Partagez sur "PSG : Peut-on vraiment se passer de Javier Pastore ?"
Julien de Rubempré nous livre une analyse technique et footbalistique des difficultés d’El Flaco.
Depuis son arrivée au PSG en 2011, Javier Pastore ne cesse de déchaîner les passions. Malgré son sourire juvénile. Malgré son sourire attendrissant. Malgré son indéniable talent. Acheté entre 25 et 30 millions à Palerme à l’issue de l’exercice 2010/2011 (seuls les hypocrites écrivent encore que Paris a déboursé 42 millions pour lui … Ce prix incluant les frais d’agents et d’entremetteurs exorbitants du côté du sud de l’Italie).
Pastore a effectivement alterné entre l’excellent (son match contre Barcelone au Camp Nou en Ligue des Champions) et le très moyen (PSG/Guimgamp du 31 août dernier), mais nul ne peut remettre en cause ses statistiques sur le long terme. Pastore, c’est plus de 20 buts en ligue 1 depuis son arrivée, sans compter ceux en coupes, en Ligue Europa ou en Ligue des Champions. Son nombre de passes décisives est également élevé dans toutes les compétitions, et il le serait encore plus s’il n’avait pas eu Hoarau ou Gameiro devant lui pour transformer ses offrandes en buts. Des chiffres plus que corrects, donc, pour un joueur de 24 ans qui découvre un grand club pour la première fois. De surcroît, même lors de son match tant décrié contre Guingamp, il est celui qui a récupéré le plus de ballons et a distribué ces derniers à 80 % vers l’avant. Ne serait-ce que pour ses statistiques, Pastore ne mérite pas cette avalanche de critiques. Malgré ses innombrables loupés, Erding a toujours eu le soutien du Parc. De même qu’Hoarau, qui ne parvient même pas à être titulaire dans le championnat chinois. Pastore n’est pas une énigme, c’est une injustice sportive.
Javier Pastore, prisonnier de ses coachs ?
Pour l’instant, l’histoire retiendra que seul Antoine Kombouaré a su positionner Pastore, c’est-à-dire très haut sur le terrain, à proximité du 9. C’est à ce poste que Javier a effectué son début de saison canon jusqu’à la trêve de 2011 et l’arrivée d’Ancelotti. A proximité de la surface, il sait donner le ballon au millimètre, faire la talonnade qu’il faut, envoyer un caramel en lucarne. Et puis Carlo a décidé dans un premier temps de le faire jouer plus bas sur le terrain, l’obligeant à devoir jouer long et à défendre. Il l’envoya ensuite sur le côté droit puis sur la gauche lors du passage en 4/4/2 opéré en décembre 2012. Une réussite en demi-teinte seulement.
Contraint de redescendre, de gaspiller son énergie à suppléer Maxwell, de se remettre sur son droit pour centrer, de rentrer dans l’axe pour toucher le cuir, Pastore n’a jamais donné sa pleine mesure à ce poste.
Laurent Blanc ne l’a hélas pas compris à la reprise de la saison 2013, jusqu’à le repositionner relayeur droit lors de ce tragique match contre l’EAG. Comment profiter des qualités d’El Flaco lorsque celui-ci se trouve à quarante mètres du but adverse ? Comment peut-il être décisif aux abords de la surface alors qu’il est condamné à redescendre ? Et pourtant, le Parc le siffla. Copieusement.
Un retour de Pastore en attaque ?
Ces ignorants du football ne se posent sûrement pas de telles questions tactiques. Ils préfèrent s’acharner sur un des rares joueurs de l’effectif à ne pas broncher et à faire des efforts à un poste qui n’est pas le sien. Il est donc inutile de s’acharner à vouloir le faire jouer plus bas (il n’est pas assez agressif ni costaud), si sur un côté (il n’est pas un joueur de couloir capable de déborder et de centrer sur tout un match). La meilleure solution serait donc de le replacer à son véritable poste. Celui qu’il occupait à Palerme et à ses débuts au PSG : en attaque.
Avec Ibrahimovic, Lucas ou Lavezzi à gauche et Cavani à droite, l’équipe aurait fière allure. Le bloc serait plus haut, il aurait les clefs du jeu. Faire une feinte dans le rond central, c’est inutile. La faire dans la surface, c’est magnifique. Laurent Blanc aura-t-il le courage de repositionner Pastore afin que ce dernier montre toute l’étendue de son talent ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, le Parc le sifflera bêtement.
Julien de Rubempré