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Votre obligé Rémi a une semaine bien en chair et découvre qu’il est riche.

Semaine du 11 au 15 août

Lundi

Je ne vous l’ai peut-être pas précisé, mais les bus Kényans sont des boîtes de jour. Autrement dit, chaque bus est décoré, chaque véhicule est unique. J’ai pu ainsi voir des bus « Drogba » du nom du célèbre footballeur ivoirien, où son patronyme est inscrit en lettre d’or sur le pare-brise. Le style semble plus important que la sûreté routière.

Quand à la musique, c’est moins unique. Classic 105 fm raisonne dans les rues de Nairobi. La musique est tellement forte qu’on peut l’entendre lorsqu’ils passent dans les principales artères de la ville. Un mélange de hits R&B des années 1990 et 2000, et de musique funk.

A ce sujet, on ne peut pas ne pas parler des goûts musicaux de ce peuple. Les Whitney Houston et autres Tony Braxton sont très populaires parmi les Kényanes. Lorsque j’en parle avec elles, elle ne peuvent s’empêcher de lancer des diatribes contre les chanteuses d’aujourd’hui, Beyoncé en tête.

Je prends un taxi pour me rendre dans le centre-ville. Georges Benson fait une apparition remarquée, avec une reprise des Beatles, voilà le soleil. Le morceau sied très assurément à cette journée.

Mardi

J’apprends la mort de Robin Williams, à la BBC. A Nairobi, absolument personne n’en parle. Je n’entends aucune évocation de l’acteur dans les transports en commun, ni dans les bars alentours.

C’est sans doute un événement très occidental après tout.

Mercredi

Je me rends dans un restaurant de viande, qui n’a jamais aussi bien porté son nom : Carnivore.

On me prévient que c’est un attrape-touriste. Je suis donc prudent. Mais je m’étais sans doute fait du souci pour rien. Nous commandons 3 kilos de viande pour trois personnes. Le service met un peu temps, mais les serveurs sont si sympathiques que nous discutons à l’envie avec eux de tout et de rien.

Le soir venu, des ouvriers descendent en masse d’une remorque d’un camion de chantier à un carrefour. Il rentrent chez eux. La remorque : un moyen de transport comme un autre.

Jeudi

Nous allons manger dans un petit restaurant coréen. Le cadre est assez bucolique, une grande étendue d’herbe, partagée par des chemins de galets. Comme la plupart des restaurants au Kenya, il est ouvert sur l’ extérieur, et nous avons l’opportunité de manger dans de petites cases avec des baguettes.

J’en profite pour aller récupérer un tissu africain, d’un contact qui s’approvisionne en Ouganda, pour ensuite aller chez un tailleur, qui me fera une chemise sur mesure.

Vendredi

Nous déjeunons entre Français. Encore dans un restaurant de viande, moins connu celui-ci, le Tulips. Ici, nous entrons dans une nouvelle dimension du « fait maison », qui semble récemment si cher à nos législateurs français, les seuls à pouvoir se payer des restaurants toutes les semaines.

Ici, on choisit sa viande, son morceau, la quantité. On ne s’en prive pas. Derrière une glace en plexiglas, nous montrons du doigt au « boucher » les pièces que nous voulons dans notre assiette. Devant nous, il découpe avec une machette les éléments de notre futur repas. Un bout de chair rebondi sur la vitre. Nous sommes dans le feu de l’action.

Il pose toute la matière carnée – un peu plus d’un kilo de viande – sur un large grill, et remet le couvercle.

Quarante-cinq minutes plus tard, nous pouvons déguster un panachage de chèvre, agneau, et autre bœuf. Des chats malins s’invitent à notre tablée et nous demandent l’aumône de quelques miettes de barbaque. Je m’acquitte de l’obole. Cela leur évitera de chasser des rats pour se nourrir. Car c’est ici la principale utilité des félins. Point de ronronnement nonchalant, juste un animal à l’affût, pour quelque nourriture durement gagnée.

Grâce à un Kényan rencontré au travail, nous nous rendons en début d’après-midi dans un marché d’objets en bois. Il faut savoir qu’ici, le week-end commence véritablement vendredi midi, ce qui est pratique pour les courses, moins pour les réunions de travail.

Nous allons dans le centre-ville pour récupérer un peu de Kenya, sous la forme de statuettes d’ébène. Lorsque j’arrive à l’entrée, le cirque commence, je me fais littéralement assaillir par toute l’allée marchande. Tous veulent que je visite leur échoppe. Je tente de satisfaire tout le monde, mais leur insistance finit par m’énerver. Les sourires polis laissent place à des « no » secs, et des « oh ça va oui » en Français dans le texte. Mon compagnon d’infortune sourit. Lui voit un jeune homme, eux une certaine somme d’argent à récupérer. Ils ne s’en cachent même pas.

Après de longues et laborieuses négociations, j’obtiens les précieux objets : un lion et un rhinocéros. Pour obtenir le « juste prix », je lui promets de revenir avec des amis pour acheter de nouvelles victuailles boisées.

Rémi Loriov

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Rémi Loriov

Rémi Loriov est un homme libre qui s'intéresse à tout. On dit souvent à son propos : "personne ne sait ce qu'il fait, mais il le fait très bien." Il aime les histoires.

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