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La chronique hebdomadaire de Christophe Bérurier, professeur de français en ZEP.

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Lundi

Arrivée au collège pour neuf heures trente. Je vois un de mes élèves de troisième dans une salle située à côté de l’administration. Il est en train de travailler sur un sujet de brevet blanc.

            « Qu’est-ce que tu fais là ? lui ai-je lancé.

            — Bah je travaille, me répond-il, je me suis fait virer.

            — Il est neuf heures quinze et tu t’es déjà fait virer ?  Et qui t’a viré de cours ?

            — Non, non, personne, reprend le jeune garçon, c’est la journée entière.

            — Tiens donc, dis-je, ignorant cette exclusion, et pour quelle raison ?

— Pour extorsion, me lance-t-il avec le sourire de celui qui se croit fin connaisseur de l’appareil judiciaire. »

J’ai quitté la salle en pensant que la fin de la troisième était décidément le bon moment pour se faire remarquer.

N’ayant pas pu venir travailler vendredi dernier, la principale adjointe n’attendait plus que moi pour vider son stock de copies de brevet blanc à corriger. Un paquet  et la moitié d’un que l’un de mes collègues et moi devons nous partager. À rendre corrigés pour vendredi. Je prends quelques minutes pour séparer équitablement le deuxième paquet et en voulant retrouver mon collègue je me rends compte de son absence.

« Madame, j’ai mis les copies dans le casier de Monsieur ****, lancé-je à la principale adjointe.

— Oh, dîtes bien que vous les lui avez mises parce qu’il va encore nous dire qu’il n’était pas courant, m’explique t-elle.

            — Eh bien si c’est le cas, vous lui demanderez de faire son travail, j’ai dit en partant. »

 Ai passé deux heures à corriger quelques copies de brevet blanc entre 21 et 23h.

Mardi

Je commence une heure plus tard aujourd’hui. J’arrive donc avec un peu d’avance pour faire un peu de tri. Dans la salle des professeurs, deux collègues du beau sexe parlent chiffon. L’enseignante d’anglais dit à la professeure d’histoire et géographie qu’elle a découvert une boutique géniale qu’elle devrait adorer car elle y trouvera des boucles d’oreilles en origami.

J’ai bu la dernière gorgée de café et je suis sorti.

Aujourd’hui j’ai donné deux heures de cours et j’ai été présent au collège pendant près de sept heures.

Ai passé deux heures à corriger la suite des copies de brevet blanc entre 21 et 23h.

Jeudi 8 mai, Férié.

Les délégués ont été invités à participer à la cérémonie de commémoration. Quand ils ont reçu l’invitation, ils ont presque tous décliné.

Ai passé une heure à terminer la correction des copies de brevet blanc de 22 à 23h.

Vendredi

J’apprends que l’élève de troisième qui avait été exclu pour une journée lundi dernier va subir un conseil de discipline. Je demande au chef d’établissement le motif retenu pour ce conseil de discipline : il s’agit d’une sombre histoire de racket.

Un collègue demande à l’un des professeurs de physique-chimie si tout se passe bien et s’il n’est pas trop stressé. Un autre demande pourquoi :

            « Pourquoi serais-tu stressé, il se passe un truc  ?

— Eh bien j’ai appris il y a très peu de temps que je me faisais inspecter dans deux jours répond le professeur de physique.

— Attends, attends, interroge le collègue qui ignorait tout, mais qu’est-ce que t’en as à foutre ? T’es comme moi, tu peux pas aller plus haut…

— Eh bien j’ai demandé à être agrégé par liste d’aptitude donc sans doute viennent-ils pour cela.

— La liste d’aptitude c’est pour avoir le concours sans passer le concours c’est ça, je me suis permis.

— Très drôle, m’a répondu le collègue, amer. »

Christophe Bérurier

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Christophe Berurier

Christophe Berurier est professeur. Il aime les mots et le vélo.

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