share on:

Benoît Hamon a annoncé en début de semaine la refonte du système des notes à l’école pour permettre de lutter contre les discriminations à l’école. A l’heure de la déculturation massive et de l’effondrement de la cohésion nationale, on ne pouvait imaginer pire.

Notre ministre de l’Éducation l’affirme dans Le Parisien : « Notre système d’évaluation souligne les lacunes et les échecs des élèves, ce qui peut être très décourageant pour certains », se référant à l’enquête Pisa de l’OCDE qui souligne que « Les jeunes Français sont ceux qui redoutent le plus l’erreur ».  Dès lors, « L’évaluation doit permettre aux enseignants et aux enfants de mesurer les progrès accomplis et ceux qui restent à accomplir. Il faut qu’elle soit plus exigeante, qu’elle en dise plus; qu’elle soit bienveillante et qu’elle stimule au lieu de décourager ». Une conférence nationale aura ensuite lieu pour, comme une évidence, obtenir un consensus dont personne ne remettra en cause l’honnêteté.

L’école républicaine est en crise, et c’est bien peu de le dire. Inutile de ressasser ces discours nostalgiques, trop vite assimilés au camp de la réaction, qui vantent l’école de jadis avec le tableau noir et les pupitres. La question n’est même pas ici  l’autorité du maître ni la transmission qui ne se fait plus entre les générations, mais il convient d’interroger ces concepts de méritocratie et d’égalité, qui fondent a priori le pacte républicain.

L’école : nouvel El Dorado des valeurs inversées ?

Pour comprendre la société actuelle, la saisir dans ce qu’elle produit de plus ahurissant, il faut garder en mémoire que tout est orchestré pour que l’inversion des valeurs infuse chaque pan de notre quotidien. De l’hôpital qui va bientôt donner la mort, en passant par la prison qui relâche les délinquants à l’école qui va refuser de noter les élèves, tout est lié.

Dans sa stratégie de division visant à créer artificiellement une querelle entre Anciens et Modernes – comprendre les « Réacs » contre les « Progressistes » – pour cliver et in fine prospérer, notre élite a donc pour ambition de commencer à la racine, c’est-à-dire aux élèves, pour leur inculquer que la vie n’est pas évaluation, qu’elle n’est ni jugement ni récompense, qu’elle n’est pas « discriminante ». Qu’elle n’est pas la vie.

La note n’est pas, en elle-même, un dogme. Mais quelle autre dictature, que celle du Progrès à tout prix, pouvait songer à évaluer les élèves par des sourires et des grimaces ? N’en déplaise aux apôtres du souverain Bien, l’école du monsieur Germain d’Albert Camus appartient dorénavant à la préhistoire. Pour les élites, en cette période donc de valeurs inversées qui se situe après l’Histoire il est impératif que les nouvelles générations grandissent dépouillées de ce qui fondait l’Ancien Monde, à savoir la collusion perpétuelle du Bien et du Mal – cette essence tragique qui cimente l’Humanité – pour qu’elles n’évoluent plus que dans un océan de coton débarrassé de toute négativité. Les enfants de demain seront incultes et paresseux, mais ils ne seront pas traumatisés par un 9,5/20.

Les notes cachées ou le triste masque de la réalité

Avec la massification de l’enseignement supérieur – qui n’est autre que le cache-sexe de l’échec national en matière de développement de l’enseignement professionnel – et l’obstination de vouloir amener toute une classe d’âge au baccalauréat pour faire croire à l’émergence d’une génération de cadres dans le tertiaire, le niveau s’est radicalement écroulé entre les années 1970 et les années 2000. L’avènement du langage SMS et la tolérance de plus en plus accrue de nos pédagogistes ont fait le reste pour éliminer l’effort, la patience et la rigueur des éléments fondamentaux pour parfaire son niveau scolaire.

La fin de notes, c’est la métaphore du thermomètre cassé pour ne pas prendre la température de ce pays éruptif qui brade son éducation. Là où il faudrait sensibiliser les parents (également ceux qui ne parlent pas français) ou renforcer le soutien scolaire, l’Etat choisit la solution de facilité pour ne plus avoir aucun moyen de mesure de la tragédie éducative de la France. Pas si étonnant d’avoir vu toute une classe d’âge cracher sur Victor Hugo lors de la dernière épreuve de français.

Ce dont le Capital a besoin, c’est le gouvernement « socialiste » qui lui servira. Pour régner en maître, il lui faut des êtres arrachés de leur citoyenneté, de leur enracinement national, de leurs repères traditionnels et de leur culture. Avec le Traité Transatlantique, la réforme territoriale, prochainement la GPA et maintenant la fin de l’évaluation par les notes, le Capital touche donc à son but et chaque ministre, dans son périmètre d’action, fait le boulot consciencieusement pour mettre à mal le pacte républicain.

A quand la fin du résultat des votes pour ne pas discriminer le PS ?

Julien de Rubempré

mm

Julien Leclercq

Fondateur du Nouveau Cénacle et auteur de "Catholique débutant" paru aux éditions Tallandier.

Laisser un message