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Le onzième volume des aventures du professeur Bérurier, en ZEP.

Lundi

La commission éducative à laquelle j’étais convié n’a pas eu lieu : les parents d’élèves ne se sont pas présentés.

Une élève de troisième m’a demandé pourquoi n’y avait-il pas une minute de silence pour la mémoire de Nelson Mandela :  

            « Je ne trouve pas cela nécessaire durant ce cours de français, surtout pour un homme qui a renoncé au pacifisme de son combat. Puis son combat ne touche pas réellement la France de 2013.  

            — Mais Monsieur, il y a des noirs en France.

            — Ca n’a pas d’importance pour nous aujourd’hui. Sais-tu au moins contre quoi luttait Mandela ?

            — Bah je crois que c’est pour l’esclavage non ? »

La disparition de Nelson Mandela a permis de rappeler ce qu’était l’apartheid et de parler de la colonisation en Afrique du Sud.

Dans une semaine et demie les élèves de troisième et de quatrième passeront leur brevet blanc et leur devoir commun. Certains viennent me demander ce qu’il faut réviser. Leur mécontentement est profond quand ils m’entendent répondre « tout ».

Mardi

À l’approche des festivités de Noël, les élèves sont agités. Cet après-midi est l’occasion pour moi de mettre ma seconde heure de retenue de l’année à une élève de troisième. L’élève punie se met à bouder sur sa table et tente de négocier.  Elle est déléguée de la classe.

            Dans la salle des professeurs, un doute plane : va-t-on annuler la soirée de Noël pour laquelle le nombre d’inscrits n’est pas assez élevé ?

Jeudi

            Journée banale. Deux heures de cours avec une même classe, une heure ce matin et une cet après midi. Douze élèves ne rendent pas le travail ce matin et me le rendent durant la deuxième heure. Les phrases et les fautes sont les mêmes sur les douze copies.

            Deux conseils de classe  ont lieu ce soir. L’ambiance est tendue. Les professeurs ne supportent pas la remise en question de la part des élèves délégués. Cependant, ces derniers  défendent les élèves avec la même explication, répétée pour chacun : « Oui mais lui, il a des difficultés, et il s’ennuie ».

Vendredi

            Le planning des devoirs communs a paru. Les cours des cinquièmes et sixièmes sont maintenus mais dans des salles différentes. Une collègue m’interpelle :

            « Je te prête ma salle pendant le brevet blanc, alors je te fais confiance pour la retrouver dans le même état.

            — ?? interrogé-je.

            — Pendant le brevet blanc, tu feras cours dans ma salle parce que moi je surveille… donc fais attention à me la rendre dans le même état, la place des tables tout ça, parce que c’est très énervant quand il faut tout remettre à sa place, précise-t-elle avec autorité.

            — Ah d’accord, je n’avais pas compris, je fais mes dix-huit heures de cours  dans sept salles différentes, alors j’ai pas le sentiment d’en être propriétaire, ai-je expliqué, en pensant que décidément ce métier regorge de privilégiés. »

            Constat terrible : durant cette semaine, en dehors des conseils de classe, je n’ai pas vu les deux chefs d’établissement, trop occupés à participer à des réunions un peu partout. La gestion du collège doit s’en ressentir. 

Christophe Bérurier

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Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

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