Partagez sur "Chroniques Kényanes ou l’Odyssée d’un Noir en Afrique – Vol. 16"
Semaine du 13 au 17 octobre
Cette semaine, Rémi en a un peu marre des soirées branchées, sans âme, désincarnées. L’époque est ainsi.
Lundi
De bon matin, comme à mon habitude, je me rends à ma leçon de conduite. Je signe la feuille de présence et redescends dans le parking pour conduire.
J’aperçois cependant mon instructeur avec une autre personne. Il est dans la voiture et semble avoir oublié notre rendez-vous. Qu’à cela ne tienne, après une poignée de main cordiale et énergique, il donne congé à l’élève et me montre une seconde voiture. Nous partons pour la leçon.
Mardi
Dans le Daily Nation, journal de référence kényan, est évoqué le virus Ebola, et les mesures prises par le pays pour se protéger. Je lis ainsi que la compagnie aérienne Kenya Airways a tout simplement stoppé les vols en direction ou à destination des pays infectés.
En Afrique, c’est le chacun pour soi qui prédomine. La nation kényane doit être préservée.
Lorsque je me rends à la leçon de conduite, le chauffeur du collègue qui vient me chercher me laisse conduire la voiture. C’est un gros 4×4, boîte automatique, un vrai plaisir de conduite.
Aux alentours de 21h, je vais dans un nouveau night club avec une bande de gens rencontrés la veille, le K1. Une boîte de nuit à ciel ouvert où la musique se répand dans les airs. L’ambiance est plaisante, les gens ne sont pas en si piteux état, et le fait que l’on soit en extérieur permet de ne pas subir les odeurs parfois nauséabondes inhérentes à ces lieux de débauche.
Je rentre chez moi : il est 4h du matin.
Mercredi
Rien à signaler. Je parviens cependant à me lever sans trop de difficultés.
Jeudi
Lors de ma revue de presse française quotidienne, j’apprends qu’un artiste, connu pour ses œuvres polémiques – notamment des excréments de chien géants – expose sa pièce place Vendôme à Paris. Certains y voient un sapin, d’autres un jouet sexuel.
J’en parle évidemment autour de moi, à mes collègues Kényans, pour avoir un avis. Ces derniers ne comprennent pas la raison pour laquelle la mairie n’a pas choisi une œuvre un peu plus consensuelle. Je n’ai aucune réponse satisfaisante à leur apporter si ce n’est la liberté artistique. Je leur précise qu’en France, on aime s’empoigner, et que les actions de chacun, les objet impliqués, ne sont que des prétextes à ces empoignades. « Quelle perte de temps ! » me répond le collègue.
Pas mieux.
Vendredi
Petit tour dans le pays des Kényans riches et privilégiés.
On m’avait dit qu’on ne pouvait pas acheter de voitures neuves, et je me retrouve au volant d’un 4×4 Chevrolet blanc flambant neuf.
Le soir, nous nous rendons dans un club appelé le Venom. La salle principale est surplombée par des balcons, munis de salons aux fauteuils violets sur lesquels sont assises de splendides femmes à la peau d’ébène. Une musique trop forte et sans âme me perce les tympans. A croire que plus la musique est insipide, plus on se sent obligé d’augmenter le volume. On est ici devant un cas d’école. Je préfère rentrer chez moi. En arrivant, allumant la télé, je tombe sur A Shot in the Dark, un vieux Blake Edwards, un Paris des années 1960, des personnages haut en couleurs, des décors magnifiques, un Peter Sellers drôle à souhait : la nostalgie a fait son œuvre.