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Quelle surprise ce matin à la lecture de l’appel de nombreuses signatures de personnalités dites «  de gauche » à stopper ce que l’on nomme depuis maintenant près de trois ans le #Hollande Bashing.

Vous êtes priés, chers lecteurs, d’y accoler le hashtag, pour ne faire qu’un avec la caste, pour mieux servir et vous asservir aux idéaux de ces artistes enragés.

Nous passerons rapidement sur l’aspect littéraire de cette œuvre majeure, qui oscille entre les romans de Mazarine Pingeot, signataire de cette lettre, et la pertinence grotesque d’un Jean-Michel Ribes et de son désormais fameux (fumeux ?) rire de résistance.

Ainsi donc, nos chères têtes pensantes soulignent dans un long bréviaire, les différentes actions entreprises par le gouvernement de François Hollande. Au menu, une suite de mesures destinées pêle-mêle aux professeurs, quand ces derniers rejettent pour bon nombre les nouveaux programmes de Najat Vallaud Belkacem, ou encore « l’augmentation du nombre de policiers », quand ils défilaient il y a encore une semaine sous nos fenêtres pour contester leur manque de moyens

Néanmoins, l’accent est mis sur la sacro-sainte culture, qui permet à ces mêmes artistes de prendre la défense de leur grand mécène, et sur les réformes sociétales qui ont divisé le pays en deux, comme pour mieux souligner la victoire des gens de bien sur celle des gens de peu. 

« L’indécence de ce texte souligne encore une fois la fracture entre eux et nous, entre leurs prétendues attentes et celles de ceux qui n’ont pas les moyens de répondre ». 

Mais le plus beau reste à venir. Ces mêmes signataires ont l’indécence de lister des mesures économiques qui auraient permis à la France de ne pas s’enliser dans la crise : « Ajoutons un déficit public passé de 5,1% en 2011 à 3,5% en 2015, plus de compétitivité, et plus de marges pour les entreprises pour favoriser les embauches ». L’élite culturelle donne une leçon d’économie aux sombres idiots que sont les Français. Ceux-là mêmes qui viennent les applaudir au théâtre ou dans les salles de concert et de cinéma n’ont que faire de ce qu’ils appellent « compétitivité » ou encore du taux de déficit public. 

Le meilleur pour la fin. Les signataires osent, d’ailleurs c’est à cela qu’on les reconnaît, écrire : « Nous, artistes, sportifs et créateurs, penseurs, chercheurs, entrepreneurs et citoyens indépendants ». Le terme de citoyen indépendant ne renvoyant bien évidemment à personne tant l’expression est vide de sens.

L’indécence de ce texte souligne encore une fois la fracture entre eux et nous, entre leurs prétendues attentes et celles de ceux qui n’ont pas les moyens de répondre. 

Et si l’on ose critiquer leur démarche, on criera naturellement au populisme le plus nauséabond. 

Non, affirmer que leur mépris de classe est grand, que leur exigence à respecter notre président comme tout citoyen souligne encore leur médiocrité intellectuelle tant le président n’est pas comme tous les citoyens. Il est avant tout celui qui les gouverne. 

Vous, artistes, avez œuvré pour un président normal, dès lors comment vous écouter quand les attaques dont il est la cible n’en sont que les conséquences ? Sans aucune retenue, vous imposez, au nom de la république et à tout le monde, d’oublier les cinq années du mandat de François Hollande, pour mieux le réélire.

Si la plume de cette lettre fut trempée dans du vitriol, la vôtre ne le fut que dans le formol. 

 

 

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Andrés Rib

Ancien de la Sorbonne. Professeur de Lettres. Aime le Balto, et la Philo.

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