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Les rassemblements place du Trocadero se succèdent et pourtant les lycéennes enlevées au Nigéria demeurent introuvables. Un hashtag pour sauver des vies ? C’est en tout cas ce qu’estiment ces militants 2.0 au grand coeur.

Samedi prochain, suite à un appel de l’ancienne Première dame Valérie Trieweiler, la foule devrait à nouveau se masser devant la Tour Eiffel sous la bannière #BringBackOurGirls pour appeler à la libération des 270 lycéennes kidnappées par les islamistes de la secte Boko Haram, au Nigéria. Même Michelle Obama avec du reproche plein le regard, en passant par Irina Shayk ou notre inénarrable Christiane Taubira ont posé avec le sacro-saint écriteau pour réclamer la liberté pour ces jeunes filles.

#BringBackOurGirls ou l’apogée du paternalisme lénifiant

Une simple étude linguistique permettrait à elle seule de comprendre le signifiant de ce hashtag, dont la viralité a, de fait, accru voire rendu évidente la haine envers cette nébuleuse Boko Haram dont tout un chacun est devenu subitement un éminent spécialiste. Message simpliste au contenu réduit : la leçon de communication est magistrale, tant le pathos est imposé à l’internaute moyen et réprouve sans ménagement toute forme de réflexion qui tenterait de comprendre les tenants et les aboutissants d’une telle comédie, au scénario encore plus famélique que le plus vulgaire des SAS.

« Our girls ». Il s’agirait donc de « nos filles ». Derrière la compassion, se cache un évident paternalisme envers ces vilains islamistes à qui il faut faire les gros yeux derrière un slogan. Ces madones bourgeoises, drapées dans leur vertu, chausseront leurs plus belles Louboutin pour intimider une poignée de guerriers du désert. NKM fera un duplex sur BFM TV et Anne Hidalgo tiendra le bras de Najat Vallaud-Belkacem et la boucle dégoulinante de l’hypocrisie et de l’émotionnel sera bouclée.

Boko Haram : le cache-sexe du FMI

Derrière le hashtag mielleux, se profilent déjà une coalition internationale, le FMI et sa cohorte d’entrepreneurs pour s’implanter dans le pays.

Il ne s’agit pas uniquement du spectacle de quelques militantes, parfois sincères, qui se plaisent à défendre la veuve et l’orphelin une fois le printemps venu, pour tirer les larmes aux yeux de la ménagère compatissante. Derrière cette mise en scène, nous apprenons que des « experts militaires » sont déjà envoyés sur place pour étudier la situation, et que l’aide de l’ONU est d’ores et déjà réclamée pour retrouver ces jeunes demoiselles. François Hollande, en bon amateur de Jules Ferry, a déjà mis au pas les dirigeants africains et comme au Mali ou en Centrafrique, il n’hésitera sûrement pas à envoyer des soldats pour mettre la main sur le Nigeria.

C’est évidemment cela qui se profile. Derrière le hashtag mielleux, se profilent déjà une coalition internationale, le FMI et sa cohorte d’entrepreneurs pour s’implanter dans le pays. Ces lycéennes et ce fanatique à mitraillette délirant face caméra deviennent par conséquent de parfaits alibis pour légitimer une initiative néo-coloniale, mâtinée de bons sentiments. 

Le camp du Bien ne connaît ni limite ni frontière. Son emprise doit être totale et mondiale, tant qu’un seul centimètre carré de la planète échappera à son dogme libéral et impérialiste. Jusqu’à samedi, au moins, nous aurons encore le droit à l’exhibition de ces pancartes insignifiantes, mais nous aurons en tête cette fameuse phrase de Pascal : « Qui fait l’ange, fait la bête ».

Julien de Rubempré

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Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

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