofret

Fabrice Piofret

Fabrice Piofret

Il paraît que ma photo traîne dans la chambre de Julien de Rubempré... 34 ans.

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