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Fini le cinéma ou la télévision. Fini les paillettes et les audiences, les palettes 3D et les obédiences .. La ménagère de moins de 50 ans n’est pas une poire, le jeune de 25 ans n’est pas un pigeon. Quand allons-nous nous vivre vraiment ensemble et mener une vraie révolution ? Alors c’est radical, c’est soudain, je plaque tout pour… Devenir un Hashtag.Hashtag signifie Feu de camp. C’est là où on se retrouve. Là où quand l’obscurité nous gagne, on vient se regrouper pour veiller car c’est ensemble qu’on a moins peur et qu’on est meilleur. Autour d’un #, on converse, on contreverse comme autour d’une bonne bière, accoudé à son comptoir. Autour d’un #, on polémique, on se rassemble comme dans une manif et on exprime ensemble ses plus forts désirs. Autour d’un #, on alimente, on s’alimente, comme autour d’un bon repas de Noël en famille avec les vieux, les parents, les frangins, les cousins et les enfants. Autour d’un #, on calcule, on divise, comme dans un cours à l’école. Sujet, verbe, hashtag.

On # ses sentiments #LOL #VDM #jeudiconfession. On # ses programmes préférés #ADP #LGJ #TPMP. On politise son # avec son candidat préféré. On évenementialise son #. On l’anticipe #Sarko2017. On le pense désormais. Bref, quand on #, on imagine, on communique, on se retrouve ! On créée des groupes, on suit une tendance. Si je #PSG, ce n’est pas pareil que #OM. Je serai retweeté par @PSGtaupe et @imParizien et non pas par @News_OM.

En français, on traduit hashtag par «mot dièse». Fascinant ! Jusque là le dièse était surtout un symbole graphique pour la musique ou un symbole pour échanger avec une messagerie vocale. Rien de plus ! Jusqu’à l’invention du XXIème siècle ! J’écris comme Mozart composait. Je mets des notes blanches entre mes #, je pianote Alt+A sur mon PDA, Ctrl+Alt+3 sur mon clavier…

Alors voilà, je serai le Gutenberg du tweet, le Bernard Pivot du mot dièse, le Baden Powell du feu de camp, le François 1er du croisillon. J’inventerai des hashtags de toutes les couleurs, de toutes les polices, de toutes les casses. Il y aura la hashtag fantôme, le hasthag étoile, le hashtag électronique, le hashtag pack, le hashtag promo, le hashtag soldé. Il y aura le concours du village du hashtag puis le festival mondial du hashtag sans compter les cérémonies internationales et la fête intergalactique du hashtag. Demain, dès l’aube, à l’heure où le hashtag sera blanchi, nous nous réunirons autour de notre feu de camp. Mieux vaut consommer du hashtag, consumer du hashtag, fumer du hashtag. Il n’est pas néfaste, il reste conceptuel. Il n’est pas dangereux pour la santé, tout en restant addictif.

Citoyens du monde, révolutionnaires de demain, à l’aube de nos combats, ne perdons pas nos illusions. Hashtagons sur les murs de la République. Que nos croisillons soient notre destin pour un monde meilleur et plus juste.
Fabrice Piofret
Fabrice Piofret

Fabrice Piofret

Il paraît que ma photo traîne dans la chambre de Julien de Rubempré... 34 ans.

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