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Après la primaire des Républicains, place à celle du Parti socialiste. Initié par la gauche en 2007 dans un souci de « démocratiser la politique », le principe s’avère finalement mortifère pour ce mouvement à la dérive.

Novembre 2006. Ségolène Royal ne vantait pas encore l’efficacité de la justice chinoise ni le parfum de liberté du régime castriste. Auréolée de sa victoire à la première primaire du Parti socialiste, rien ne semblait pouvoir entraver la grande marche de l’illuminée du Poitou jusqu’au triomphe du souverain Bien élyséen. Elle était persuadée d’avoir vaincu le machisme et les conservatismes, sans cesse parée de son sourire chanté par Philippe Muray dès 2004 : « C’est un spectacle de science-fiction que de le voir flotter en triomphe, les soirs électoraux, chaque fois que la gauche, par la grâce des bien-votants, se trouve rétablie dans sa légitimité transcendantale ».

« Le PS, avec sa modestie coutumière, avait introduit de la démocratie jusque dans la démocratie. Un exploit ».

En mai 2007, patatras. Plus de bravitude qui tienne : Nicolas Sarkozy la terrasse avec un résultat de 53 %. Le PS, avec sa modestie coutumière, avait introduit de la démocratie jusque dans la démocratie. Un exploit. Les études qui suivirent ont montré depuis la triste réalité des faits : dans un schéma cher à Bourdieu, les électeurs de cette primaire avaient voté pour la mieux placée dans les sondages afin d’acquérir la certitude de battre la droite au deuxième tour. Les résultats ont parlé d’eux-mêmes.

En 2011, la primaire du PS aurait pu, aurait dû, asseoir la domination de DSK sur ses rivaux. Les sondages prédisaient une promenade de santé pour l’ancien patron du FMI qui a finalement ouvert son peignoir avant de lancer sa campagne, laissant la place à « monsieur 3% » et sa candidature normale. Si, incontestablement, ce choix des votants a été une réussite pour François Hollande, nous ne pouvons pas en dire autant pour le bien du pays. Le piège du vote massif en faveur du favori sondagier s’est de nouveau refermé sur Solférino. 

Le cauchemar à venir de la primaire 2017

Ouvertes « Aux acteurs de la Belle Alliance Populaire » (sic), « les primaires citoyennes de l’unité se dérouleront les dimanches 22 et 29 janvier 2017 ». Les plus moqueurs se rendront sur le site dédié à cette grande transhumance des Gentils qui se mobilisent contre le mal. Un régal. Quant à la problématique de la réussite de cette initiative alors que le PS a inauguré ce processus il y a dix ans, là est la véritable question.

« Par crainte de l’humiliation, François Hollande n’y a pas même trempé le gros orteil. Manuel Valls y plonge la tête la première, avec la chance que l’on connaît désormais pour les favoris des sondages ».

A droite, la petite musique gaullienne avait commencé par émettre quelques notes, regrettant que la Ve République ne devait pas se soumettre au régime des partis : finalement, avec quatre millions d’électeurs, c’est un franc succès. Mieux : avec presque 67 % des voix, François Fillon a été légitimé. Dans la grande tradition bonapartiste, le chef a été plébiscité.

Tout laisse par conséquent à penser que le fonctionnement de la primaire aura servi la droite et pourrait être funeste pour la gauche. Par crainte de l’humiliation, François Hollande n’y a pas même trempé le gros orteil. Celui qui n’a jamais su gouverner autrement que par l’art de la synthèse, a finalement tranché. Un sursaut presque gaulliste. Manuel Valls, lui, y plonge la tête la première. Avec la réussite que l’on connaît désormais pour les favoris des sondages.

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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